Délai de paiement: Rien ne va plus!

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Revue de presseKiosque360. Désormais, les entreprises se retrouvent avec des impayés d’un montant deux fois supérieur que leurs crédits bancaires. Le point sur une situation qui devient intenable.

Le 10/04/2015 à 06h04

344 milliards de dirhams. C’est le montant stratosphérique des factures non encaissées par les entreprises à fin 2013, selon les informations d’Inforisk, relayées par L’Economiste, dans son édition du 10 avril. Et comme les délais de paiement continuent de se dégrader, il est quasi certain que ce chiffre ait augmenté depuis deux ans. Si les facilités de paiement ont toujours existé dans les relations commerciales entre entreprises, la détérioration de la conjoncture a poussé cette pratique dans un cercle moins vertueux. En effet, le crédit inter-entreprise a augmenté de 30% en trois ans, soit deux fois de plus que les crédits bancaires à court terme et représente l’équivalent de 40% du PIB. En cause: la contraction des marges et l’augmentation du poids des intérêts.

Ainsi, les délais de paiements sont de loin la première source de pression sur la trésorerie des entreprises. Même s’ils se sont allongés pour l’ensemble des secteurs, ce sont les sociétés de BTP et de l’immobilier qui trinquent le plus. C’est d’ailleurs la première raison pour laquelle ces deux secteurs d’activité ont recours au fonds de soutien de Bank Al-Maghrib. A titre d’exemple, les fournisseurs sont payés au bout de 270 jours dans l’immobilier (en moyenne) et 167 jours dans le BTP.

Pourtant, la loi sur les délais de paiement entrée en vigueur récemment est censée encadrer le crédit inter-entreprise afin d’éviter l’asphyxie des opérateurs (notamment des PME et des TPE), mais en réalité, le rapport de force ne leur est pas favorable. Les deux tiers des commandes émanent des opérateurs télécoms et des banques, qui imposent très souvent des délais élastiques (normalement fixés à 2 mois). Par peur de perdre leurs clients, les entreprises se laissent faire et n’appliquent pas les 10% de majoration sur la facture lorsque le délai légal de paiement n’est pas respecté. Or, cette non-application de la pénalité de retard est considérée comme une gratification et donc soumise à l’impôt. Autrement dit, le serpent se mord la queue.

Par Sanae El Asrawi
Le 10/04/2015 à 06h04