La hausse vertigineuse des cours des matières premières sur les marchés mondiaux se fait déjà ressentir sur les indicateurs du commerce extérieur du Maroc, et la facture est particulièrement salée.
Selon les derniers chiffres de l’Office des changes, au titre du mois de janvier 2022, les importations ont augmenté de 39,5% se situant à 50,9 milliards de dirhams, par rapport au premier mois de l’année 2021. Dans le même temps, les exportations ont atteint 30,6 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 23%. Le déficit commercial s’est ainsi creusé de 75,2%.
La hausse des importations est essentiellement tirée par les produits énergétiques et les céréales. En effet, la facture énergétique a grimpé de 67% durant le mois de janvier, pour se situer à 7,9 milliards de dirhams (contre 4,7 milliards de dirhams il y a un an exactement).
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Selon l’Office des changes, cette évolution s’explique principalement par la hausse de 60,4% des prix des carburants importés (gas-oils et fuel-oils), qui sont passés à 6.436 dirhams la tonne à fin janvier 2022, contre 4.013 dirhams la tonne un an auparavant, alors que dans le même temps, les quantités importées sont restées quasiment stables.
La hausse des prix produits énergétiques ne semblent pas prête de s’arrêter. Ce mercredi matin, les cours du pétrole ont poursuivi leur envolée à cause de la guerre en Ukraine qui continue d'alimenter les craintes quant à l'approvisionnement en or noir. Vers 08H30 GMT, le baril de West Texas Intermediate (WTI), référence américaine du pétrole brut, bondissait de 6,66% à 110,3 dollars. Le Brent de la mer du Nord a de son côté augmenté (+6,16%) à 111,44 dollars le baril, après avoir grimpé jusqu'à 113,02 dollars, un plus haut depuis 2014.
Les importations de blé explosentPour ce qui est des importations de blé, elles ont littéralement explosé durant ce premier mois de l’année 2022. Les données de l’Office des changes montrent que les achats de blé par le Maroc se sont élevés à 2,6 milliards de dirhams en janvier 2022, contre seulement 901 millions de dirhams en janvier 2021. En d’autres termes, les importations de blé ont été multipliées par trois en un an.
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L’office des changes explique que cette évolution est due à l’élévation simultanée des prix du blé sur les marchés mondiaux (3.238 dirhams la tonne à fin janvier 2022 contre 2.669 dirhams la tonnes à fin janvier 2021) et des quantités qui ont plus que doublé (805 millions de tonnes à fin janvier 2022 contre 338 millions de tonnes à fin janvier 2021).
Il faut dire que le Maroc est confronté à la fois à sa pire sécheresse depuis 1981, qui devrait peser considérablement sur sa récolte céréalière, et à la flambée des cours du blé, accentuée par le conflit russo-ukrainien, qui oppose deux des principaux producteurs mondiaux de blé.
La semaine dernière en conférence de presse, le porte-parole du gouvernement expliquait que le Maroc avait renforcé ses réserves de céréales, en prenant «l’initiative durant les mois de janvier et février, d'importer des quantités importantes de blé».
Ce mercredi matin, les prix du blé ont atteint un nouveau record en Europe, à 351 euros la tonne.