L’opération industrielle la plus attendue, depuis plusieurs mois, s’est concrétisée. La fusion de Lafarge Ciment et Holcim Maroc s’apprête en effet à franchir un nouveau cap suite au partenariat conclu entre la Société nationale d’investissement (SNI) et le groupe LafargeHolcim. Celui-ci prévoit que les deux entités créeeront une filiale commune qui va servir de levier de développement sur le continent.
Pour rappel, la SNI est partenaire depuis plus de 40 ans du groupe Lafarge au Maroc. Ce dernier a fusionné avec le groupe Holcim à l’international en juillet dernier. Des discussions entre les actionnaires des filiales marocaines des deux groupes étaient engagées depuis plusieurs mois, en vue de concrétiser la fusion au niveau national. C’était d’ailleurs l’un des gros dossiers sur la table du PDG de la SNI, Hassan Ouriagli, depuis sa nomination en septembre 2014.
Ce dernier a finalement opté pour une conjonction entre les intérêts de la SNI comme actionnaire et partie prenante dans cette fusion au Maroc, et les nouvelles orientations stratégiques du groupe, impulsées par Mounir El Majidi, qui visent à faire évoluer la SNI en Fonds d’investissement panafricain. Hassan Ouriagli réalise ainsi sa première grande opération depuis qu’il a pris les rênes de la SNI. Une opération dont le rayon d’action va englober un continent qu’il connaît bien.
C’est de là que découle l’idée de se rapprocher davantage du groupe LafargeHolcim qui, lui même, a de grandes ambitions sur le marché africain, et particulièrement l’Afrique subsaharienne francophone.
La filiale commune de développement aura donc pour ambition d’être un acteur majeur des matériaux de construction dans la zone concernée par le partenariat (Maroc et pays subsahariens francophones), et un leader dans chacun des pays où elle opèrera.
Quelle place pour la SNI dans la fusion Lafarge et Holcim ?Dans un premier temps, le partenariat prévoit que la joint-venture égalitaire, Lafarge Maroc, sera l’actionnaire de référence de LafargeHolcim Maroc. Elle devrait donc bénéficier à la fois de l’expertise du leader mondial du ciment, mais aussi de l’expérience de la SNI en matière de développement de projets au niveau national et régional. Après la fusion, le cimentier deviendra la plus grosse capitalisation boursière industrielle dans le royaume et l’une des plus grandes entreprises de l’économie nationale avec un chiffre d’affaires (proforma) de plus de 8 milliards de DH.
Dès lors, Lafarge Maroc créera LH Maroc Afrique dont elle sera actionnaire à 100%. Cette filiale commune de développement devrait opérer au Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, République Démocratique du Congo, République du Congo et au Sénégal.
Le Maroc, un hub pour l’AfriqueLes objectifs qui lui seront alors fixés consistent, d’abord, à investir dans la production de ciments et de clinker dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone, où les besoins en logements et en infrastructures présentent des opportunités majeures de développement. LH Maroc Afrique aura également pour ambition de développer des synergies avec LafargeHolcim Maroc, notamment à travers l’exportation de clinker ou de ciment à partir du Maroc. Les partenaires feront par ailleurs du Maroc un hub régional au service du développement des économies des pays d’Afrique subsaharienne francophones.
En attendant, il restera aux partenaires d’obtenir le visa de l’Autorité marocaine du marché des capitaux à qui l’opération de fusion de Holcim et Lafarge sera présentée incessamment. Les modalités de concrétisation de l’opération de fusion seront déterminées par les Conseils d’administration et présentées au vote des Assemblées générales extraordinaires de Lafarge Ciments et de Holcim Maroc. Mais on sait d’ores et déjà que SNI et LafargeHolcim ont l’intention de proposer aux organes de gouvernance des deux entités concernées par la fusion-absorption une parité d’échange de 1,20 action Lafarge Ciments pour 1 action Holcim Maroc. Le schéma arrêté prévoit, en outre, la distribution d’un dividende exceptionnel dès la réalisation de l’opération et qui sera prélevé sur la prime de fusion.
L’épilogue de cette opération, qui a tenu en haleine la communauté financière et boursière depuis plus d’un an, s’approche donc à grands pas. Et il concrétise les nouvelles visées africaines de la SNI.