Bientôt des food trucks à Casablanca: inquiets, les restaurateurs dénoncent une «activité illégale»

Mohamed M'hidia, wali de la région de Casablanca-Settat et gouverneur de la préfecture de Casablanca, et Nabila Rmili, maire de Casablanca.

Après les cafés ambulants, la ville de Casablanca va bientôt accueillir ses premiers camions-restaurants. La décision approuvée récemment par le conseil de la ville, autorisant l’activité de «food truck», ne fait pas sourire les restaurateurs, inquiets face à cette nouvelle concurrence.

Le 28/11/2023 à 10h20

Validée par les élus de la ville, la décision autorisant l’activité des food trucks à Casablanca attend encore l’aval du nouveau wali, Mohamed M’hidia, étape ultime avant son entrée en vigueur. Si le wali ne s’y oppose pas, ces camions-restaurants devraient, à l’instar des grandes métropoles mondiales, arpenter le bitume de Casablanca en contrepartie d’une redevance à payer aux services de la Commune.

Face à cette nouvelle concurrence, la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide (FMCR) ne cache pas son inquiétude quant aux retombées sur les restaurateurs, de moins en moins nombreux, qui résistent encore à la crise. Son secrétaire général, Mohamed Abdelfadl, attire l’attention sur «le caractère illégal» des food trucks, en se référant à la loi encadrant le patrimoine immobilier des collectivités territoriales. Celle-ci, dans son article 5, stipule que «le domaine public des collectivités territoriales ne peut faire l’objet d’une cession, d’une saisie ou d’une propriété par prescription, et il ne peut faire l’objet de droits immobiliers ou de tout autre droit, notamment le droit au bail commercial et au fonds de commerce».

La FMCR est d’autant plus choquée de voir ces food trucks autorisés à exercer à l’intérieur du périmètre urbain de Casablanca, alors que dans d’autres pays, cette activité est limitée aux zones ne disposant pas d’assiette foncière commerciale.

Mohamed Abdelfadl se dit étonné de voir la commune de Casablanca, rien que pour une poignée de recettes fiscales supplémentaires (au titre de la redevance d’occupation temporaire du domaine public), sacrifier des millions de dirhams de recettes collectées chaque année auprès des restaurants classiques (taxe sur débit de boissons, taxe professionnelle, taxe sur les panneaux publicitaires, etc.). La FMCR soulève ici clairement un soupçon de concurrence déloyale qui pourrait découler d’une situation de distorsion fiscale entre les restaurants classiques et les food trucks.

La question se pose également de savoir si, en matière d’hygiène, de salubrité et sécurité alimentaire, les food trucks casablancais seront soumis aux mêmes normes imposées aux restaurants.

Par Wadie El Mouden
Le 28/11/2023 à 10h20