Envol bien réussi pour la première édition du forum «Décideurs to Décideurs» dédié à l’Aerospace et à l’Afrique, tenu jeudi 16 février courant à Casablanca. Il s’agit du premier événement en Afrique à réunir les décideurs africains et internationaux autour des thématiques liées aux secteurs de l’aviation, du spatial, de l’aéronautique et de la cybersécurité.
Organisé par le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), en partenariat avec Africa Air Forum et l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), ce rendez-vous continental et international de l’aérospatial a accueilli 300 participants venus de 23 pays.
Ce forum d’influence s’impose ainsi comme un «Davos» de l’aéronautique et du spatial en Afrique, et place cette filière de haute technologie au cœur des enjeux d’avenir de mobilité durable, de souveraineté, de formation de la jeunesse et comme vecteur de développement qui transcende les clivages politiques entres pays.
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Dès le coup d’envoi, cet événement international a annoncé ses couleurs uniques avec une session d’ouverture faite exclusivement par des femmes mondialement reconnues. Parmi celles-ci figurent des noms tels que la spationaute Claudie Haigneré, Yvonne Makolo, future présidente de l’Association du transport aérien international (IATA), Adeyemi Adefunke, récemment nommée secrétaire générale de la Commission de l’aviation civile à l’Union africaine, Yannick Assouad, vice-présidente exécutive de Thales Avionics, et Poppy Khoza, directrice générale de l’Autorité de l’aviation civile de l’Afrique du Sud.
Pour sa part, Maria El Filali, directrice générale du GIMAS et commissaire générale du forum, a représenté le Maroc dans le panel pour mettre en avant le «Modèle aéronautique marocain, inspiration et opportunité pour l’Afrique».
12 tables rondes, des thématiques d’actualité et des participants de renommée
Divers débats ont structuré la réflexion tout au long de la journée, qui a connu l’organisation de 12 tables rondes autour de différentes thématiques telles que «La militarisation de l’Espace, quelles menaces?», à laquelle ont participé le PDG de l’Agence spatiale égyptienne Sherif Sedky, le PDG de Thales Alenia Space Hervé Derrey, et le Général Jean-Paul Palomeros, ex-Commandant Suprême Allié TRansformation à l’OTAN.
De même, le débat autour des «opportunités du spatial pour les états africains», a connu la participation de grandes personnalités telles que Cheikh Modibo Diarra, ex-Premier ministre du Mali, Astrophysicien à la NASA, qui a souligné que les états africains doivent s’accorder sur une souveraineté partagée par la mutualisation de leurs ressources.
Cette souveraineté technologique, ont estimé les participants, passe par la formation, sujet clé d’une autre table ronde sur la thématique: «Formation, vocation, comment donner des ailes à la Jeunesse?» modérée par Sanae Lahlou, représentante Maroc de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), et où le Professeur Bousmina a mis l’accent sur l’importance de la formation, qui conditionnera l’avenir de l’Afrique, et sur les moyens à mettre en place pour intégrer la jeunesse dans les nouvelles et hautes technologies.
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Sujet central de la journée, la mobilité durable a fait l’objet de profondes réflexions. La communauté internationale ayant placé l’urgence climatique au cœur de la reprise du secteur du transport aérien, l’objectif de l’avion décarboné ou zéro-émission à l’horizon 2050 fait le consensus parmi l’ensemble des constructeurs. Ainsi, participant à la table ronde «A quand l’avion décarboné ?», le PDG de Safran Aircraft Engines Jean-Paul Alary, aux côtés de Mike Sinnett, designer des programmes de Boeing, et Sabine Klauke, Chief Technical Officer d’Airbus, ont mis en avant que cette transition se jouera dans les 5 prochaines années, quels que soient les choix ou paris technologiques entrepris.
La mobilité durable, touchant à l’environnement et au climat, met en exergue le déséquilibre auquel est confrontée l’Afrique, pollueur à hauteur de seulement 2% dans le monde, représentant uniquement 2% du marché de l’aviation mondial, et qui doit désormais se soumettre aux règlementations environnementales européennes, perçues comme exclusives vis-à-vis des compagnies aériennes africaines. Cet état de fait a été exprimé par Mesfin Tasew, PDG de la première compagnie aérienne en Afrique, Ethiopian Airlines, lors du débat «Quel business modèle pour le transport aérien en Afrique?», auquel il a participé aux côtés de Rob Gurney, PDG de l’Alliance One World, d’Ilham Kazzini, vice-présidente de Royal Air Maroc, et de Aaron Munetsi, PDG de Southern Africa Airlines Association.
Autre point d’ancrage du Forum : les territoires. A cet égard, Jean-Jacques Bouya, ministre d’État du Congo, Abdelatif Mazouz, président du Conseil régional Casablanca-Settat et Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique) ont expliqué comment l’Afrique pourrait devenir avant-gardiste dans l’intégration des nouvelles mobilités. Les ambulances volantes, les drones sanitaires, les avions électriques, les taxis volants vont révolutionner la connectivité de l’Afrique, désengorger les métropoles, désenclaver et connecter les villages, ont-ils estimé.
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Ainsi, le Forum a été l’occasion pour les décideurs africains de prendre conscience des futurs enjeux de la révolution de l’aérospace, afin d’anticiper l’intégration inéluctable de ces nouveaux moyens de transport, plus adaptés à l’Afrique. En outre, d’autres sujets concernant la cyberguerre, l’aéroport sans file d’attente, la sécurité aérienne en Afrique, animés par des experts de renommée mondiale, ont permis la présentation des dernières technologies et solutions dans ces domaines.
Notons que l’ensemble des tables rondes ont été diffusées en ligne, afin de garantir un impact maximal. Tous les débats peuvent être visionnés sur le site : www.aerosapce-african-forum.com.
Un deuxième rendez-vous en 2024
Les participants ont exprimé leur volonté de faire de l’Aerospace African Forum un rendez-vous annuel. En effet, le succès du forum a été tel que d’autres pays africains ont demandé à abriter sa deuxième édition. Néanmoins, le Conseil scientifique qui organise le forum a décidé que l’évènement sera maintenu pour le moment à Casablanca, pour être cohérent avec la notion de «Davos Africain». La prochaine édition se tiendra ainsi le 29 février 2024, selon Karim Cheikh, président du GIMAS.
Cet événement a été organisé avec le soutien du ministère du Transport et de la Logistique, du ministère de l’Industrie et du Commerce, de Royal Air Maroc, de l’Office national des aéroports (ONDA), de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), d’ACI Afrique, des Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), de l’Université EuroMed de Fès, de l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P), de l’Organisation arabe de l’aviation civile (ACAO) et du Conseil africain de la recherche scientifique et de l’innovation (CARSI).