La crise actuelle se révèle être une course de fond éprouvante, et la pente de la relance promet d’être raide pour les entreprises. C’est le constat général que dresse la CGEM dans son «baromètre Covid-19» diffusé le 24 juillet 2020. Les craintes des chefs d’entreprises, par rapport à l’inefficacité des mécanismes de financement de la relance mis en place par l’Etat via la CCG, se vérifient aujourd’hui.
Des chefs d’entreprises interrogés par Le360 estimaient déjà au début du mois de juillet que les conditions d'éligibilité de ce crédit, imposées par la CCG, peuvent freiner son efficacité.
Lire aussi : Les conditions d’éligibilité au crédit Damane Relance peuvent-elles freiner son efficacité?
Ce fait se matérialise aujourd’hui par les statistiques révélées par la CGEM. Les entreprises sondées se détournent des mécanismes de financement de la relance garantis par l’Etat, lancé sur le marché bancaire depuis la mi-juin 2020.
Ces mécanismes de garantie concernent, rappelons-le, «Damane TPE» et «Damane Relance». Ces deux crédits distribués par toutes les banques de la place consistent à financer les besoins des entreprises en fonds de roulement. Ils sont remboursables sur une période de 7 ans, avec une période de grâce de 2 ans.
«Damane TPE» cible les Très Petites Entreprises, y compris les commerçants, artisans, coopératives et professions libérales. Il garantit à hauteur de 95% les prêts des entreprises générant un chiffre d'affaires annuel de moins de 10 millions de DH. Le montant est plafonné à 10% du chiffre d’affaires, avec un minimum de 10.000 dirhams de ligne de crédit octroyée.
Quant à la ligne de crédit Damane Relance, celle-ci est destinée aux PME et aux grandes entreprises réalisant un chiffre d’affaires compris entre 10 et 500 millions de dirhams. Le montant du crédit garanti est de 1,5 mois de chiffre d’affaires pour le secteur industriel et 1 mois pour les autres secteurs. Le taux d’intérêt appliqué, quant à lui, est plafonné à 3,5%.
Lire aussi : Loi de finances rectificative: la CCG transformée en SA et dotée de 5 milliards de DH supplémentaires
La CGEM révèle que «seules 35% des entreprises questionnées prévoient d’utiliser Damane Relance». Même si le panel questionné est relativement important, il ne révèle pas toute l’ampleur de cette situation.
Selon l’OMPIC (Office marocain de la propriété industrielle et commerciale), il y a 1,8 million d’entreprises immatriculées au Maroc à fin 2019 (dont les deux tiers sont des personnes physiques).
Le panel sondé par la CGEM, qui a porté sur 3.304 entreprises, dont 88,7% sont des TPME, emploie près d’un demi-million de personnes. C’est autant que ce qu’emploie l'ensemble des activités de la chaîne de valeur du tourisme.
Le patronat explique ce manque d’engouement d’une part, par le fait que «les critères d’éligibilité sont dissuasifs, notamment le ratio afférent à la capacité d’endettement» et, d’autre part, par le fait que «la population dont le dossier a été rejeté pour Damane Oxygène ne projette pas de soumettre une nouvelle demande de financement».
Dans une déclaration à notre confrère L’Economiste, Chakib Alj, Président de la CGEM, estime que «les banques ont fait le nécessaire». Et d’ajouter «qu’il y a un goulot d’étranglement au niveau de la CCG».
Hormis la lenteur et la durée plus ou moins longue des traitements des demandes, le patronat pointe du doigt les critères d’éligibilité imposés aux entreprises par la CCG.
La CGEM espère obtenir auprès de cette institution «des concessions sur les critères d’éligibilité d’octroi des crédits Relance», selon son président.