Mise à jour du programme accordé par la Banque mondiale à la commune de Casablanca. Bien plus qu'un simple prêt dont le montant a augmenté de 100 millions de dollars, il s'agit surtout d'une feuille de route à suivre pour les dirigeants de la métropole, tenus d'atteindre des objectifs bien précis dans les délais impartis. Les décaissements de cette manne – censée être investie dans des projets structurants d'ici la fin du programme en 2026 – dépendent d'ailleurs des résultats liés au développement.
Il s'agit par exemple d'augmenter chaque année les recettes propres de la municipalité de 10% jusqu'en en 2025. Cela conditionne le décaissement de la moitié de ce prêt et ne pourrait être rendu possible sans la modernisation du système de gestion des revenus de la commune.
Une nouvelle SDL créée, Casa Mawarid, est au cœur de ce processus. Sauf que l'entrée en service de cette structure accuse déjà du retard comme le souligne le rapport accompagnant ce nouveau contrat avec la Banque mondiale.
«L'opérationnalisation de la Société de Développement Local (SDL) Casa Mawarid sera prolongée pour tenir compte des retards enregistrés dans sa réalisation, avec une finalisation prévue pour la fin de l'année 2023. Cette mesure sera prise en compte dans le cadre d'une restructuration parallèle. Des clarifications supplémentaires seront introduites dans son protocole de vérification», peut-on lire dans ce document.
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Casa Mawarid n'est pas l'unique SDL à être incluse dans le déploiement de ce programme adossé à des performances institutionnelles, financières et opérationnelles. En plus des structures déjà impliquées dans le prêt initial, Casa Baia fait son entrée et se taille même la part du lion dans les investissements à mobiliser dans les années à venir.
Casa Baia: 429 MDH à mobiliser
Espaces verts, gestion des eaux usées et pollution atmosphérique, voici le triptyque des défis à relever pour Casa Baia, qui devrait investir dans les 429 millions de dirhams sur la durée du prêt-programme. Un guide technique environnemental et social définira une méthodologie pour la catégorisation des sous-projets en fonction de leur risque environnemental et social, tout en identifiant les mesures d'atténuation. Casa Baia devrait même nommer un point focal pour superviser les activités prévues par ce financement additionnel. «Le descriptif de ce nouveau poste a même été soigneusement établi dans l'addendum envoyé par la Banque mondiale», souligne un connaisseur du dossier.
La SDL prévoit de réaménager ou de créer des espaces verts dans 26 quartiers de la ville. Et l'eau d'irrigation, actuellement fournie par la Lydec, devrait désormais être puisée dans six petites unités de traitement qui fourniront les golfs et les espaces verts dans les régions de Casablanca et Mohammadia.
Le renforcement de l'action climatique de la commune de Casablanca consiste également en le soutien des efforts de la ville pour réduire la facture de l'éclairage public. D'ici la fin de l'année 2023, une feuille de route des investissements et des interventions devra être établie dans ce sens.
Ces futures réalisations environnementales conditionnent des décaissements de l'ordre de 25 millions de dollars, y compris les 8 millions de dollars du prêt initial.
Casa Patrimoine: des actifs à valoriser
Le foncier communal, estimé à 75 milliards de dirhams, constitue une bonne garantie pour ce prêt de la Banque mondiale, pour lequel les remboursements n'ont pas encore démarré. La SDL, chargée de valoriser ce trésor, sera amenée à mobiliser 326 millions de dirhams pour des travaux de réhabilitation mais aussi pour améliorer la gestion des actifs municipaux.
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C'est d'ailleurs la Banque mondiale qui avait financé un inventaire complet et une évaluation de ces actifs dans le cadre du premier programme. Ce dernier est en cours de finalisation et figure même parmi les réalisations liées à un décaissement de 2 millions de dollars. «Cela rentre dans le cadre de la modernisation des systèmes de gestion de revenus de la commune, sachant que ces actifs ne représentent que 0,6% des recettes», explique une source proche du dossier.
Désormais, il s'agit de s'appuyer sur cet inventaire pour élaborer une stratégie et une feuille de route opérationnelle, censée clarifier et prioriser les actions nécessaires pour l'amélioration des revenus issus des actifs municipaux immobiliers mais aussi l'optimisation de leurs coûts d'exploitation et de maintenance. Un travail qui devrait être bouclé avant la fin de l'année prochaine.
Dépenses à engager pour les SDL
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Casa Aménagement: un réseau routier à réhabiliterCe financement additionnel vise également le renforcement de la durabilité des principales infrastructures municipales par le biais d'opérations de maintenance ciblées. Déjà, le prêt initial avait permis à Casa Aménagement de construire ou de réhabiliter 103 kilomètres de routes (sur 116 prévus). Désormais, le financement de la Banque mondiale se concentre sur l'entretien efficace des routes municipales. «Des investissements fragmentés et en silos sont actuellement réalisés par plusieurs parties prenantes, ce qui souligne la nécessité d'une approche coordonnée des investissements», notent les spécialistes.
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Un diagnostic du réseau routier municipal devrait être réalisé d'ici fin 2023 pour se lancer dès l'année suivante, dans une planification annuelle des opérations de mise à niveau. La sécurité des travailleurs et des utilisateurs de l'infrastructure, ainsi que le contrôle de la poussière et du bruit seront des clauses indiscutables pour les entreprises qui se chargeront de ces travaux de réhabilitation et d'entretien, qui concerneront au moins 32 ponts d'ici fin 2025. Les décaissements prévus par la Banque mondiale suite à l'atteinte de ces objectifs s'élèvent à 12 millions de dollars.
Casa Prestations: la numérisation à la traîne
Quelque 59 millions de dirhams sont alloués à Casa Prestations pour une meilleure numérisation de l'administration municipale. Celle-ci a déjà fait des progrès avec la dématérialisation des procédures pour la délivrance des autorisations liées à l'urbanisme et des licences commerciales. La plateforme numérique «Rokhas» est devenue opérationnelle et avait même permis le décaissement de 14,6 millions de dollars en 2019 du prêt initial.
Mais cela n'a pas été le cas pour l'ensemble des projets numériques de la métropole qui a l'ambition de devenir une ville intelligente. La plateforme de Gestion de la Relation Citoyenne (Chikaya) n'est pas déployée au même rythme et n'est pas utilisé dans la même mesure par les 16 arrondissements de Casablanca. Il s'agit ainsi de rattraper ce retard d'ici la fin de cette année.
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La numérisation effective de l'administration municipale pour une prestation de services de qualité et une meilleure responsabilisation vis-à-vis des citoyens est un nouveau baromètre introduit par ce financement additionnel. La commune est tenue de suivre les doléances exprimées par les citoyens mais aussi la manière dont elles sont traitées. Le pourcentage de griefs traités conditionnera même le décaissement de 2 millions de dollars restés en suspens du financement initial.
«L'opérationnalisation et la pleine appropriation au niveau local avec une utilisation efficace des plateformes numériques municipales sont encore un problème», notent les experts. Une unité dédiée au sein de Casa Prestations devrait donc assurer le déploiement et la mise en œuvre effective des différentes plateformes numériques. Ce nouveau rôle devrait être inclus dans l'amendement au protocole d’accord qui lie la mairie à Casa Prestations, censé être adopté avant la fin de l'année prochaine.