Dakhla, l’ambition atlantique d’un hub économique et durable à l’horizon 2035

Vue aérienne de la ville de Dakhla.

Revue de pressePortée par des investissements publics et privés d’envergure, Dakhla s’engage dans une transformation profonde qui pourrait en faire l’un des pôles économiques les plus stratégiques du Royaume. Infrastructures portuaires, transition énergétique, innovation et savoir dessinent les contours d’une ville nouvelle, pensée comme un hub logistique et technologique reliant le Maroc à l’Afrique atlantique. L’éclairage de Khalid Kabbadj, économiste et expert en investissement et en gestion de patrimoine. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News.

Le 23/12/2025 à 19h45

Portée par une vision stratégique de long terme et des investissements massifs, Dakhla s’affirme progressivement comme l’un des projets territoriaux les plus ambitieux du Royaume. À l’horizon 2030-2035, la ville aspire à devenir un hub logistique et économique majeur reliant le Maroc à l’Afrique atlantique. Cette dynamique repose sur une recomposition profonde des équilibres économiques régionaux, où infrastructures, transition énergétique et innovation jouent un rôle central.

Dans un entretien accordé au magazine Finances News Hebdo, Khalid Kabbadj, économiste et expert en investissement et en gestion de patrimoine, explique que la transformation de Dakhla est avant tout le fruit de la convergence entre investissements publics structurants et intérêt croissant des capitaux privés internationaux. «Dakhla est engagée dans une transformation stratégique de grande ampleur», souligne-t-il, rappelant que le futur plan urbain porté par la CDG offre un cadre clair et sécurisé aux opérateurs économiques. Le projet du port de Dakhla Atlantique, dont la mise en service est prévue pour 2028, constitue un tournant décisif. «Il ouvrira des opportunités majeures pour les entreprises dans le transport maritime, la logistique internationale, l’industrie portuaire et les activités liées à la pêche et à la transformation des produits de la mer», explique-t-il, convaincu que cette infrastructure positionnera la ville comme un pôle économique atlantique de premier plan.

Le caractère encore largement vierge de Dakhla représente, selon l’expert, un atout stratégique rare. «Le caractère encore vierge de Dakhla constitue un avantage stratégique exceptionnel, à condition d’être exploité avec méthode et vision», affirme-t-il. Cette situation permet de concevoir, dès l’origine, une ville durable, sans reproduire les erreurs des grandes métropoles. Le régime de vents quasi permanent, près de 300 jours par an, confère à la région un potentiel considérable pour les énergies renouvelables. «La durabilité n’est pas un supplément, elle doit constituer l’ADN de la ville», insiste Kabbadj, plaidant pour une intégration pleine de l’énergie verte, de la mobilité propre et des bâtiments à haute performance énergétique dans le projet urbain. À l’inverse, il met en garde contre «une croissance rapide, non maîtrisée, déconnectée des capacités naturelles et sociales du territoire», qui risquerait d’entamer l’attractivité internationale de la ville.

«La vocation de Dakhla comme hub logistique ne peut toutefois se limiter aux seules infrastructures», souligne Finances News. Pour Khalid Kabbadj, l’enjeu est d’adopter une approche intégrée combinant économie, maritime et savoir. «Le positionnement de Dakhla comme hub logistique doit reposer sur une approche intégrée, à la fois économique, maritime et académique», estime-t-il. Au-delà de la logistique portuaire et du transport maritime international, il plaide pour le développement d’un pôle académique reliant le Maroc à l’Atlantique Sud. «Dakhla a vocation à devenir un hub académique reliant le Maroc et l’Atlantique du Sud, dessinant ainsi un nouveau corridor stratégique atlantique», explique-t-il, voyant dans ce corridor un catalyseur d’innovation, de recherche appliquée et de formation de compétences adaptées aux économies atlantiques.

Les conventions stratégiques et les investissements privés jouent également un rôle déterminant dans cette dynamique. Dakhla se positionne, selon Kabbadj, comme un hub technologique et durable grâce à des projets structurants dans le cloud, l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables et la logistique. «Dakhla ne se limite pas à son développement urbain, mais devient un moteur économique régional», affirme-t-il, évoquant un effet d’entraînement positif sur l’ensemble des provinces du Sud. L’intégration de la région dans les chaînes de valeur mondiales, portée par le port et par des investissements internationaux, favorise une diffusion des compétences, des bonnes pratiques et de l’innovation à l’échelle régionale.

La transition énergétique et le potentiel maritime constituent, dans cette vision, des piliers indissociables de la compétitivité future de Dakhla. «La transition énergétique et le potentiel maritime offrent à Dakhla une opportunité stratégique pour bâtir une économie résiliente et compétitive», souligne Kabbadj. Le développement de l’éolien, du solaire et de l’hydrogène vert permettrait non seulement de sécuriser l’approvisionnement énergétique, mais aussi d’attirer des industries à forte valeur ajoutée. Parallèlement, la pêche, l’aquaculture, la transformation locale des produits et le tourisme nautique renforcent la diversification économique. La convergence entre énergie propre et économie maritime constitue, selon lui, un facteur clé d’attractivité face aux exigences environnementales internationales.

À l’horizon 2030-2035, l’innovation et les technologies numériques devraient jouer un rôle structurant dans la modernisation de la ville, souligne encore Finances News. «L’innovation et les technologies numériques, en particulier l’intelligence artificielle, peuvent jouer un rôle structurant dans la modernisation de Dakhla», affirme l’expert. L’IA et la donnée permettraient d’optimiser la planification urbaine, la gestion des infrastructures, de l’eau et de l’énergie, tout en améliorant la gouvernance territoriale. Dans les secteurs clés comme la pêche, la logistique, les énergies renouvelables ou le tourisme, le numérique favorise la compétitivité, la traçabilité et la création de start-up locales. «Le numérique favorise également l’émergence de start-up locales et l’attraction d’entreprises innovantes», souligne Kabbadj, insistant sur son rôle dans l’ancrage des talents et la limitation de l’exode des compétences.

Ces transformations devraient enfin se traduire par une amélioration tangible de la qualité de vie des habitants. «Les transformations économiques, énergétiques et technologiques engagées à Dakhla auront un impact profond sur la qualité de vie des habitants», estime Kabbadj. La modernisation des infrastructures, la création d’emplois qualifiés, l’élargissement de l’accès à la formation et aux services numériques renforceront le bien-être, la cohésion sociale et le développement humain. Le recours aux énergies propres et la gestion durable des ressources contribueront également à un environnement plus sain. « C’est à cette condition que Dakhla ne se contentera pas de se développer, mais s’imposera comme une référence d’avenir », conclut-il, voyant dans la ville un modèle de développement équilibré, conciliant ambition économique, progrès social et qualité de vie durable.

Par La Rédaction
Le 23/12/2025 à 19h45