Dans son dernier rapport semestriel sur les perspectives alimentaires mondiales, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO) indique que «la production de blé au Maroc devrait reculer de près de 40 % en 2024 par rapport à l’année précédente, pour atteindre 2,5 millions de tonnes, ce qui est inférieur à la moyenne». Pour compenser cette diminution de la production intérieure, les importations pourraient augmenter de 19% pour atteindre 7,5 millions de tonnes cette année, relate le magazine L’Observateur du Maroc et d’Afrique.
La FAO note également que le Maroc se classe sixième parmi les dix principaux importateurs de blé dans le monde cette année. L’Égypte est en tête, avec des importations prévues de plus de 12 millions de tonnes, suivie de l’Indonésie avec environ 12 millions de tonnes, la Turquie avec plus de 10 millions de tonnes, la Chine avec 9 millions de tonnes et l’Algérie avec plus de 8 millions de tonnes. Derrière le Maroc se trouvent le Bangladesh, les Philippines et le Nigéria.
Sur la base de ces statistiques, et cité par l’hebdomadaire, l’économiste Mohamed Jadri prévoit des difficultés importantes pour l’économie marocaine cette année. «C’est la troisième année consécutive, et la cinquième en six ans, que le pays souffre d’une grave pénurie d’eau, impactant directement l’économie. La loi de finances avait prévu un taux de croissance de 3,7%, basé sur une production agricole de 75 millions de quintaux de céréales. Cependant, selon les dernières prévisions du ministère de l’Agriculture, il est probable que la production agricole marocaine n’excède pas 32 millions de quintaux de blé, ce qui affectera inévitablement le taux de croissance», analyse-t-il. La croissance pourrait se situer entre 2,5% et 2,8% au lieu des 3,7% anticipés.
Le fait est que la production nationale, estimée à 32 millions de quintaux, est largement inférieure à la consommation nationale, qui dépasse les 100 millions de quintaux. Par conséquent, le gouvernement marocain devra importer entre 60 et 70 millions de quintaux de céréales pour satisfaire la demande nationale.
Ces importations payées en devises. «L’année dernière, la facture des céréales a dépassé les 80 milliards de dirhams. Cette année, nous pourrions bien dépasser les 100 milliards de dirhams en importations de céréales, ce qui affectera encore une fois négativement la balance commerciale. Ce problème ne sera pas résolu tant que la question de l’eau n’est pas traitée de manière adéquate, et cela ne semble pas possible avant 2026 ou 2027», ajoute l’expert.