Au cœur du Salon du cheval d’El Jadida 2024, l’artisanat marocain se dévoile sous ses plus belles coutures avec Sekkat Hicham et Zerradi Habiba, deux artisans marocains qui perpétuent des traditions ancestrales à travers leurs métiers respectifs.
Sekkat Hicham, maître sellier, consacre entre quatre à douze mois à la confection de chaque selle, véritable œuvre d’art. Pour créer une selle traditionnelle, 17 artisans différents interviennent, chacun avec son expertise. «Nous avons le charpentier pour l’ossature, le forgeron pour les pièces métalliques, le sellier pour les cuirs, le brodeur pour les motifs et bien d’autres», énumère-t-il. Chacun apporte sa pierre à l’édifice pour aboutir à un résultat d’une beauté inégalée.
Les selles exposées ne sont pas seulement belles, elles sont aussi pensées pour offrir un confort optimal tant au cavalier qu’au cheval. Le processus de fabrication démarre avec une ossature mesurant environ 90 centimètres, conçue pour s’adapter à la morphologie du cheval tout en mettant en valeur son dos. Jadis, les selles mesuraient un mètre, mais l’évolution a réduit la taille pour mieux correspondre aux exigences des cavaliers modernes.
«Les couleurs jouent également un rôle important, on choisit les teintes en fonction de celles du cheval», explique Sekkat. Le prix, quant à lui, dépend des matériaux utilisés et des finitions demandées. Une selle artisanale commence à 5.000 dirhams, mais selon les détails et les ajouts, cela peut grimper bien au-delà. «Chaque ajout, chaque motif et chaque dorure fait monter la valeur», précise-t-il.
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Non loin de là, Zerradi Habiba, en pleine activité, veille sur ses créations, des jellabas Bziouias suspendues avec soin. Les tissus chatoyants, brodés de motifs délicats, attirent le regard. «La jellaba Bziouia, c’est plus qu’un vêtement. C’est une tradition, un héritage et un symbole de noblesse, surtout lorsqu’elle est complétée du haïk et du selham», affirme-t-elle. Originaire de la région de Bzou, près de Béni Mellal, cette jellaba, autrefois réservée aux cavaliers et aux nobles, fait désormais partie des tenues d’apparat lors des grandes occasions, notamment lors des spectacles de Tbourida.
Le processus de fabrication de la jellaba Bziouia est un art en soi. «On commence toujours avec du fil de soie pure, du coton de la meilleure qualité et de la laine de mouton “sardi”, connue pour sa robustesse», partage l’artisane. Chaque jellaba est faite à la main, et peut prendre plusieurs mois à être réalisée selon la complexité des motifs et des couleurs choisies. «Seules les plus patientes des femmes artisanes peuvent exceller l’art de la jellaba Bziouia», poursuit la dame, sûre d’elle.
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Traditionnellement, cette jellaba se déclinait en blanc, une couleur que l’on considérait «noble», associée à la pureté et à la distinction. Mais au fil du temps, la palette de couleurs s’est élargie du jaune safran à un marron dit couleur tigre, en passant par des teintes plus audacieuses comme le vert, le rouge ou encore le bleu selon la commande.
«Une jellaba Bziouia de base coûte environ 1.500 dirhams, mais pour une pièce richement brodée en soie, le prix peut atteindre 5.000 dirhams, voire un million de centimes dans certains cas, surtout lorsque la tenue est destinée à des cérémonies ou des événements prestigieux», conclut-elle.
Ces artisans perpétuent, chacun à sa manière, un héritage culturel inestimable et le Salon du cheval d’El Jadida, leur sert de scène idéale. Ici, leurs créations ne sont pas seulement exposées, elles prennent vie au rythme des chevaux qui paradent et des cavaliers arborant fièrement leurs tenues.