En marge de la première édition de l’AGRO EXPORT DAY 2025, consacrée aux «filières de qualité et exportations responsables», la Bourse de Casablanca a réaffirmé son positionnement comme levier stratégique de compétitivité et d’internationalisation pour l’agroalimentaire marocain. L’événement intervient dans un contexte où le Royaume cherche à consolider sa souveraineté alimentaire tout en renforçant ses positions sur des chaînes de valeur mondiales profondément reconfigurées.
Dans son allocution, Zineb Guennouni, directrice exécutive de la place casablancaise, a rappelé que la bourse de Casablanca accompagne «depuis près d’un siècle» les grandes transformations économiques du pays, de la marocanisation aux privatisations en passant par l’industrialisation. «Notre rôle demeure inchangé: mobiliser l’épargne nationale et internationale au service de la croissance, de la durabilité et de la souveraineté économique du Maroc», souligne-t-elle.
Elle met en avant une évolution notable: «Le marché boursier marocain n’a jamais été aussi connecté à l’économie réelle». Digitalisation, nouveaux produits, ouverture aux particuliers et régulation renforcée ont contribué, selon elle, à une dynamique structurelle qui soutient désormais plus largement les secteurs productifs.
Lire aussi : Fruits rouges: un éclat terni par des éclats de verre
L’agroalimentaire occupe une place singulière dans cette architecture financière. «À la Bourse de Casablanca, une dizaine d’entreprises du secteur sont aujourd’hui cotées: ensemble, elles représentent une capitalisation d’environ 45 MMDH et génèrent un chiffre d’affaires consolidé proche de 27 MMDH, dont plus d’un tiers à l’export», précise Zineb Guennouni.
Les chiffres reflètent une montée en gamme du secteur et des investissements significatifs: plus de 3,6 MMDH injectés ces dernières années dans l’outil productif et l’innovation. «Elles n’ont pas seulement résisté, mais ont progressé. Depuis leur introduction en bourse et enregistrent une croissance moyenne de plus de 285%», poursuit-elle, soulignant que ces entreprises affichent également une performance moyenne de 6% depuis le début de l’année.
Un marché en quête de projets solides
Au-delà des performances conjoncturelles, la directrice exécutive insiste sur la profondeur historique de certaines valeurs: «Certaines sont cotées depuis plus de 70 ou 80 ans. Preuve qu’un passage en bourse n’est pas une parenthèse: c’est un choix de solidité, de transmission et de vision longue.»
Cette confiance se reflète également dans le comportement des investisseurs. «Aujourd’hui, plus d’un tiers des volumes boursiers provient des investisseurs individuels marocains. C’est inédit. Cela montre que les citoyens croient dans les entreprises du pays», affirme-t-elle. Les investisseurs internationaux, ajoute-t-elle, «suivent ce mouvement, encouragés par la stabilité du Royaume et la qualité de notre régulation».
Les introductions en bourse récentes confirment cet appétit. «L’exemple de la Compagnie de produits chimiques du Maroc (CPCM)—souscrite 37 fois, avec 1,1 milliard de dirhams levés—constitue un signal puissant: le marché marocain a faim de projets solides. Le capital est disponible. La confiance l’est aussi», observe Zineb Guennouni.
Pour elle, le recours au marché n’est pas un acte purement financier: «On ne vient pas en bourse seulement pour lever des fonds, mais pour transformer son entreprise». Transparence, gouvernance renforcée, visibilité internationale et discipline stratégique sont autant d’outils qui, selon elle, font passer une entreprise «de champion national à acteur régional, et parfois à marque mondiale».
Lire aussi : Cosumar: une production 330.000 tonnes de sucre attendue cette année, 600.000 tonnes visées en 2026
L’AGRO EXPORT DAY 2025 offre, dans ce contexte, une plateforme pour renforcer les liens entre la Bourse de Casablanca et les filières agro-industrielles. Selon Zineb Guennouni, «cette étape n’est pas une rupture: c’est la continuité logique» pour un secteur qui porte à la fois la souveraineté alimentaire et le potentiel exportateur du pays.
Elle rappelle qu’«une dizaine d’entreprises du secteur ont bénéficié de la première cohorte» du programme d’accompagnement conjoint mis en place avec le ministère de l’Industrie. «Nous restons pleinement ouverts pour accueillir les prochains champions. Car accompagner les entreprises vers la bourse, c’est accompagner le Maroc vers un nouvel horizon de souveraineté et de compétitivité», conclut-elle.







