Le360: ces assemblées se sont penchées sur les défis auxquels fait face l’économie mondiale. Dans ce contexte, quel est le grand challenge à relever aujourd’hui pour les entreprises marocaines?
Mehdi Tazi: ces vingt-cinq dernières années, notre économie et notre nation ont réalisé des progrès considérables grâce à une infrastructure stable et puissante, un régime fiscal adaptable, des mécanismes de formation de plus en plus sophistiqués, des infrastructures techniques favorisant l’inclusion numérique, et une politique sociale renforcée, sous la conduite de Sa Majesté, notamment par la généralisation de l’AMO et l’augmentation progressive du SMIG.
Cependant, chaque étape du développement apporte son lot de défis. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des enjeux structurels, tels que l’énergie et la décarbonation, la sécheresse, le manque d’eau, l’inflation impactant le pouvoir d’achat et le financement des entreprises, ainsi que le niveau d’endettement des entreprises.
Comment peut-on résoudre ces problématiques et accompagner le développement de ces secteurs stratégiques?
Afin de promouvoir le développement des entreprises dans ces secteurs clés pour l’avenir, il est essentiel d’ajuster les réglementations en vigueur, d’adapter la fiscalité et de mettre en place des mécanismes de financement appropriés.
Prenons, par exemple, le secteur de la technologie, en observant les avancées dans d’autres pays qui ont favorisé son expansion. Il est impératif d’afficher une plus grande volonté d’investissement, non seulement par le biais de l’endettement, mais aussi par le capital propre à divers stades de l’évolution. Sans des solutions de financement adaptées pour les entreprises technologiques, un écosystème technologique dynamique ne pourra pas se développer rapidement.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, il est crucial d’ajuster la réglementation. La CGEM a énormément discuté de ce sujet avec les autorités, soulignant la nécessité de modifier la réglementation pour permettre aux entreprises de produire de l’énergie à moyenne tension de manière durable et de réinjecter une partie de cette production dans le réseau.
Il n’existe pas de réponse universelle aux nouveaux défis de l’époque, car chaque secteur requiert des réponses spécifiques pour progresser rapidement.
Le partenariat Maroc-Afrique a été également au cœur du débat. Comment peut-on mieux exploiter les potentiels de cette coopération?
Je ne pense pas que l’on devrait évoquer un partenariat Maroc-Afrique, mais plutôt parler d’une collaboration entre le Maroc et les pays africains avec lesquels nous commerçons. Le grand défi actuel réside dans la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), qui reste pour l’instant une intention sans concrétisation sur le terrain. Ce que nous observons, c’est que sur le plan des échanges, il existe peu d’intégration entre les pays africains.
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Avec 54 pays, nous sommes confrontés à 54 économies distinctes avec peu d’infrastructures reliant ces nations et des monnaies différentes. Certaines régions ont réussi à progresser vers une intégration, comme la zone des pays d’Afrique de l’Ouest, qui partage une monnaie commune et des réglementations communes dans certains secteurs tels que la banque et l’assurance. Cette intégration est essentielle pour créer de la richesse.
Ce manque d’intégration a des conséquences négatives, le manque d’échanges fragilise les monnaies et les économies. Je suis convaincu que tout le monde reconnaît ces enjeux, mais il est impératif de travailler activement pour accélérer ce processus d’intégration.