Le Maroc s’est fixé pour objectif d’améliorer de 20% son efficacité énergétique d’ici 2030. Huit ans après le lancement de la stratégie nationale, le bilan montre des avancées, mais la dynamique reste insuffisante pour atteindre cette cible dans les délais.
Cité par le quotidien L’Économiste dans son édition du lundi 26 mai, Mohamed Benyahia, directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), explique qu’«il ne faut pas se focaliser sur la consommation brute d’énergie, mais sur le rapport entre l’énergie consommée et la richesse produite». En effet, dans une économie en industrialisation, la demande énergétique augmente de façon structurelle. L’indicateur pertinent est donc l’intensité énergétique, c’est-à-dire la quantité d’énergie utilisée pour produire un million de dirhams de PIB.
Entre 2016 et 2023, l’intensité énergétique du Maroc est passée de 14,1 à 13,2 tonnes équivalent pétrole par million de dirhams, soit une réduction de 6,3% en six ans. Ce résultat traduit un gain de productivité énergétique, mais pas une baisse de la consommation totale, qui continue d’augmenter avec la croissance économique. Ce progrès reste néanmoins insuffisant par rapport à l’objectif de 20%.
Pour accélérer cette amélioration, plusieurs mesures sont envisagées: la généralisation des mécanismes de financement, le renforcement des compétences techniques dans les régions, le soutien aux secteurs les plus en retard, ainsi que la promotion d’une culture de sobriété énergétique auprès du grand public, explique L’Économiste. L’efficacité énergétique doit devenir un réflexe collectif, au-delà des seuls experts.
L’intensité énergétique est calculée à partir du bilan énergétique national, qui inclut les énergies importées (pétrole, gaz, charbon), ainsi que les énergies renouvelables produites localement. Rapporté au PIB, cet indicateur donne une mesure fiable de la performance énergétique du pays, bien que des disparités sectorielles importantes subsistent.
La stratégie énergétique nationale repose sur deux axes : remplacer les énergies fossiles par une électricité à faible intensité carbone, et améliorer la performance énergétique à tous les niveaux. L’augmentation de la part des énergies renouvelables (solaire, éolien, stations de transfert d’énergie par pompage) participe à la décarbonation du mix énergétique. Par ailleurs, le développement des capacités de stockage, notamment grâce à la baisse des coûts des batteries, permet de compenser l’intermittence des sources renouvelables, renforçant ainsi l’efficacité des politiques de maîtrise de la demande.
La voie vers une économie sobre en carbone passe par une consommation d’énergie réduite tout en maintenant ou augmentant la production. Cependant, les progrès réalisés jusqu’à présent restent insuffisants. Le Maroc doit intensifier ses efforts dans les domaines du financement, de l’ingénierie, de la régulation et du changement culturel.
À ce jour, le pays dispose d’une vingtaine d’organismes d’audit énergétique et de trois sociétés de services énergétiques (ESCO): celles de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), d’Attijariwafa bank, et la Société d’Investissement Énergétique (SIE), un ESCO public de grande envergure.
Les organismes d’audit énergétique analysent la consommation totale d’énergie des entreprises ou établissements (bâtiments, flottes de véhicules, procédés industriels) et proposent des plans d’économie d’énergie. Les ESCO vont plus loin en finançant les investissements nécessaires à la mise en œuvre de ces recommandations. Elles se rémunèrent ensuite grâce aux économies d’énergie réalisées, via des contrats de performance énergétique.