Nous apprenons, de source sûre et après vérification auprès de l'institution parisienne, que deux œuvres de Mohamed Hamidi sont "en cours d'admission" par le Centre d'art et de culture Georges Pompidou -le "en cours d'admission" n'étant qu'une précaution administrative de langage, en attendant la signature, incessamment sous peu, du contrat final. L'affaire étant entendue, nous a-t-on assuré.
Il s'agit d'une toile de 101 x 72 cm, intitulée "Harmonie", datant de 1971, et d'une seconde, "Marie", de 58 x 77 cm.
© Copyright : Mohamed Hamidi
Malgré le traitement résolument abstrait des deux peintures, leur motif possède, à l'évidence, une consonance à caractère sexuel ou, pour le moins, érotique, comme on peut le constater sur les reproductions ci-après. "Ce qui est un trait d'audace rare dans le Maroc de ces années-là", n'a pas manqué nous souligner le marchand d'art et galeriste Hicham Daoudi.
C'est, en effet, lors de leur exposition dans le "Musée éphémère", organisé par Daoudi, dans l'ancienne agence de Bank Al-Maghrib, en marge de la dernière African Contemporary Art Fair Marrakech, que les curateurs du Centre ont remarqué lesdites pièces.
Le montant de l'acquisition reste confidentiel, selon l'usage.
Avec ses trois millions et demi de visiteurs par an, le Centre Pompidou est considéré comme le deuxième musée d'art moderne et contemporain le plus important au monde, après le MoMA (Museum of Modern Art) de New York.
Faire partie de la collection officielle -comptant quelque 120 000 pièces- du prestigieux musée parisien est considéré comme une importante reconnaissance internationale pour un artiste. Et ce, même s'il n'est, évidemment, jamais assuré que lesdites œuvres soient montrées, un jour, au public.
2019 est décidément une année faste pour Hamidi, dont une autre œuvre a récemment été acquise par le très réputé Mathaf de Doha (Qatar).
A noter que, parmi les membres fondateurs de ce mouvement qu'on désigne communément par "l'École de Casablanca" -ayant fortement marqué les origines de l'art moderne marocain, dans les années soixante-, Hamidi est l'un des derniers à, enfin, connaître une reconnaissance internationale.
© Copyright : Mohamed Hamidi
Contrairement à ses confrères Mohamed Melihi et Farid Belkahia, dont on ne compte plus les expositions à l'étranger, et dont les œuvres sont, d'ailleurs, déjà entrées dans la collection Pompidou -en 2011 pour le premier, 2013 pour le second.
Mieux: les œuvres de Belkahia auront droit, fin 2020-début 2021, à une exposition individuelle -un solo show, comme on dit maintenant-, en bonne et due forme, dans ce même Centre Pompidou.
Une première pour un plasticien marocain. Tout simplement historique.
Pour être juste, rappelons que le premier "monstre" de la peinture moderne marocaine dont une œuvre a figuré dans la collection Pompidou reste, néanmoins, Ahmed Cherkaoui. Cette œuvre a une jolie histoire, puisque qu'elle fut acquise, au départ -du vivant de l'artiste et au profit du Musée d'art moderne de Paris-, par le grand André Malraux himself.
Enfin, il nous reste à rappeler qu'une œuvre, acquise en 2012, de l'artiste contemporain Hassan Darsi figure -plus étonnamment, eu égard à son jeune âge- également dans la liste des artistes marocains "pompidoulisés".
Moralité: lentement mais sûrement, l'art moderne et contemporain marocain se fait sa petite place dans l'histoire de l'art moderne et contemporain international.