Le secteur informel continue de peser lourd dans l’économie nationale, malgré les progrès réalisés au fil des années.
La part de l’économie informelle au Maroc est plus importante que dans la plupart des pays pairs, à l’exception de la Colombie et de la Tunisie, indique un rapport intitulé «Libérer le potentiel du secteur privé marocain: une analyse de la dynamique des entreprises et de la productivité», publié par la Banque mondiale (BM) et l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME).
Le secteur informel représente entre 28,4 et 33,1% du PIB, note-t-il. D’après cette étude, ce secteur représente 77,2% de l’emploi total au Maroc, soit un niveau plus élevé que dans les autres pays d’Afrique du Nord (62,5% en Égypte et 43,9% en Tunisie).
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De son côté, Bank Al-Maghrib (BAM) confirme les chiffres de l’étude: ce secteur est passé de 40% du PIB au cours de la décennie 1988-1998 à 32-34% entre 1999 et 2008, puis à moins de 30% durant la période 2009-2018 et cette tendance baissière se poursuit.
Ces résultats suggèrent que les stratégies mises en œuvre depuis le début des années 2000 pour améliorer l’environnement institutionnel, économique et financier ont contribué à réduire la taille de l’économie informelle, selon BAM.
Pour l’économiste Mohamed Jadri, interrogé à cet effet par Le360, le poids important de cette économie souterraine au Maroc est un obstacle au développement et à la modernisation de l’économie nationale. En effet, explique-t-il, elle pénalise la productivité du travail, prive l’Etat de recettes fiscales supplémentaires et laisse de nombreux travailleurs et leur famille sans assurance maladie et sociale adéquate.
L’informel, une contrainte pour plus de 40% des entreprises
En fait, selon le rapport de la BM et l’OMTPME, la part des entreprises marocaines, 47%, confrontées à une concurrence de l’informel est certes proche ou inférieure à celle de la plupart des entreprises des pays pairs pris comme référence (Colombie, Indonésie, Tunisie, Inde, Vietnam), relève-t-il.
Cependant, note-t-il, la part des entreprises marocaines qui considèrent la concurrence du secteur informel comme une contrainte s’élève à plus de 40%, nettement plus élevée que dans les pays pairs. Seules la Colombie et la Tunisie présentent des taux plus élevés.
Cela montre qu’il est nécessaire de continuer à améliorer les opportunités économiques pour les entrepreneurs qui ont le potentiel de se formaliser et de promouvoir la création d’emplois dans le secteur organisé, insistent les auteurs du rapport.
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Pour BAM, la solution idoine est la mise en œuvre de réformes structurelles supplémentaires, notamment dans l’éducation, le système judiciaire, la politique fiscale et le marché du travail.
Alléger la pression fiscale et le coût du travail
Mohamed Jadri abonde dans le même sens. Ainsi, il préconise la mise en place d’une réforme fiscale «assez claire» qui allègera la pression fiscale sur les entreprises de petite taille. À cet effet, il suggère un taux d’imposition de l’IS de 10% pour ces structures. Il recommande également de réduire le coût du travail pour les entreprises afin d’améliorer leur productivité, notant que la part patronale des charges sociales au Maroc dépasse 21%.
Pour améliorer le climat des affaires et encourager les entrepreneurs à opérer dans le secteur formel, il s’agit également de travailler sur les questions d’accès au financement et à la commande publique, de droit de grève, de corruption…
En ce qui concerne l’accès à la commande publique, il estime qu’il ne suffit pas de réserver un quota de 30% des marchés publics aux PME, mais qu’il faudra distinguer entreprises de petite taille et de très petite taille.