À Figuig, la valorisation des dattes connaît aujourd’hui une nouvelle dynamique portée par les femmes des coopératives locales. Entre savoir-faire hérité et pratiques modernes, la datte sort de son usage traditionnel pour devenir un produit transformé, compétitif et durable.
Au sein de la coopérative Al Ksour, le travail débute par la phase essentielle de tri de la variété Aziza. «Il s’agit de la dernière étape avant la mise sur le marché. Les dattes sont nettoyées manuellement sans lavage, les fruits non conformes sont éliminés, puis le conditionnement se fait selon des critères précis de qualité, de calibre et de demande des clients», déclare Zoubida Benali, membre de la coopérative.
Ce processus est renforcé par le recours au stockage en chambres froides, afin de préserver l’aspect et les qualités organoleptiques du produit, dans un contexte marqué par les effets du changement climatique. «Le soutien du ministère de l’Agriculture, aussi bien en équipements qu’en formation, a été déterminant pour améliorer notre organisation et renforcer la crédibilité du produit sur le marché», ajoute-t-elle.
La démarche de valorisation ne s’arrête pas au conditionnement. Une partie des dattes est transformée en pâte, servant de base à une gamme de pâtisseries artisanales. Cette transformation permet de dépasser la consommation saisonnière et d’assurer une disponibilité du produit tout au long de l’année, tout en renforçant sa valeur économique et nutritionnelle.
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«Nous misons sur des recettes saines, à base d’ingrédients naturels comme le sésame, l’arachide, la cannelle, la fleur d’oranger et les fruits secs», explique Fatima Boubakri, membre de la coopérative. «Cette orientation vers des produits naturels et sûrs renforce la confiance des consommateurs et répond à une demande croissante pour une alimentation saine», confirme-t-elle.
Dans la même logique, la coopérative Dayâa Amra adopte une approche fondée sur la valorisation intégrale de la production. «Aucune datte n’est gaspillée. Celles qui sont conformes sont commercialisées, tandis que les autres sont transformées en aliments pour bétail ou utilisées pour fabriquer des barres énergétiques et des pâtisseries», indique Nahid Maza, employée au sein de la coopérative. Elle précise que la campagne actuelle a enregistré une amélioration notable de la production, avec une hausse de l’offre et de la demande, trois ans après la création de la structure.
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L’exigence de qualité constitue également un axe central du travail mené par la coopérative. «La valorisation des dattes repose sur un dispositif strict intégrant la sélection des fruits, des analyses microbiologiques et physico-chimiques, ainsi que le suivi d’indicateurs de qualité», explique Fatima Zahra Alkhalsi, responsable qualité. «Cette rigueur nous a permis de décrocher des distinctions nationales et internationales et d’investir dans des équipements modernes pour produire confitures, boissons, pâtes de dattes et autres dérivés innovants», ajoute-t-elle.
À travers ces initiatives, les femmes de la province de Figuig démontrent que la datte dépasse le statut de simple produit agricole. Elle devient un moteur de développement local, un vecteur d’autonomisation économique et un espace d’innovation féminine, où le patrimoine oasien se conjugue avec les exigences contemporaines du marché.








