Automobile: faut-il s’attendre à une hausse des prix sur le marché du neuf?

DR

Victime collatérale du Covid-19, le marché automobile marocain a pu retrouver son dynamisme en 2021 après une année de crise. La perturbation des chaînes de production et l’entrée en vigueur d’une nouvelle norme anti-pollution devraient néanmoins faire subir une augmentation sur les prix des véhicules neufs... En attendant un retour à la normale.

Le 25/01/2022 à 19h45

Pas moins de 175.000 véhicules neufs ont été vendus à fin 2021 au Maroc, soit une progression de 5,7% par rapport à 2019. Toutefois, la pénurie de semi-conducteurs a perturbé les performances du secteur et va donc sans conteste impacter le prix d’achat de voitures neuves. 

«On boucle l'année 2021 sur une note positive avec une progression de 31,5% par rapport à l'année précédente et de 5,7% par rapport à 2019, mais cette performance aurait pu être meilleure si nous n’avions pas eu des problèmes de stock», explique, interrogé par Le360, Adil Bennani, président de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM). 

«Au premier semestre de 2021, nous avons enregistré 15% de croissance, alors qu'au cours du deuxième semestre, nous avons enregistré une baisse de 6%. Nous estimons que cette baisse représente environ dix mille véhicules», précise-t-il.

Plombée par la baisse de l’offre sur le marché international, la reprise du marché automobile au Maroc s'est accompagnée d’une hausse significative du prix des véhicules neufs. 

«A cause de la pénurie, les constructeurs fabriquent moins de véhicules, ceux qui produisaient 120 voitures avant, se sont limités à 80 cette année, le seul moyen de compenser le manque à gagner est d’augmenter les prix, c’est ce qui a été fait. Et c’est ce que les revendeurs ont répercuté à leur tour sur leur prix final», explique Adil Bennani.

«La hausse s'est situé autour de 3% mais les variations de l’euro nous ont permis d’absorber une bonne partie de cette augmentation, nous avons également revu nos remises et baissé nos marges, ce qui a permis de limiter la hausse des prix sur le marché qui aurait pu être beaucoup plus importante», relativise toutefois le président de l’AIVAM.

Cette hausse des prix devrait-elle se poursuivre cette année? Pour Adil Bennani, un retour à la normale ne pourra pas être envisagé avant l’année prochaine, les perturbations dans l’industrie des semi-conducteurs devant continuer à impacter la productivité des constructeurs au cours des prochains mois.

«Le problème des stocks va continuer cette année encore. Il y a une forte demande sur les composants électroniques et les semi-conducteurs que les capacités de production actuelles ne peuvent toujours pas satisfaire. Nous allons continuer à subir l’impact de cette pénurie pendant au moins le premier semestre de l’année, un peu moins durant le deuxième semestre, pour un retour à la normale à partir de 2023», espère-t-il.

Nouvelle norme écologique Au-delà de la pénurie des composants, un autre paramètre devrait impacter le prix des véhicules sur le marché du neuf, celui de l’entrée en vigueur de la nouvelle norme écologique Euro6 B au Maroc, attendue dès le 1er janvier 2023.

Tout comme les normes européennes précédemment adoptées, cette sixième évolution fixe des seuils d'émissions de gaz polluants (l’oxyde d'azote (NOx), le monoxyde de carbone (CO), les particules fines et les hydrocarbures imbrûlés).

Dès le 1er janvier 2023, donc, aucun véhicule dont la norme ne correspond pas à celle qui aura été édictée ne pourra être homologué. «Nous avons un moratoire d’une année à partir de l’entrée en vigueur de la nouvelle norme. Dès le premier janvier 2024, si nous gardons dans nos stocks de véhicules qui ne sont pas conformes à la norme Euro6 b, nous ne pourrons pas les immatriculés», explique Adil Bennani.

Pour se conformer aux nouvelles exigences écologiques du marché, les importateurs ont d’ores et déjà adapté leur carnet de commande. Selon le président de l’AIVAM, plus d’un tiers des véhicules homologués ces deux dernières années sont déjà en Euro 6 b, et cette tendance devrait s’accélérer cette année afin d'anticiper l’entrée en vigueur de cette nouvelle norme.

Si technologiquement, les motorisations Euro 6 b sont plus abouties et plus performantes, le passage de la norme Euro 4 à Euro 6 s'accompagne d’une augmentation du prix des véhicules. «Si aujourd'hui une marque a une motorisation Euro 4 et va passer directement à l’Euro 6, il faut s’attendre à une hausse de 6 à 7% des prix en moyenne. Pour les véhicules utilitaires, l’augmentation du prix est plus importante, et peut varier entre 10% et 15%», explique Adil Bennani.

Afin d'accompagner le déploiement de cette nouvelle norme, le dispositif normatif et réglementaire qui régit la qualité des carburants a également été actualisé. Le carburant Euro 6 est ainsi commercialisé au Maroc depuis janvier 2022, et devrait se généraliser dans l’ensemble des stations-services dès le mois de mai 2022.

«Ce n’est pas parce que vous avez adopté la norme Euro 6 B que les distributeurs vous ouvrent leur catalogue. Les constructeurs doivent s'assurer de la disponibilité du carburant adéquat pour pouvoir introduire des motorisations nouvelle génération sur le marché», précise Adil Bennani.

Les constructeurs devront ainsi faire des prélèvements et effectuer leurs propres tests au cours des tous prochains mois, pour finaliser les discussions avec les mandataires et autoriser l’introduction de davantages de modèles à motorisation Euro 6 B, explique le président de l’AIVAM, qui rassure toutefois sur un fait: cette nouvelle norme ne devrait pas avoir d’impact significatif sur le prix du carburant à la pompe...

Par Safae Hadri
Le 25/01/2022 à 19h45