Après une certaine détente en 2022, le taux de chômage a de nouveau augmenté, passant de 11,8% à 13% en 2023, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui vient de publier les derniers chiffres sur la situation du marché du travail. En une année, le nombre de chômeurs a grossi de 138.000 personnes, s’élevant à 1.580.000 chômeurs en 2023, en accroissement de 10%. Cette hausse provient d’une augmentation de 98.000 chômeurs en milieu urbain et de 40.000 en milieu rural. Le taux de chômage est passé de 5,2% à 6,3% (+1,1 point) en milieu rural et de 15,8% à 16,8% en milieu urbain (+1 point). Il a augmenté de 1,2 point parmi les hommes, passant à 11,5% et de 1,1 point parmi les femmes (18,3%) et a connu une hausse de 1,1 point parmi les diplômés, passant à 19,7%, et de 0,7 point parmi les personnes n’ayant aucun diplôme, passant à 4,9%.
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La hausse du taux de chômage a, par ailleurs, touché l’ensemble des catégories d’âge. Ainsi, le taux de chômage est passé à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes de 15 à 24 ans, à 20,6% (+1,4 point) pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point).
Les chiffres du HCP font également état de la montée du phénomène du sous-emploi. Son volume est passé entre 2022 et 2023 de 972.000 à 1.043.000 personnes. Le taux de sous-emploi a ainsi augmenté de 9% à 9,8%.
Baisse des taux d’activité et d’emploi
La détérioration observée sur le marché du travail se mesure également à l’aune de l’évolution du taux d’activité et d’emploi. Sachant que le taux d’activité correspond à la part des personnes actives (celles qui ont un emploi + celles qui en recherchent un) dans la population totale en âge de travailler, et le taux d’emploi correspond à la part de la population active occupée dans la population totale en âge de travailler. Le taux d’emploi reflète la capacité d’une économie à utiliser ses ressources en main-d’œuvre.
Le taux d’activité a baissé, entre 2022 et 2023, de 0,7 point pour s’établir à 43,6%. La baisse du taux d’activité a touché plus le milieu rural (-1,8 point), passant à 47,3%, que le milieu urbain (-0,1 point), passant à 41,8%. Ce taux a diminué de 0,8 point pour les femmes, s’établissant à 19%, et de 0,6 point pour les hommes (69%).
Idem pour le taux d’emploi qui a reculé de 1,1 point, passant à 38%, enregistrant une baisse de 2,2 points en milieu rural (44,3%) et un recul de 0,5 point en milieu urbain (34,8%). Ce taux a baissé de 1,4 point pour les hommes et de 0,9 point pour les femmes.
Les services, premier employeur avec une part de 48,3%
Les chiffres du HCP montrent que l’économie nationale continue de perdre de l’emploi. En effet, après une perte de 24.000 postes d’emploi en 2022, elle a perdu 157.000 postes en 2023, résultat d’une création de 41.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 198.000 en milieu rural. Par type d’emploi, 50.000 postes d’emplois rémunérés ont été créés, résultat d’une création de 59.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 9.000 en milieu rural. Pour l’emploi non rémunéré, il a reculé de 209.000 postes, en raison essentiellement du repli de ce type d’emploi en milieu rural de 190.000 postes et de 19.000 postes en milieu urbain.
La situation du marché du travail en 2023 montre également que les deux secteurs des services et de «l’agriculture, forêt et pêche» demeurent les premiers secteurs employeurs, avec respectivement 48,3% et 27,8% des actifs occupés. L’industrie y compris l’artisanat contribue, quant à elle, pour 12,2% et le secteur des BTP pour 11,6% des actifs occupés.
Il ressort aussi des statistiques du HCP que près de deux tiers des actifs occupés ruraux (64%) exercent dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche, et les deux tiers des actifs occupés citadins (66,5%) travaillent dans le secteur des services.
Destruction massive de l’emploi par la sécheresse
Au moment où les autres secteurs économiques ont créé de l’emploi en 2023, le secteur primaire en a perdu massivement. Le secteur de «l’agriculture, forêt et pêche» a, en effet, perdu 202.000 postes d’emploi au niveau national, résultat d’une perte de 207.000 en milieu rural et une création de 5.000 en milieu urbain.
Pour le secteur des BTP, il a créé 19.000 postes d’emploi et les services ont créé 15.000 postes. Les nouveaux emplois dans ce dernier proviennent essentiellement de la création de 31.000 postes par des services sociaux fournis aux collectivités (enseignement, santé, action sociale…) et de 21.000 postes des activités d’hébergement et restauration. En revanche, la perte des emplois a été principalement enregistrée au niveau de la branche du commerce (74.000 postes). Le secteur de l’industrie y compris l’artisanat a, quant à lui, créé 7.000 postes d’emploi.