Ce qui freine l’exécution des grands projets pour lutter contre le stress hydrique, selon la Cour des comptes

Le stress hydrique donne lieu parfois à une réduction du débit, voire des coupures d’eau.

Dans son rapport annuel au titre de 2023-2024, la Cour des comptes a fait la liste des risques susceptibles de freiner la mise en œuvre des grands chantiers pour lutter contre le stress hydrique.

Le 16/12/2024 à 17h05

Dans son rapport annuel au titre de 2023-2024, la Cour des comptes a cité les risques qui menacent l’atteinte des objectifs de la politique nationale dans le domaine de l’eau: aggravation de la situation hydrique due à une accentuation du changement climatique, retard des projets de dessalement, reconversion à l’irrigation localisée, interconnexion des bassins hydrauliques et des projets de barrage, en particulier dans les zones à forte pluviométrie.

Elle cite également le risque relatif au retard de réalisation du projet de liaison électrique pour le transport de l’énergie renouvelable du sud du pays vers le centre et le nord afin d’alimenter les stations de dessalement en énergie propre, mais également la problématique de mobilisation du financement nécessaire, l’importance des coûts de traitement, de transport et de distribution des eaux usées et le suivi de la qualité des eaux.

Concernant les barrages, l’institution supérieure de contrôle de l’utilisation des fonds publics relève que certains grands projets, dont la réalisation avait commencé avant le lancement du programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI), enregistrent un retard par rapport aux prévisions.

Il s’agit notamment, précise-t-elle, des barrages de M’dez (province de Sefrou), Targa Ou Madi (province de Guercif), ainsi que du projet de reconstruction du barrage Sakia El Hamra (province Laâyoune).

Ce retard est principalement causé par les résiliations des marchés de travaux, explique-t-elle, signalant, toutefois, que de nouveaux marchés d’achèvement ont été lancés, que le barrage de M’dez a été mis en eau en février 2024 et que l’achèvement des deux autres barrages est prévu pour 2026.

La surexploitation des eaux souterraines s’est aggravée

S’agissant de la gestion de la demande et de la valorisation de l’eau, le rapport annuel de la cour note que les efforts déployés pour moderniser les réseaux d’irrigation collective et promouvoir l’irrigation localisée n’ont pas permis de stabiliser la demande en eau destinée à cet usage, soulignant que le problème de la surexploitation des eaux souterraines s’est aggravé.

Pour ce qui est de la réutilisation des eaux usées traitées, il relève qu’elle reste limitée aux secteurs industriels et à l’arrosage des espaces verts, alors que son usage dans l’agriculture, signale-t-il, demeure insignifiant en raison de l’absence de dispositifs institutionnels et juridiques encadrant le partage des coûts entre les gestionnaires des stations de traitement et les agriculteurs. Dans l’agriculture, l’usage des eaux usées traitées est aussi limité par le manque de normes fixant la qualité des eaux usées à réutiliser en agriculture.

Face à ces constats, la cour a émis une série de recommandations à destination de certains départements ministériels. Ainsi, elle recommande au ministère de l’Équipement et de l’Eau de renforcer la gestion intégrée des ressources en eau en veillant à la préservation des réserves stratégiques en eaux souterraines et à l’encouragement du recours aux ressources non conventionnelles.

Ce que recommande la Cour des comptes

La Cour des comptes recommande d’avoir recours au dessalement de l’eau de mer, à la réutilisation des eaux usées traitées et à la collecte des eaux pluviales, de réduire les pertes dans les réseaux de transport et de distribution de l’eau, de mieux protéger les barrages contre l’envasement et d’accélérer la réalisation des projets relatifs à l’interconnexion des bassins hydrauliques.

L’institution recommande aussi au ministère de l’Economie et des finances de mobiliser les financements nécessaires à la mise en œuvre de programmes répondant aux défis posés et au ministère chargé de l’Agriculture d’accélérer les programmes de reconversion à l’irrigation localisée.

Elle a enfin recommandé aux ministères chargés de l’Intérieur, de l’Équipement et de l’Eau, de l’Agriculture et de la Transition énergétique de développer les synergies «eau-énergie-agriculture» permettant la convergence de ces trois secteurs.

Par Lahcen Oudoud
Le 16/12/2024 à 17h05