Bou-Azzer, à 120 kilomètres au sud de la ville d’Ouarzazate. La région est quasi désertique, le paysage lunaire. Hormis quelques oasis d’une rare splendeur, rien ou presque ne pousse ici. Les ressources, tant naturelles qu’en potentialités économiques, manquent. À cette exception près: le cobalt. Un minerai essentiel pour le monde d’aujourd’hui et, surtout, celui de demain.
Et pour cause. Utilisé dans la fabrication des batteries électriques de différentes tailles et utilisées à divers usages, le cobalt leur permet de stocker une grande quantité d’énergie tout en les maintenant à une température stable. Tout un pan de notre technologie moderne en dépend: de nos smartphones à nos ordinateurs, en passant par des secteurs aussi stratégiques que l’aérospatiale, et aussi vitaux que la médecine, et bien évidemment celui des véhicules électriques, dont la filière est de plus en plus friande de ce minerai.
Ailleurs, il suffit de se baisser pour trouver du cobalt. Au Maroc, et à Bou-Azzer, il faut descendre le chercher plusieurs centaines de mètres sous terre, dans la plus ancienne mine encore en exploitation dans le Royaume. Et c’est à Managem, opérateur minier panafricain de dimension internationale, que revient cette mission, à travers sa filiale CTT (Compagnie de Tifnout Tighanimine).
Le groupe fait partie des 5 plus grands producteurs mondiaux de cobalt, avec un volume annuel estimé à 2.400 tonnes. Et quand on sait que la tonne est commercialisée à un prix avoisinant les 60.000 euros (environ 650.000 dirhams), on se rend bien compte de l’importance et de la valeur de cette activité.
Une activité qui est tout sauf récente: le cobalt et la mine de Bou-Azzer, c’est une longue histoire qui s’écrit depuis près d’un siècle. «L’exploitation de la mine a démarré en 1928 et, depuis, bien du chemin a été parcouru. Du travail manuel des débuts, nous avons beaucoup évolué en intégrant petit à petit de nouvelles techniques et technologies afin de mécaniser les opérations et les rendre moins pénibles, plus précises et plus sécurisées. Nous avons par exemple introduit la mécanisation de l’extraction et de tout le cycle de production, que ce soit dans l’abattage, en recourant à des explosifs, ou dans le déblayage, à travers des engins miniers hydrauliques téléguidés», explique Abderrahmane Bencheikh, chef d’exploitation chargé des opérations minières à Bou-Azzer.
Le progrès ne s’arrête pas. «À l’écoute du marché international et à travers notre veille technologique, nous avons également intégré plusieurs innovations, comme la digitalisation de notre chaîne de valeur, de l’exploration à la commercialisation. Machine learning, data science, utilisation des drones pour les relevés géométriques, scans 3D… toutes ces technologies sont également de mise», ajoute notre interlocuteur.
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Si le pays recèle à peine 1% du potentiel mondial en la matière, le cobalt marocain a une particularité qui en fait un minerai unique au monde: sa grande pureté. Taoufik Malki, responsable de production de la chaîne de cobalt à CTT Managem, n’en est pas peu fier. «La particularité de notre produit, c’est sa haute pureté. Celle-ci est établie à 99,98%, en plus d’être très faible en nickel. Nous sommes ainsi présents dans les plus grands marchés mondiaux, américains, européens et asiatiques», déclare-t-il avec un zeste d’emphase.
Graves accusations
Cette haute pureté, et surtout le travail extrêmement technique, précis et normé qui l’encadre, font aujourd’hui face à quelques voix qui se sont élevées ici et là pour l’entacher et en polluer tant le bien-fondé et la rigueur que la portée. Le tout en présumant des «conditions de travail pénibles», une «surexploitation des ressources hydriques», des «atteintes à l’environnement» et des «nuisances causées aux communautés» avoisinant la mine de Bou-Azzer.
De la mine au produit fini, visite guidée au cœur de la production de cobalt au Maroc
Tout est parti d’une «enquête» publiée dans un média français, repris par des journaux allemands. À grand renfort de titres sensationnalistes: «Mines au Maroc: la sinistre réalité du cobalt responsable», «Au Maroc, une mine de cobalt empoisonne les oasis», «Les voitures électriques assoiffent les pays du Sud», «BMW et Renault impliqués dans un scandale écologique au Maroc»… En cause, notamment, une pollution «majeure» à l’arsenic, substance toxique que rejetterait la mine et qui menacerait les ressources en eau de la région et la santé des ouvriers et des habitants.
