Plusieurs facteurs expliquent la flambée des prix de cet «or en bouteille», utilisé aussi bien dans la cuisine que dans les produits bio-cosmétiques.
Interrogée par Le360, Fatima Almhani, responsable de la coopérative «Arganah n Amskroud», dans la région d’Agadir, explique que la filière fait face à de nombreuses contraintes, dont la sécheresse, qui frappe de plein fouet l'arboriculture de l'arganier depuis quelques années déjà. Autre facteur agravant: le monopole des grandes entreprises qui contrôlent la production et viennent concurrencer les coopératives locales.
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«Les grandes entreprises, notamment exportatrices, contrôlent les prix sur le marché au détriment des coopératives qui emploient les femmes de la région et qui ont fait jusqu'ici la renommée de l’huile d’argan à l’échelle internationale», regrette Fatima Almhani, qui explique que le principal perdant de cette hausse des prix demeure le consommateur final.
Selon elle, le prix de l’huile d'argan sur les marchés ont atteint les 600 dirhams pour un seul litre, alors qu’ils oscillaient entre 230 et 250 dirhams.
La crise est telle que plusieurs femmes qui gagnent leur vie grâce à la culture de l’arganier se retrouvent aujourd’hui contraintes de changer d’activité. «De nombreuses coopératives ont changé leur activité et se sont intéressées à d’autres huiles. Cette situation est inquiétante et nécessite l'intervention des différentes parties prenantes pour trouver des solutions réalistes à ce problème», précise-t-elle.
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Le coordinateur régional de la Coalition marocaine pour le climat et le développement durable dans la région du Souss-Massa, Miloud Azerhoun, explique de son côté, interrogé par Le360, que les raisons de cette hausse drastique des prix ne se limitent pas aux seules conditions climatiques ou à la sécheresse, étant donné que l'arganier a toujours été cultivé dans un climat semi-aride.
Selon Miloud Azerhoun, l’accaparement des grandes entreprises des chaînes de production et de commercialisation de l’huile d’argan grâce aux nouvelles technologies ne permet pas aux coopératives traditionnelles de les concurrencer et menace donc leur survie.
«La situation actuelle pose de grandes interrogations quant à l’avenir de la filière. Voulons-nous que la culture de l’arganier soit un levier de développement pour la population rurale qui est de plus en plus vulnérable, ou simplement un moteur des inégalités au profit du système capitaliste?», s’interroge le coordinateur régional. Selon lui, il est plus qu’urgent d’intervenir pour garantir des conditions favorables à l’essor des systèmes économiques solidaires au bénéfice des populations locales et protéger les travailleurs du secteur.