Grève des agriculteurs en Espagne: cinq camions marocains transportant des fruits et légumes saccagés en Catalogne

Des agriculteurs conduisent leurs tracteurs lors d'une manifestation à Barcelone, le 7 février 2024.. AFP or licensors

Cinq camions marocains transportant des fruits et légumes ont été attaqués ce mardi 27 février par des agriculteurs grévistes en Catalogne. Des actes de vandalisme qui s’ajoutent à ceux déjà perpétrés contre les produits agricoles marocains dans d’autres villes espagnoles au cours des dernières semaines.

Le 27/02/2024 à 18h37

Les agriculteurs grévistes ont saccagé cinq camions marocains transportant des fruits et légumes, ce mardi 27 février dans la ville de Gérone, en Catalogne. Dans des images de l’Agence de presse catalane diffusées sur Twitter, on voit plusieurs cartons de haricots verts renversés et d’autres camions immobilisés sur la chaussée. Les actes de vandalisme ont été perpétrés sur l’autoroute AP-7 et la route nationale II, coupées dans les deux sens par les grévistes.

Ces attaques interviennent deux semaines après celle d’un camion marocain rempli de tomates cerises le 14 février dans la commune d’Iznalloz, dans la province de Grenade. Une semaine plus tôt, un autre camion transportant des tomates a été saccagé lors d’une manifestation organisée en Andalousie, au sud de l’Espagne.

Le 19 février, plusieurs agriculteurs de la plateforme 6F ont organisé une manifestation dans la ville d’Algésiras pour protester contre l’importation de produits agricoles marocains, selon Europa Sur. Parmi leurs principales revendications, les agriculteurs espagnols, comme leurs homologues français, en grève depuis plus de deux semaines, remettent en cause la qualité des produits agricoles marocains qui, selon, eux, ne respectent pas les exigences règlementaires des instances européennes.

Une balance commerciale excédentaire pour l’UE

Ces saccages répétés ont fait réagir la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), qui, dans un communiqué publié le 15 février, a exprimé son «inquiétude suite aux attaques récurrentes et infondées ainsi que la stigmatisation médiatique dont les agriculteurs marocains sont les victimes collatérales».

Le patronat agricole a également démenti les allégations sur la qualité des produits marocains exportés vers l’Union européenne (UE), lesquels «se conforment strictement, et sans exception, aux exigences réglementaires des marchés de destination. Celles-ci portent notamment sur les normes de commercialisation, les normes sanitaires et les normes phytosanitaires.» Et de préciser que le Maroc occupait la troisième place en termes de conformité en 2023 sur une liste de 15 principaux exportateurs vers l’UE.

Lors d’une conférence de presse organisée le 26 février à Rabat avec son homologue français Stéphane Séjourné, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a officiellement réagi à cette situation. «On nous présente l’Union européenne comme une sorte de passoire où tout rentre sans problème, or, nous avons négocié des quotas et des normes phytosanitaires», a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie marocaine a également indiqué que l’UE réalise un excédent commercial «de près de 600 millions d’euros (…) Et donc, aujourd’hui, mettre la pression sur les produits du Sud n’est pas juste». Cet excédent est confirmé par la COMADER, qui révèle qu’en 2022, le solde de la balance commerciale des produits agricoles était positif pour l’UE, avec des exportations vers le Maroc d’une valeur d’environ 900 millions d’euros.

Par Elimane Sembène
Le 27/02/2024 à 18h37