De quoi semer la panique, et crier au laisser-aller du groupe minier comme des autorités. Or, rien n’est plus faux. Managem n’a eu de cesse de démentir les accusations colportées par certains médias concernant l’activité cobalt de la mine de Bou-Azzer. «Nos opérations et nos méthodes de travail sont à des années-lumière de ce qui a été rapporté», avait d’ailleurs opposé Imad Toumi, président directeur général du groupe, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Le Point. Et d’annoncer des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces allégations.
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Curieusement, cette salve a lieu alors que les activités du groupe opèrent une remarquable montée en charge. Depuis 2020, Managem fournit le constructeur automobile allemand BMW en cobalt, dans le cadre d’un contrat se chiffrant à 100 millions d’euros (environ 1,1 milliard de dirhams). En 2022, ce fut au tour de Renault Group de signer un accord avec le groupe marocain, portant sur l’achat, à partir de 2025, de 5.000 tonnes de sulfate de cobalt par an, sur 7 ans, pour alimenter sa «gigafactory» de batteries pour véhicules électriques dans les Hauts de France. D’ailleurs, en juillet dernier, Managem annonçait le projet de la première usine de production de sulfate de cobalt au Maroc, et ce, en partenariat technologique avec la China Electronics Corporation. Objectif: alimenter l’industrie en plein boom des batteries pour véhicules électriques.
La vérité est ailleurs…
Il y a les allégations, lancées par des anonymes, et il y a la réalité du terrain. Et cette dernière indique que parmi les plus de 1.000 collaborateurs œuvrant dans la mine, aucun n’a jamais été contaminé par une quelconque substance chimique.
C’est que Managem fait de la sécurité de ses collaborateurs une priorité absolue, avant, pendant et après leur prise de fonction. Mohamed Ouhassi, animateur santé et sécurité au travail (SST) à Bou-Azzer, rappelle que la mine dispose de trois niveaux de certification: Santé et sécurité ISO 4500, Qualité ISO 9001 et Environnement ISO 14001. «Dans notre secteur, seules les entreprises comme Managem, qui consentent des efforts importants et continus dans ces domaines, peuvent obtenir de telles marques de confiance», précise-t-il. Ces certifications sont, qui plus est, renouvelées chaque année. «Pour chaque métier, une analyse propre des risques est effectuée afin d’aboutir à un mode opératoire qui garantit la sécurité des collaborateurs», détaille Mohamed Ouhassi.
Ce souci de la santé des collaborateurs passe également par une prise en charge médicale à même le site, avec un suivi régulier et un dispositif pour gérer les éventuelles situations d’urgence. «Sur site, nous avons trois ambulances équipées et prêtes à intervenir en cas d’urgence. Nous disposons également d’une salle de radiologie opérationnelle tout au long de la semaine», indique Dr Ayoub Chhaïbi, médecin du travail sur le site de Bou-Azzer. «Dès le moment de l’embauche, le collaborateur subit une batterie d’analyses et d’examens. Un suivi, pendant et après sa prise de fonction, est également assuré. Et même après le départ à la retraite, un bilan et un suivi post-professionnel sont proposés aux collaborateurs», énumère le médecin. Les résultats des examens sont analysés et soumis aussi bien au médecin traitant qu’à la cellule médicale du groupe Managem.
Rien à signaler
À travers les structures du ministère de la Santé, les pouvoirs publics veillent également au grain. Et leurs conclusions sont formelles: aucune maladie liée au travail à la mine et aux activités de Managem n’est à déplorer. «Je reçois toute la population, y compris les collaborateurs de la mine. Par rapport à mon exercice tout au long des 20 dernières années, j’ai globalement noté une stabilité de l’état de santégénéral de la population. Je n’ai jamais relevé un pic de maladies qui pourraient être liées au travail à la mine, comme des cas d’intoxication en relation avec des substances chimiques», détaille Dr Sanae Tarik, médecin-chef du Centre de santé de Tasla (ministère de la Santé), qui couvre également la zone de Bou-Azzer. «Nous avons des fiches de suivi des maladies à caractère obligatoire. Et nous sommes tenus de déclarer n’importe quel événement qui nous paraît suspect. En plus de notre rôle de consultation, nous avons une responsabilité envers la communauté et nous nous devons de surveiller toute maladie émergente ou sous forme d’épidémie. Il n’y a rien de tel dans la région», explique-t-elle.
