Innovation: les perspectives à long terme des collaborations Maroc-Israël analysées par le PDG de Start-Up Nation Central

Promouvoir la coopération Maroc-Israël grâce à l'innovation: entretien avec Avi Hasson, CEO de SNC

Avi Hasson, PDG de Start-Up Nation Central.

Le 20/05/2023 à 10h39

VidéoL’innovation et l’entrepreneuriat sont les clés pour renforcer les relations entre le Maroc et Israël, selon Avi Hasson, PDG de Start-Up Nation Central. Avec un focus sur la technologie de l’eau, la durabilité, la santé et l’agriculture, les entrepreneurs des deux pays peuvent créer des solutions novatrices, stimuler la croissance économique et générer plus d’emplois. Interview.

Avi Hasson, PDG de Start-Up Nation Central, possède une expérience de plus de 30 ans en tant que leader de l’innovation, tant dans le secteur privé que public. Avant de rejoindre SNC, il a occupé le poste de scientifique en chef au ministère de l’Économie et de l’Industrie d’Israël, ainsi que celui de président fondateur de l’Autorité israélienne de l’innovation. Il a également travaillé pendant plus de dix ans en tant qu’investisseur dans des sociétés de capital-risque, identifiant et soutenant des startups prometteuses. Il est titulaire d’une licence en économie et études du Moyen-Orient, ainsi que d’un MBA, tous deux obtenus à l’université de Tel-Aviv.

PDG de Start-Up Nation Central et expert de renommée internationale en matière d’innovation, Avi Hasson souligne, dans cet entretien avec Le360, l’importance de l’innovation pour renforcer les relations entre Israël et le Maroc. Il met en évidence les opportunités de collaboration dans des secteurs tels que la gestion de l’eau, discute des défis à surmonter et encourage les entrepreneurs des deux pays à s’engager dans des partenariats mutuellement bénéfiques pour relever les défis communs.

Le360: Quels secteurs présentent le plus grand potentiel de collaboration entre Israël et le Maroc ?

Avi Hasson: De nombreux secteurs sont à considérer, principalement ceux d’intérêt commun. Par exemple, la gestion de l’eau. Les deux pays ont des besoins en eau, et Israël a une grande expertise dans le dessalement, le recyclage et la gestion de cette ressource. Cette expertise et cette technologie sont essentielles pour créer des collaborations fructueuses.

Comment Israël et le Maroc peuvent-ils exploiter leurs forces en matière d’innovation pour des partenariats mutuellement bénéfiques?

Je suis convaincu que la collaboration est essentielle dans le domaine de l’innovation, car il n’y a rien de plus important que de travailler ensemble. Notre objectif est d’identifier les véritables forces et capacités du Maroc, telles que sa main-d’œuvre qualifiée, ses opportunités, sa position stratégique en tant que porte d’entrée vers l’Afrique et son lien avec l’Europe, ainsi que ce qu’Israël peut apporter en termes d’innovation, de connaissances et de compétences. En unissant nos efforts, nous pourrions non seulement résoudre nos propres défis, mais également viser le marché mondial.

Quels sont les défis à surmonter dans ce sens?

Suite au rétablissement de nos relations grâce aux Accords d’Abraham et à d’autres initiatives plus larges, nous entamons un processus de redécouverte mutuelle.

Pour cela, il est essentiel de combler les différences culturelles, en particulier dans le domaine des affaires. Apprendre les capacités de chaque partie et permettre aux opérateurs de visiter et d’explorer par eux-mêmes les besoins et les opportunités sont des éléments clés. Plus les gens travailleront ensemble, plus on créera de succès, et plus on pourra développer cette opportunité.

Quel rôle peuvent jouer les partenariats public-privé dans ce contexte?

Le rôle des secteurs public et privé est crucial. Les partenariats public-privé (PPP) sont d’une grande importance, mais en ce qui concerne les accords et les relations, les dirigeants ont déjà fait leur part. Les gouvernements ont exprimé leur volonté de travailler ensemble et de favoriser le développement. Maintenant, il incombe au secteur privé, aux personnes qui connaissent les opportunités, de s’engager et de concrétiser ces relations.

