C’est une filière qui, tout en trottant à 0,6% du PIB, est prête à prendre le galop. Véritable trait d’union entre tradition et modernité, le secteur équin marocain revêt une importance capitale dans l’armature du développement rural et régional. Élément clé de l’économie, mais aussi pierre angulaire de la culture marocaine, il génère plus de 30.000 emplois et s’appuie sur une stratégie de modernisation, selon le ministère de l’Agriculture.
Quiconque assiste à un concours de tbourida ou visite un hippodrome marocain ressent la présence imposante du cheval dans l’âme du pays. La Société royale d’encouragement du cheval (SOREC), chef d’orchestre de cette symphonie équestre, gère un réseau structuré: sept hippodromes, 50 stations de monte, 300 étalons, un institut national dédié aux métiers équestres et cinq haras. Des infrastructures modernes qui jouent un rôle crucial dans la préservation de races équines emblématiques et dans la formation de professionnels hautement qualifiés.
Lire aussi : La filière équine au galop
Chaque hara, fort de son identité et de sa spécialisation, devient un centre d’excellence dans son domaine, qu’il s’agisse de reproduction, de formation ou de soins vétérinaires. Ils jouent un rôle essentiel dans la vulgarisation des techniques modernes d’élevage, la gestion des services destinés aux éleveurs et le soutien des associations d’éleveurs. Ils offrent également des semences et accompagnent les éleveurs tout au long du processus d’élevage.
Ces espaces disposent aussi d’infrastructures spécialement conçues pour la monte naturelle et l’insémination artificielle. Ces installations comprennent des écuries pour les étalons nationaux, des boxes pour accueillir les juments des éleveurs privés, une infirmerie, des bureaux administratifs ainsi que des paddocks pour l’entraînement.
Une hausse de 30% des naissances en dix ans
Le cœur battant de la filière reste l’élevage, avec cinq races qui incarnent la richesse génétique des chevaux élevés au Maroc: le Barbe, l’Arabe Barbe, le Pur-sang arabe, le Pur-sang anglais et le Pur-sang anglo-arabe. Les naissances de ces champions ont connu une croissance de 30% en dix ans, entre 2011 et 2021, preuve que le secteur ne fait pas que trotter, mais s’élance vers une amélioration continue de la qualité génétique des races chevalines.
Le calendrier équestre, riche de plus de 2.400 événements annuels, met en avant l’effervescence culturelle et économique qui entoure la filière. Des concours d’élevage aux démonstrations de tbourida, l’engouement pour le cheval marocain ne faiblit pas. Parallèlement, le tourisme équestre se développe aussi rapidement.
Lire aussi : Salon du Cheval: 1 milliard de dirhams pour le développement de la filière équine au Maroc
Ce dynamisme est également porté par un contrat-programme signé lors de la 14ème édition du salon du cheval, visant à préserver les races Barbe et Arabe-Barbe tout en soutenant la filière tbourida. Doté d’un budget d’un milliard de dirhams, dont 68% comme contribution de l’Etat, cet accord a pour ambition de contribuer à l’émergence d’une classe moyenne des professionnels le long des différents segments de la chaîne de valeur de ces deux races équines et d’assurer la pérennité du développement de la chaîne de valeur équine.
Selon les termes de ce contrat, une contribution de l’État de l’ordre de 250 millions de dirhams sera consacrée à la filière tbourida, tandis qu’un budget de 460 millions de dirhams sera dédié à la préservation des variétés authentiques. Le reste du financement proviendra des contributions des bénéficiaires dans le cadre du contrat-programme, garantissant ainsi une implication directe des acteurs de la filière dans ce processus de développement.