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La protection tant des collaborateurs que des communautés vivant à proximité de la mine passe par la préservation d’un environnement sain. Avec pour maîtres mots l’utilisation rationnelle des ressources hydriques, la réutilisation de l’eau et le recours poussé aux énergies vertes. Nous sommes loin, très loin, des accusations de gaspillage d’eau dont le groupe a été l’objet. «Tout au long de notre chaîne de valeur, la responsabilité sociale de l’entreprise agit comme un catalyseur. Ceci, en tissant des liens étroits entre notre efficacité opérationnelle, la qualité de nos relations professionnelles et notre engagement envers des pratiques éthiques et durables. Dans ce sens, nos usines fonctionnent avec de l’énergie verte à hauteur de 91%. L’eau utilisée dans notre processus industriel est recyclée à hauteur de 40%», précise Loubna Safae, responsable logistique à CTT Guemassa, le complexe industriel Managem de valorisation du cobalt, situé à 60 kilomètres de Marrakech.
Pollution de l’eau: «De purs mensonges»
Concernant les allégations relatives à une surexploitation de cette ressource essentielle qu’est l’eau, ou un éventuel impact de l’activité de la mine sur les eaux souterraines, les représentants de la population locale comme les acteurs associatifs sont unanimes: il n’en est strictement rien. «C’est la même eau que nous utilisons depuis plusieurs années. Nous n’avons ni vu ni entendu qu’elle constituait un quelconque danger pour la santé des usagers. Nous sommes entre 300 et 400 habitants à vivre dans le douar jouxtant la mine, en plus de ceux qui s’y rendent ponctuellement. Nous sommes donc nombreux à nous en servir comme eau potable. Sans jamais qu’un problème ne se pose», s’étonne Jamal Benhmide, jeune acteur associatif local. Militant écologiste local, Abdellah Akarchad va plus loin. «Les informations qui circulent n’ont rien à voir avec la réalité. La seule certitude, c’est que nous avons vu nos grands-pères travailler à la mine, prendre leur retraite et, pour certains, atteindre 100, 110 ans. Ils n’ont été victimes ni des conditions de travail à la mine ni du fait de vivre dans ses environs. Notre eau potable, c’est à travers les khettaras autour de la mine que nous en bénéficions. Et nous n’avons jamais enregistré de cas de pollution de cette eau, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de la mine. Idem pour les oasis environnantes. Ce que certains colportent est un pur mensonge. Le but est de porter atteinte à la réputation de l’entreprise. C’est tout», commente-t-il.
Le contrôle de la qualité de l’eau, Managem en fait «son» affaire. Pour Badr Aznag, chef du département analyses à Reminex, filiale Recherche & Développement, ingénierie et livraison de projets de Managem, les exigences sont les mêmes pour chaque entité ou filiale du groupe. «Nous avons un cadre contractuel qui impose un plan de surveillance de chaque site, en l’espèce celui de Bou-Azzer. Nous devons contrôler mensuellement ses puits, ses rejets et l’eau potable desservie aux alentours. Nous disposons pour cela de toute l’expertise et de tous les équipements nécessaires», explique notre interlocuteur.
Contrôles à tous les étages
«Nos experts se rendent ainsi régulièrement à l’usine pour prélever des échantillons de chaque type d’eau et effectuer les analyses en laboratoire nécessaires, en respectant toutes les règles afférentes à cet exercice. Le contrôle est très rigoureux et il est à chaque fois sanctionné par un rapport qui est communiqué au site de Bou-Azzer et comparé avec les seuils exigés par les autorités. Il ne faut pas oublier que nous vivons tous à la mine et tout un chacun est concerné par l’impératif d’un environnement sain», fait-il remarquer.