Il est donc essentiel d’avoir une collaboration fructueuse entre les responsables politiques, qui établissent les voies à suivre, envoient un message clair et créent des plateformes telles que des accords de libre-échange et d’autres types d’incitations. Ensuite, c’est au tour des entrepreneurs, des chercheurs et des innovateurs d’identifier les opportunités spécifiques afin de mettre en œuvre tous ces engagements.

Comment les entrepreneurs et les startups des deux pays peuvent-ils collaborer pour trouver des solutions innovantes aux défis communs?

Nous avons une opportunité exceptionnelle devant nous. Les accords signés, les relations établies et les complémentarités existantes font de cette relation un partenariat d’un potentiel très élevé. C’est pourquoi nous investissons considérablement pour rassembler ces communautés. La jeune génération est particulièrement entrepreneuriale. Elle comprend pleinement l’importance de la collaboration internationale et fait face aux mêmes défis.

Nous partageons de nombreux défis dans des domaines tels que la durabilité, la santé, l’agriculture, la sécurité alimentaire, et bien d’autres encore. Nous sommes tous des citoyens de la même région et du même monde, et il est donc essentiel que nous travaillions ensemble pour résoudre ces défis.

Pouvez-vous citer des exemples de partenariats d’innovation israélo-marocains?

L’année dernière, nous avons organisé notre événement «Connect to Innovate» à Casablanca, où plusieurs protocoles d’accord et accords commerciaux ont été signés. Au cours de l’année écoulée, nous avons également conclu plus de cinq accords supplémentaires. Par souci de confidentialité, je ne peux pas divulguer les noms des entreprises, mais je peux vous dire qu’il y a eu plusieurs collaborations établies dans des domaines tels que la technologie de l’eau, la logistique, l’agriculture, la technologie, et bien d’autres encore.

Nous constatons déjà des initiatives commerciales conjointes entre des entreprises marocaines et israéliennes sur le terrain.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs israéliens et marocains souhaitant collaborer?

Il est crucial qu’ils commencent par identifier les défis communs. Lorsque des entrepreneurs et des hommes d’affaires se réunissent, une magie opère instantanément. Ils découvrent les bons projets sur lesquels travailler et trouvent des intérêts mutuels.

Je crois fermement en la communication entre les individus. Il est essentiel de se rencontrer en personne et de visiter les lieux. C’est pourquoi nous encourageons vivement les startups et les innovateurs israéliens à venir au Maroc, afin qu’ils puissent constater par eux-mêmes la qualité de la main-d’œuvre, les universités, les entreprises et les capacités. De même, j’invite les entités marocaines souhaitant développer des liens avec l’écosystème israélien à utiliser les plateformes existantes pour créer ces relations fructueuses.

Quel est, selon vous, le potentiel à long terme des collaborations d’innovation entre Israël et le Maroc?

Si nous examinons ce que nous avons accompli au cours des deux dernières années depuis la signature de l’accord tripartite en décembre 2020, nous constatons déjà des résultats concrets. Le commerce bilatéral entre les deux pays s’élève à près de 300 millions de dollars, ce qui représente une croissance significative depuis le début de notre partenariat.

Cependant, je considère cela seulement comme le début. Je crois fermement que nous pouvons faire beaucoup plus. Nous pouvons encourager davantage de flux de personnes dans le tourisme et les affaires. Il existe également un potentiel de collaboration dans les domaines universitaires et de la recherche. Les entités des deux pays pourraient travailler ensemble pour résoudre les plus grands défis de notre époque.

Chaque fois que je reviens au Maroc, je ressens cette chaleur, cet accueil chaleureux et ce désir de collaboration. C’est ce que nous ramenons en Israël pour montrer à l’écosystème le potentiel des opportunités à saisir ici.

Par Hajar Kharroubi et Mouad Marfouk
Le 20/05/2023 à 10h39