Le marché boursier pourrait être un véritable catalyseur de la croissance du secteur automobile au Maroc. C’est la conviction partagée par les différents intervenants lors d’une conférence sur le thème «Roulez vers le futur: comment le marché boursier peut accompagner le secteur automobile marocain pour catalyser son potentiel de croissance et se projeter vers un futur d’expansion», organisée conjointement le mercredi 17 avril par la Bourse de Casablanca et la Fédération de l’automobile affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), au siège du ministère de l’Industrie et du Commerce à Rabat.
D’après le président de la Fédération de l’automobile, Adil Zaidi, le moment est plus que jamais propice pour franchir ce palier, au regard des belles performances enregistrées dans le secteur au cours des cinq dernières années, notamment en 2023, avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 220 milliards de dirhams et des exportations de plus de 140 milliards de dirhams. Une introduction en bourse qui, selon lui, permettra au Maroc de renforcer sa position de leader dans l’industrie automobile en Afrique, «d’intégrer le Top 20 mondial des producteurs et faire évoluer ses parts de marché de 0,6 à 1,3%».
Un avis partagé par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, qui estime que «le secteur automobile est prêt à initier une nouvelle phase de développement industriel qui exigerait un accompagnement du marché boursier et des relations solides avec l’écosystème financier pour encourager les investissements».
À peine deux entreprises automobiles marocaines cotées en bourse
Paradoxalement, l’industrie automobile, premier exportateur et un des principaux pourvoyeurs de devises au Maroc, ne représente que 1% de la capitalisation boursière dans le Royaume, d’après Kamal Mokdad, président du Conseil d’administration de la Bourse de Casablanca. Seules deux entreprises marocaines y sont actuellement cotées: Auto Nejma et Auto Hall. «Nous sommes prêts à accompagner les professionnels du secteur pour leur faciliter l’accès aux financements, afin de faire rayonner le label “Made in Morocco”, dans le cadre du Nouveau modèle de développement qui a assigné des missions à la Bourse, dont celle de contribuer activement au financement des nouvelles voies de croissance pour notre économie», a-t-il affirmé.
À en croire Younès Benjelloun, directeur de CFG Bank, beaucoup d’entreprises automobiles marocaines rechignent à intégrer la bourse «pour ne pas dévoiler leurs chiffres à leurs concurrents». Il les invite à changer de perception pour saisir les nombreuses opportunités du marché boursier, «qui constitue une source de financements en fonds propres pour les entreprises». Mieux, «les salariés des entreprises cotées ont une motivation incomparable. Ils développent un sentiment d’appartenance à la société», a-t-il ajouté.
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De même, certaines entités préfèrent aussi ne pas ouvrir leur capital à d’autres actionnaires pour différentes raisons. Pas de soucis à se faire, rassure le directeur général de la Bourse de Casablanca, Tarik Senhaji. «Aujourd’hui, 80% des investisseurs financiers à la bourse sont les caisses de retraite, des investisseurs passifs qui ne veulent pas rentrer dans l’actionnariat. Il est important donc pour les entreprises automobiles de s’associer à ces partenaires pour financer le développement de leurs activités», recommande-t-il.
Les avantages d’une introduction en bourse
Pour Pierre Fleuriot, membre du Conseil d’administration de la Bourse de Casablanca et de Renault Group, la capitalisation boursière devient un impératif pour les acteurs de l’industrie automobile marocaine, afin de se mettre au diapason des transformations profondes du secteur. Un vent d’innovations matérialisé par «une forte croissance du marché des véhicules électriques, notamment en Europe, le développement de technologies qui améliorent la connectivité et qui permettent de créer une relation de fidélisation entre le constructeur et le conducteur, qui représenteront 40% du prix du véhicule dans le futur, ainsi que le développement de l’économie circulaire à travers le recyclage des véhicules».
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Selon l’expert, l’introduction en bourse renferme plusieurs avantages pour les entreprises cotées: «Ces sociétés pourront lever des capitaux pour financer leur croissance, appliquer une discipline financière dans leur gestion, avoir plus de visibilité et de notoriété, et valoriser plusieurs activités par le biais d’acquisitions et de rémunérations.»
Adil Zaidi abonde dans ce sens. D’après lui, la cotation apporte trois éléments essentiels aux actionnaires de ces entreprises, «d’abord une obligation d’excellence, aussi bien dans la gestion que dans les résultats, ensuite une obligation de rendement, et enfin cela facilitera la sortie des investisseurs dans le capital».