La présence naturelle d’arsenic dans la région a, quant à elle, toujours été prise en considération dans les différents plans du groupe, dans le but d’y apporter des solutions techniques adéquates, ajoute la même source. «Ainsi, les bassins de rétention d’eau, qui peuvent engendrer, dans certaines circonstances, des infiltrations résiduelles minimes et sans danger pour la nature, font actuellement l’objet d’une mise à niveau pour concrétiser l’engagement zéro impact sur l’environnement», a tenu à rassurer Managem dans un communiqué rendu public le 15 novembre dernier.
Sur le terrain, c’est tout le contraire des allégations portées que nous avons constaté. En entreprise citoyenne, Managem déploie de grands efforts pour rendre l’eau potable accessible au plus grand nombre. Des centaines de foyers dans de nombreux villages de la région ont ainsi pu en bénéficier grâce à son concours. Zaouiat Sidi Blal, dans les alentours de la mine de Bou-Azzer, en fait partie. «Pour dire les choses telles quelles, et personne ne pourra le nier, Managem s’est toujours mise du côté des populations pour que celles-ci accèdent à l’eau potable. L’entreprise est derrière nombre d’initiatives dans ce sens en faveur des douars situés dans sa zone d’activité. Ce projet en l’occurrence ne sera ni le premier ni le dernier», souligne Lhoucine Akherraz, militant associatif. La mise sur pied du projet en question nécessitait un budget conséquent: pour le raccordement, pour l’alimentation en électricité par des panneaux photovoltaïques, pour les pompes à eau et la connexion avec la ligne principale desservant les populations cibles. «Tout est financé par Managem». Au bénéfice de 200 familles, soit à peu près 1.200 personnes. «Et nous parlons uniquement de notre douar, Zaouiat Sidi Blal», précise l’acteur associatif.
Des actions concrètes au service de la communauté
Par la nature de ses activités, Managem est souvent présent dans des zones géographiques isolées,offrant des possibilités économiques et de développement limitées. Pour ces communautés, le groupe agit. En offrant des opportunités d’emploi ou de carrière, ou via l’encouragement de l’entrepreneuriat, notamment féminin, la formation ou encore la promotion de l’enseignement et de la culture chez les plus jeunes.
«Managem crée des opportunités d’emploi et de carrière dans une région où il est presque impossible de trouver un travail. Ici, dans le Sud-Est, il n’y a que la mine. Grâce à Dieu, nous sommes presque 1.000 à avoir un poste d’emploi direct et stable. Ce sont autant de familles qui sont concernées. Et c’est une bénédiction pour toute la région», affirme Akka El Hadhoud, responsable au sein de la mine de Bou-Azzer et représentant syndical UMT (Union marocaine du travail).
Abdellah Aït Mansour, président de l’Association Tarzit pour la culture et l’environnement, revient, lui, sur les nombreuses initiatives à laquelle contribue le groupe, tant dans la création de bibliothèques rurales, dont la finalité est de rapprocher les enfants de la région de la lecture et du savoir, que dans l’autonomisation des femmes ou la promotion de l’entrepreunariat. Si son association parvient à former de nombreuses femmes à la couture, notamment, ou des jeunes à l’acte d’entreprendre, c’est grâce à l’apport de Managem. Et ce n’est pas Latifa Daoudi, présidente de groupement d’intérêt économique, rassemblant des coopératives féminines de tapis de Tazenakhte, qui dira le contraire. «Notre coopérative, Managem et un ensemble de partenaires avons conclu un accord dans lequel le groupe joue un rôle important. Managem nous fait bénéficier de sessions de formation essentielles à nos structures. Ces sessions portent, entre autres, sur la gestion administrative et financière des coopératives, la commercialisation et la préparation des projets», explique-t-elle.
On l’aura compris, et surtout vu et entendu: en tant que groupe fidèle à son ancrage géographique et résolument tourné vers l’avenir, Managem applique les standards internationaux les plus exigeants en matière écologique, de pratiques sociales et de gouvernance. Au service de ses clients, de ses employés et de son environnement. Le tout en se plaçant comme un partenaire engagé et incontournable des communautés auprès desquelles il opère. À Bou-Azzer comme ailleurs, il n’est de richesse que d’hommes.