Fonction publique: la masse salariale absorbe plus de la moitié du budget de fonctionnement de l’État

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Sur les dernières années, la masse salariale des fonctionnaires n’a cessé de gonfler, passant de 80,27 milliards de dirhams en 2010 à 117,84 milliards de dirhams en 2020. Le ratio des dépenses de personnel rapportées au budget de fonctionnement est de 54,2%.

Le 20/10/2020 à 13h08

Les dépenses de personnel constituent une part excessivement importante des dépenses de l’Etat, réduisant par conséquent les marges de manœuvre du gouvernement pour réduire son train de vie.

Le rapport sur les ressources humaines au sein de la fonction publique, qui accompagne le projet de loi de finances 2021, montre en effet que la fonction publique emploie plus 580.000 fonctionnaires civils en 2020. Les dépenses de personnel au titre de l’année sont évaluées à 117,84 milliards de dirhams, hors cotisations de l’Etat au titre de la retraite et de la prévoyance sociale. Si l’on prend en compte ces cotisations, comme le recommande la loi organique des finances, le volume des dépenses de personnel s’établit à 135,93 milliards de dirhams au titre de l’année 2020.

Plusieurs ratios permettent de mesurer le poids conséquent de la masse salariale de la fonction publique dans les dépenses de l’Etat. Ainsi, le ratio des dépenses de personnel rapportées au PIB ressort à 10,89% (hors cotisations). Ce ratio est parmi les plus élevés de la région, comme l’avait souligné un rapport de la Cour des comptes en 2018.

Le ratio des dépenses de personnel rapportées au budget général émerge à 33%, tandis que celui relatif aux dépenses de personnel rapportées au budget de fonctionnement est de 54,2%. En d’autres termes, plus de la moitié des dépenses de fonctionnement de l’Etat est absorbée par la masse salariale.

Notons enfin que le ratio des dépenses de personnel sur les recettes ordinaires est de 55,4% en 2020 (64% compte tenu des cotisations patronales). La part des recettes ordinaires affectée aux dépenses de personnels demeure ainsi élevée, et ce, au détriment d’une affectation conséquente de moyens aux dépenses d’investissements publics.

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Sur les dernières années, la masse salariale de la fonction publique n’a cessé de gonfler, passant de 80,27 milliards de dirhams en 2010 à 117,84 milliards de dirhams en 2020 (hors cotisations de l’Etat au titre de la retraite et de la prévoyance sociale), soit une hausse globale de 46,81%.

Trois phases dans l’évolution des dépenses de personnel peuvent être distinguées durant les 10 années précédentes. Ainsi, avant 2012, et de 2012 à 2020, les dépenses de personnel ont enregistré une croissance forte de respectivement 9,7% et 5,3% en moyenne par an, résultant essentiellement des décisions de hausses des salaires prises dans le cadre du dialogue social.

De 2012 à 2018, la croissance de la masse salariale a été limitée à 1,6% en moyenne annuelle. Cette évolution s’explique notamment par l’effet des suppressions des postes budgétaires suite aux départs à la retraite, et des mesures prises par le gouvernement tendant à maitriser l’évolution des dépenses de personnel.

Par ailleurs, près de 90% des dépenses de personnel civil de l’Etat sont concentrées au niveau de six départements, à savoir celui de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement Supérieur et de la recherche scientifique avec 49,19%, suivi de l’Intérieur avec 19,38%, des ministères de la Santé, de la Justice, de l'Economie, des finances et de la réforme de l'Administration et des Affaires étrangères, avec respectivement 11,30%, 4,80%, 2,99% et 2,41%. Les autres départements absorbent 9,93% des crédits de personnel. Cette concentration est due à la nature et à la sensibilité des missions incompressibles assignées à ces départements.

Quant au salaire mensuel net moyen dans la fonction publique, a augmenté de 24% entre 2010 et 2020, passant de 6.550 dirhams à 8.148 dirhams.

«Le Maroc s’offre une fonction publique qui dépasse les moyens de son économie et que l’amélioration substantielle des revenus des fonctionnaires ne se traduit pas par une amélioration de la perception de l’Administration chez le citoyen», avait conclu la Cour des comptes dans un rapport cinglant, daté de 2017. Une sentence toujours d’actualité, trois ans plus tard.

Par Amine El Kadiri
Le 20/10/2020 à 13h08