Les Inspirations Eco revient, dans sa livraison du jour, sur l’impact du Covid-19 sur les entreprises au Maroc. Ainsi, dans une interview réalisée avec Amine Diouri, directeur Etudes et communication du cabinet Inforisk et responsable du programme Inforisk Dun Trade, le journal décortique les divers défis auxquels seront confrontées les entreprises. «Aujourd’hui, il est extrêmement compliqué de faire une évaluation précise des défaillances d’entreprises dues aux effets du Coronavirus car les tribunaux de commerce, auprès desquels se font les procédures de sauvegarde et de redressement judiciaires, sont quasiment à l’arrêt. Nous n’aurons donc une mesure précise de l’impact de la crise du Covid-19 qu’à la fin du premier semestre», souligne l’expert.
Amine Diouri fait remarquer qu’avec le confinement, il y aura une baisse généralisée et globale du chiffre d’affaires de tous les secteurs, ce qui fragilisera encore plus les entreprises. «Ce sont les délais de paiement qui vont encore plus s’allonger. Avant, si on pouvait dire que les grands donneurs d’ordres et les grandes entreprises privées ne jouaient pas le jeu des délais de paiement, aujourd’hui, elles-mêmes sont clairement impactées par la crise du Covid-19. Autant dire que les grands donneurs d’ordres, les entreprises intermédiaires et les petites entreprises sont plus que jamais pénalisées par les délais de paiement », précise-t-il.
Au sujet des mesures prises par le Comité de veille économique (CVE), l’expert estime que, dans l’immédiat, les mesures prises vis-à-vis des salariés, à travers les indemnisations et la mise en place de Damane Oxygène qui permet justement à des entreprises d’emprunter pour dépasser cette phase, sont très intéressantes. «La situation reste assez maîtrisable mais, dans trois semaines, ces différentes mesures seront-elles suffisantes, surtout si on rallonge la période de confinement? Certainement pas! Il faudra se réajuster. Et pas seulement, puisque ce réajustement coûtera encore plus à l’État pour aider les entreprises et les personnes touchées par la crise sanitaire», ajoute-il.
Amine Diouri souligne aussi que le Maroc a montré une grande capacité d’adaptation à la crise. «Après cette crise et même si elle mobilise beaucoup de ressources, il faudra continuer d’investir dans les secteurs prioritaires. Dans ce sens, l’Etat a un grand rôle à jouer dans la réallocation des investissements, notamment vers les secteurs prioritaires. Il faut également s’appuyer sur une industrie locale forte et ne plus dépendre fortement de l’étranger», conclut l’expert.