Faillite de Thomas Cook: les îles Canaries frappées de plein fouet, 12.000 emplois en péril

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La faillite du géant du tourisme Thomas Cook risque de provoquer une crise sans précédent dans le secteur du tourisme dans les îles Canaries, dépendantes jusqu'à 64% des packs touristiques vendus par les tour-opérateurs.

Le 04/10/2019 à 13h44

L'archipel des Canaries est, sans aucun doute, la destination espagnole la plus touchée par la cessation de l’activité du deuxième plus grand voyagiste au monde. En 2018, Thomas Cook a envoyé 2,1 millions de touristes aux Canaries, soit 13% du total des étrangers ayant visité l’archipel.

Les îles Canaries, à elles seules, ont accueilli, entre janvier et août, 2,6 millions de touristes, partis en vacances avec le voyagiste britannique. Les professionnels s’attendaient à une année record en termes de nombre de visiteurs.

Toutefois, la chute de Thomas Cook fait trembler le secteur. Plus de 800.000 réservations aériennes pourraient être annulées et l'ardoise laissée par la disparition du groupe britannique serait d’environ 100 millions d'euros.

Selon le patronat régional du Tourisme, plusieurs unités hôtelières historiques seraient fermées et 12.000 emplois (10% du total) supprimés dans une région dont le taux de chômage est bien supérieur à la moyenne nationale, avec 21%. 

De plus, le naufrage de Thomas Cook se produit au milieu du ralentissement du secteur du tourisme canarien alors que la haute saison touristique, d'octobre à avril, vient de commencer.

La reprise des destinations concurrentes, telles que l’Égypte et la Turquie, l’incertitude entourant le Brexit et la récession imminente de l’économie allemande ont entraîné la perte de plus de 4% des touristes dans les Canaries depuis le début de l’année en cours.

A ce scénario s'ajoute la fermeture des trois bases aériennes de Ryanair aux îles Canaries - Lanzarote, Tenerife Sud et Grande Canarie -à compter du 8 janvier 2019, ce qui entraînera la perte de 200.000 passagers par mois.

La connectivité des îles Canaries est sérieusement endommagée et les secteurs public et privé tentent de rechercher des compagnies aériennes pour combler ces lacunes, d’autant plus que l’économie de cette communauté autonome est liée directement au secteur touristique qui représente 35% du PIB des îles.

Pour faire face à cette situation alarmante, l’exécutif régional a mis en place un plan d’urgence axé sur trois piliers fondamentaux: le maintien de l’emploi dans le secteur du tourisme, la reprise des connectivités aériennes et la préservation des réservations pendant la haute saison.

Parmi les mesures adoptées par le gouvernement régional figurent également le report des paiements des cotisations de la sécurité sociale des entreprises affectées par cette crise, un soutien financier considérable pour promouvoir la destination touristique des îles Canaries à l’échelle nationale et internationale et l’encouragement de l’ouverture de nouvelles liaisons aériennes.

En plus, le gouvernement central conduit par le socialiste Pedro Sanchez prévoit l’adoption d’un plan de 200 millions d’euros pour venir en aide des régions touchées par la crise de Thomas Cook, notamment les îles Canaries et îles Baléares.

L’une des plus importantes mesures qui seront validées par le gouvernement espagnol est la mise en place d’une ligne de crédit de 200 millions d’euros à la disposition des PME et des entrepreneurs autonomes touchés par la faillite du voyagiste, dont le nombre est estimé à 1.000 entreprises (600 hôtels).

Après l’effondrement de Thomas Cook, les îles Canaries sont hantées par le cauchemar d’une crise touristique inédite dont les dommages demeurent imprévisibles à court et à moyen termes en dépit des efforts visant à redonner vie à une région qui ne vit que du tourisme.

Par Omar El Mrabet (MAP)
Le 04/10/2019 à 13h44