Bank Al-Maghrib: les Marocains épargnent de moins en moins

Les comptes d’épargne continuent de perdre du terrain face aux comptes à vue.

Les Marocains déposent de moins en moins leur argent dans des comptes d’épargne. C’est ce que montrent les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib sur l’activité bancaire. Il en ressort aussi que le nombre des agences bancaires continue de baisser au fil des années.

Le 23/01/2024 à 14h05

Les citoyens optent de moins en moins pour l’épargne. Ce constat, déjà relevé par le Haut-Commissariat au plan (HCP), est confirmé par les derniers chiffres publiés par Bank Al-Maghrib (BAM) sur l’activité bancaire. Il ressort, en effet, du tableau de bord du système bancaire à fin juin 2023 que les comptes d’épargne continuent de perdre du terrain face notamment aux comptes à vue (qui servent à effectuer les opérations financières quotidiennes comme les paiements, les virements, les retraits…). La part des comptes d’épargne dans la structure des dépôts de la clientèle est passée de 16,5% à fin 2021 à 15,9% un an plus tard, puis à 15,8% à fin juin 2023. En revanche, la part des comptes à vue créditeurs continue d’augmenter, passant de 67,2% à fin 2021 à 69,3% à fin juin dernier. Pour les dépôts à terme, leur part recule de 13,4% à fin 2021 à 12,2% à fin juin 2023.

À rappeler qu’un sondage auprès des ménages publié par le HCP le 16 de ce mois de janvier indique que ces derniers sont toujours pessimistes sur leur capacité future à épargner. L’indice de confiance des ménages (ICM), qui repose sur ce sondage, relève qu’au quatrième trimestre de 2023, seuls 9,6% des ménages s’attendent à épargner au cours des 12 prochains mois.

Le crédit à long terme toujours en pole position

S’agissant de l’endettement, les chiffres de la banque centrale montrent que la part des crédits à long terme se maintient à la première position (36,3%) dans la structure des crédits en fonction du terme, contre 31,6% pour les crédits à court terme et 23,5% pour le moyen terme.

Il ressort également du tableau de bord du système bancaire à fin juin 2023 que le nombre des agences bancaires n’en finit pas de diminuer, en raison, à l’évidence, de la montée de la digitalisation des services bancaires. Il a, en effet, baissé de 74 agences en six mois, s’élevant à 5.641 à fin juin 2023. Ce qui s’est traduit par un accroissement du nombre d’habitants par guichet qui passe à 6.532, au lieu de 6.416 à fin 2022 et 6.176 à fin 2021.

Des profits en nette hausse pour les banques marocaines

Par ailleurs, le premier semestre 2023 a été marqué, selon les chiffres de BAM, par une montée des profits des banques marocaines. Ces dernières ont affiché un résultat net en hausse de 13,6% par rapport au premier semestre 2022, se chiffrant à 9,3 milliards DH. De même, le ROE (Résultat net/Moyenne des fonds propres) s’est amélioré de 7,9%, se situant à 11,8% à fin juin dernier, le taux de rendement moyen des emplois (11,1%, s’élevant à 4,43%), de la marge globale d’intermédiation (3,5% à 3,16%).

Le secteur a également connu une nette progression du produit net bancaire (9% à 30,2 milliards DH), du Résultat brut d’exploitation-RBE (12,2% à 16,7 milliards DH).

Concernant les indicateurs d’activité, le tableau de bord du système bancaire à fin juin 2023 fait état d’une augmentation du total bilan de 6,5%, à 1.737 milliards DH, avec une part de 62,1% du total-actif pour les 3 premières banques du pays, soit le même niveau qu’à fin juin 2022. Les dépôts clientèle se sont améliorés, quant à eux, de 5,4%, se chiffrant à 1.139 milliards DH, avec une part de 63,8% pour les 3 premières banques, contre 63,6%, un an plus tôt.

Les créances en souffrance brutes ont atteint 92,3 milliards DH, en hausse de 5,8%. Elles sont à un taux de 8,6% à fin juin dernier, contre 8,5%, il y a un an. Ces créances sont couvertes à 68% par les provisions, contre 67% un an auparavant.

Mourabaha automobile n’arrive pas à décoller

En outre, les chiffres de BAM relèvent que les banques à capital privé majoritairement marocain ont renforcé leurs parts dans les guichets bancaires (58,1%), les actifs (63,5%), les dépôts (64,7%) et les crédits (60,9%).

Les banques à capital majoritairement public détiennent, quant à elles, respectivement 31,2% des guichets bancaires, 21,6% des actifs, 19,8% des dépôts et 20% des crédits. Le reste des parts est détenu par les banques à capital majoritairement étranger.

S’agissant de l’activité des banques participatives, le tableau de bord du système bancaire à fin juin 2023 montre que les financements participatifs par Mourabaha ont connu une hausse de 20,6%, s’élevant 25,8 milliards DH, dont Mourabaha immobilière (17,4%), Mourabaha automobile (-0,8%) et Mourabaha équipement (91,5%). Les dépôts à vue de la clientèle de ces banques se sont renforcés de 32,2% sur un an, atteignant 7,67 milliards DH et les dépôts d’investissement de 29,7%, se chiffrant à 2,5 milliards DH.

Pour ce qui est du micro-crédit, l’encours a connu une baisse de 3,5%, avec 8,4 milliards DH à fin juin 2023.

Par Lahcen Oudoud
Le 23/01/2024 à 14h05