L’envol des provinces du Sud, avec pour vocation de devenir un incontournable pôle d’attraction économique et touristique, se poursuit, et le secteur aérien n’y échappe pas. C’est ainsi que la ville de Dakhla, en l’occurrence, s’installe lentement mais sûrement comme hub régional et plaque tournante du trafic aérien en provenance et vers le sud du Maroc. Si la compagnie nationale, Royal Air Maroc, en a fait depuis longtemps l’une de ses bases, elle est désormais suivie par d’autres. Après l’espagnol Binter Canarias et le français Transavia, le tour la semaine dernière était au géant aérien irlandais Ryanair.
Mercredi 13 novembre, le plus grand opérateur low cost au monde annonçait un accord stratégique avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Objet: le lancement de nouvelles liaisons aériennes directes entre Dakhla et d’importants marchés émetteurs européens. Le mémorandum d’entente signé dans ce sens prévoit la programmation de quatre nouvelles routes internationales vers la perle du Sahara atlantique et la couverture des quatre prochaines saisons touristiques. À partir de janvier 2025, deux nouvelles lignes devront ainsi relier l’aéroport de Dakhla à ceux de Madrid en Espagne et de Lanzarote dans les îles Canaries, à raison de deux fréquences hebdomadaires. Ryanair devient ainsi le quatrième partenaire de l’ONMT à proposer une liaison internationale vers Dakhla.
La ligne Dakhla-Madrid desservira l’aéroport de Barajas, un des plus importants hubs aériens européens. Quant à la route Lanzarote-Dakhla, elle permettra de renforcer l’offre depuis les îles Canaries, un marché important pour la compagnie irlandaise. Ces deux nouvelles liaisons doubleront la capacité internationale de l’aéroport de Dakhla, qui devra ainsi atteindre les 47.000 sièges, et feront de l’Espagne le premier marché émetteur vers Dakhla, devant la France.
Ce récent accord ouvre la voie à d’autres dessertes aériennes de Ryanair en provenance et vers Dakhla. De nouvelles annonces sont ainsi attendues, comme l’a suggéré la ministre du Tourisme Fatim-Zahra Ammor. Pour elle, «l’ouverture de ces deux nouvelles lignes aériennes de Ryanair vers Dakhla marque une étape cruciale dans la stratégie de développement touristique de cette destination exceptionnelle», avec la finalité de «renforcer sa connectivité et la propulser sur la scène touristique mondiale».
Les gesticulations du Polisario
L’annonce a naturellement fait grincer des dents de l’autre côté du mur de défense marocain. Entendez le front Polisario et son sponsor algérien. Galvanisés par le jugement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords agricole et de pêche Maroc-UE, les séparatistes cherchent désormais à s’attaquer à l’accord aérien entre le Royaume et l’UE. Sans trop savoir comment. Et pour cause, une telle option les mettrait en confrontation directe, non pas avec le Maroc, mais avec l’Espagne, le trafic aérien dans le ciel sud-marocain étant -pour l’heure- monitoré par Madrid depuis les îles Canaries. Les discussions entre Rabat et Madrid autour de la transmission de cette gestion technique au Royaume, telle que convenue lors la Réunion de Haut Niveau (RHN) de février 2023, n’ont toujours pas abouti.
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Pour le moment, le front séparatiste se contente de «dénoncer», d’exprimer ses «vives préoccupations»et d’«interpeller», notamment par courrier, les dirigeants de la compagnie irlandaise.
Pendant ce temps, le Maroc avance. N’en déplaise aux adversaires du Maroc et du développement que connaissent les provinces du Sud, le succès touristique de la destination Dakhla ne se dément pas. Pour le seul mois de juin dernier, ils ont été 25.000 voyageurs à y avoir séjourné, en hausse de 42% par rapport au même mois de l’année dernière. Au total, de janvier à juin 2024, plus de 140.000 passagers ont transité par l’aéroport de la ville, enregistrant une hausse significative de 32% par rapport à la même période en 2023.
Aujourd’hui, l’aéroport de Dakhla accueille des vols internationaux en provenance de celui de Paris-Orly, en France, et de celui de Las Palmas-Gran Canaria, dans les îles Canaries espagnoles, en plus de cinq autres aéroports marocains (Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès et Laâyoune). Sans compter donc, dès janvier 2025, ceux de Madrid-Barajas et de Lanzarote. Les gesticulations du Polisario ne pourront rien y changer.