Après une reprise soutenue en 2021, l'économie marocaine a souffert cette année des effets d'une forte sécheresse, du ralentissement de l'économie mondiale et de la hausse des prix mondiaux de l'énergie et des denrées alimentaires.
La Banque mondiale table ainsi, dans son dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc, sur un net ralentissement en 2022, avec un taux de croissance prévu de 1,3 % en 2022, contre 7,9 % en 2021, compte tenu notamment des conséquences de la sécheresse, aggravées par la guerre en Ukraine.
En effet, les analystes de la Banque mondiale indiquent que les épisodes de sécheresse qui se sont enchaînés pendant trois des quatre dernières années rappellent avec force la vulnérabilité de l'économie marocaine à l’irrégularité croissante des niveaux de précipitations.
«Si les chocs liés à la faiblesse des précipitations ont toujours été un facteur de volatilité macroéconomique au Maroc, les sécheresses étaient généralement suivies d’une reprise vigoureuse et n'entravaient pas la croissance robuste et à long terme du produit intérieur brut (PIB) agricole. Cependant, avec la fréquence accrue de saisons des pluies médiocres, la sécheresse pourrait devenir un défi structurel, impactant sérieusement l'économie à long terme», expliquent-ils.
Lire aussi : Le HCP table sur une croissance de seulement 1,3% en 2022
En effet, entre 1960 et 2020, les ressources hydriques renouvelables disponibles ont diminué, pour passer de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, entraînant le pays dans une situation de «stress hydrique structurel». Sur la même période, le Royaume a néanmoins construit plus de 120 grands barrages, multipliant par dix la capacité de stockage de l'eau.
Le volume réel d'eau stocké dans les principaux barrages du pays a toutefois diminué pendant la majeure partie de la dernière décennie. Et, lors de la dernière sécheresse, le taux de remplissage global n’était que d’environ 33 %, menaçant la sécurité hydrique dans certains bassins hydrographiques et conduisant les autorités à adopter des mesures d'urgence.
Pour faire face à cette situation, la Banque mondiale appelle le Maroc à accompagner ses efforts de développement des infrastructures de politiques de gestion de la demande en eau qui encouragent l'utilisation durable, efficace et équitable des ressources hydriques.
«Le Maroc fait partie des pays les plus touchés au monde par le stress hydrique. Les évènements récents ont montré que les solutions techniques ne suffisent plus à protéger l'économie contre les chocs climatiques et soulignent la nécessité d’adopter des politiques complémentaires, telles que celles décrites dans le nouveau modèle de développement, qui permettraient de tenir compte de la véritable valeur des ressources en eau et d'encourager des usages plus efficients et plus raisonnés », explique de son côté, Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.
Lire aussi : Juguler l'inflation sans briser la croissance: le casse-tête des économistes
Ces réformes prévoient notamment de fixer le prix de ressources hydriques devenues plus rares à une valeur idoine, de mettre au point des mécanismes efficaces d'allocation de l'eau, par exemple au moyen d'un système de quotas négociables, et de produire et de publier des données précises et détaillées sur les ressources hydriques et leur utilisation.
Pour ce qui est de l’inflation, le rapport de la Banque mondiale note que même si cette dernière est atténuée par des subventions, l'inflation des prix à la consommation devrait s'accélérer pour atteindre 5,3 % cette année, contre 1,4 % seulement en 2021. Une situation qui risque d’éroder le pouvoir d'achat des ménages les plus pauvres et les plus vulnérables.
«Les aides accordées aux agriculteurs et aux consommateurs par le biais de subventions font grimper les dépenses, tandis que la hausse des prix mondiaux de l'énergie et des denrées alimentaires et la baisse de la production céréalière nationale font augmenter les besoins en importations. En conséquence, le déficit budgétaire et celui de la balance courante devraient atteindre respectivement 6,4 % et 5,2 % du PIB en 2022, contre 5,6 % et 2,3 % en 2021», souligne le rapport.
Ces risques macroéconomiques sont toutefois atténués dans un contexte marqué par un niveau confortable de réserves de change, des taux d'intérêt réels intérieurs relativement bas, une structure de la dette publique solide et un bon accès aux marchés financiers internationaux, assure la Banque mondiale.