Splendeurs du zellige fassi: à la rencontre de deux artisans, gardiens d’un art séculaire

Dans un atelier de fabrication de zellige, à Fès, où des artisans travaillent à créer ces mosaïques de terre cuite émaillée, perpétuant un art ancestral. (Y. Jaoual / Le360)

Le 11/08/2024 à 10h06

VidéoÀ Fès, l’art du zellige, cette mosaïque de terre cuite émaillée, perdure grâce à la passion et au savoir-faire d’artisans virtuoses. Deux créateurs, gardiens de cette tradition millénaire, partagent avec Le360 leur fierté et leur dévouement à cet héritage culturel purement marocain. Témoignages.

Fès, 8 heures du matin. L’air est dense de poussière d’argile et résonne des claquements des outils contre les carreaux. Dans l’atelier baigné de la lumière tamisée qui filtre à travers des volets en bois, Abdelfettah Cheleh, les mains cendrées par la terre, travaille avec une précision que seul l’œil expert peut apprécier. «Ce travail est tout un art. C’est un patrimoine marocain, notre fierté», déclare-t-il, un sourire illuminant son visage marqué par des années de labeur méticuleux.

Avec un enthousiasme communicatif, Abdelfettah explique comment l’argile de Fès, renommée pour sa pureté exceptionnelle, est essentielle à la qualité du zellige. «L’argile que nous utilisons ici est unique. Elle est particulièrement prisée pour sa pureté et sa malléabilité, ce qui en fait un matériau idéal pour le façonnage et la fabrication de ces carreaux artisanaux», détaille-t-il, avant de briser doucement entre ses doigts un morceau d’argile séchée, afin d’en montrer la texture.

«Une fois extraite, l’argile est malaxée et purifiée pour éliminer les impuretés. Ce processus demande une attention particulière, car la moindre imperfection dans la matière peut compromettre la qualité du produit fini. Nous laissons ensuite l’argile reposer pour qu’elle atteigne la consistance idéale avant de la façonner. C’est un long processus qui nécessite habileté et rigueur, où chaque étape, de l’extraction de l’argile à la pose du zellige, est réalisée avec une grande précision», poursuit-il.

Azzouz Sadiki, un autre artisan, raconte comment il a, dès son enfance, appris les rudiments du métier: «J’aime beaucoup ce métier, que j’ai appris dès ma prime jeunesse. C’est notre source de revenus, mais c’est aussi un savoir-faire ancestral que nous avons la mission de perpétuer. Chaque pièce que nous créons porte en elle l’héritage de générations d’artisans, et c’est un honneur pour nous de continuer à le faire vivre.»

Son regard se perd un instant dans les motifs complexes d’une création en cours de réalisation. «C’est une belle gratification que de voir le fruit de notre travail orner des maisons et des monuments, au Maroc et ailleurs. Ces œuvres sont notre contribution à la beauté et au patrimoine de notre culture», s’enorgueillit-il. «Ces œuvres sont notre contribution à la beauté et au patrimoine de notre culture. Elles resteront là, témoins silencieux du savoir-faire et de la dévotion des artisans, bien après que nous ne soyons plus là. C’est cette pérennité qui donne un sens à notre travail. Nous ne créons pas seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour les générations futures, pour qu’elles puissent, elles aussi, admirer et s’inspirer de cet art millénaire», conclut-il.

Par Youssra Jaoual
Le 11/08/2024 à 10h06