Les attaques des rebelles yéménites houthis contre les porte-conteneurs passant par le détroit de Bab al-Mandab, où transite 12% du commerce maritime mondial, continuent d’impacter lourdement les coûts du fret. Dans une note d’analyse publiée le 22 janvier, l’agence de notation américaine S&P Global Ratings révèle que les tarifs du fret maritime ont augmenté de près de 300% durant la seconde moitié de décembre 2023, avec des hausses oscillant entre 6.000 et 7.000 dollars par conteneur de 40 pieds.
L’agence de notation constate aussi une baisse de plus de 80% du tonnage des porte-conteneurs en mer Rouge, et ce depuis que de nombreux expéditeurs ont choisi de prendre dix jours supplémentaires pour traverser le cap de Bonne-Espérance, au large de l’Afrique du Sud. Contraints d’emprunter ce trajet alternatif, les plus grands armateurs, comme MSC et CMA CGM, ont décidé d’augmenter leurs tarifs pour amortir les coûts logistiques et autres charges imposés par ce contournement. Des coûts supplémentaires qui pourraient «relancer l’inflation sur de nombreux marchés», selon S&P.
Les opérateurs marocains impactés par la hausse des tarifs
Ces révélations confirment celles faites récemment par Rachid Tahri, président de l’Association des freight forwarders du Maroc (AFFM Maroc) et secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique, affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), dans une déclaration pour Le360. «À partir de la deuxième quinzaine de décembre, les tarifs du fret maritime ont augmenté d’une fourchette allant de 60 à 100%, essentiellement au départ de la Chine vers le Maroc», avait-il remarqué.
Durant cette période, le transport d’un conteneur de 20 pieds entre les deux pays est passé de 1.450 à 2.800 dollars, soit une hausse de 93%, et ces tarifs étaient en vigueur au moins jusqu’au 14 janvier. Rachid Tahri s’attend même à l’imposition de taxes supplémentaires liées à l’assurance courant janvier, puisque «les armateurs sont obligés de revoir leurs primes d’assurance à la hausse, ainsi que tous les risques y afférents pour compenser les coûts liés au rallongement des temps de trajets».
Dans une note d’analyse publiée le 12 janvier, Allianz Trade a estimé, de son côté, que la crise a, pour le moment, un impact modéré sur le commerce international. «Toutefois, si celle-ci devait se prolonger au-delà du premier semestre, l’impact sur les chaînes d’approvisionnement pourrait être bien plus important», a prévenu Ano Kuhanathan, responsable de la recherche sectorielle chez l’assureur allemand.