L’Autre côté de soi est un roman qui décrit une époque telle qu’elle fut, et où se manifeste la toute puissance de l’amitié et ses résonnances infinies. L’auteur présente une galerie de portraits, ébauchée à même le vif. Pas un seul personnage campé qui ne suggère ici une part de réel dans la trame de la fiction.
Le roman déballe, à la manière d’un road-movie, une fresque de protagonistes regardant les signes avant-coureurs d’un drame inéluctable. Qui à la recherche d’un ailleurs hors du monde pour son salut. Qui pour le goût de l’aventure qui durcit l’âme quand elle ne ruine pas le corps et l’esprit.
D’aucuns tentent de s’affranchir des déterminations biologiques et sociales, font part dans leurs cheminements de leurs rêves et de leurs cauchemars face à une destinée plus ample où ils rencontrent en fin de course soit l’échec, soit l’accomplissement de leur être.
Ces personnages, bien qu’ayant pour la plupart d’entre eux une vision de l’existence réduite, consentent à devenir ce qu’ils sont dans une époque où ils donnent la preuve de leur sensibilité en mettant à nu leurs alibis. L’auteur s’interdit de les classer en espèces. Il les accepte tels quels. Il n’explique rien, car l’arrière-plan en est éclairé. Il essaie cependant de donner une image de fable à la vie quotidienne qui les a disqualifiés et dont ils tirent vengeance.
Voilà du moins la thématique que l’on croit bon de tirer de ce roman et les questions profondes qu’il suscite sur la vie dans ce qu’elle a de proprement humain.
Quant au principe romanesque, il n’est pas en reste. Il est corrodé par une narration erratique, un soupçon de fantastique qui affleure dans certaines pages faisant éclater les conventions du récit. Une petite vague de drôleries rend la chose légère. Le style ne s’apaise qu’au prologue où le narrateur suspend son jugement.
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«L’autre côté de soi». Noureddine Bousfiha. Editions Orion. En librairies en ce mois de juillet 2020.