Musiques du monde, improvisation, partage... Jazz sous l’Arganier de retour à Essaouira du 27 au 29 décembre

Lors de l'édition 2023 de Jazz sous l’Arganier.

Essaouira accueillera la 9ème édition de Jazz sous l’Arganier du 27 au 29 décembre 2025. Durant trois jours, le festival, sous la direction de Majjid Bekkas, proposera un panorama de jazz européen, ouvert aux influences et aux rythmes venus d’ailleurs.

Le 23/12/2025 à 17h15

À Essaouira, l’hiver se vit toujours en musique. Lorsque l’année touche à sa fin, la musique prend le relais, investit les lieux emblématiques de la ville et rassemble artistes et publics autour d’un même langage, celui du partage et de l’improvisation. Jazz sous l’Arganier s’inscrit pleinement dans cette tradition, en offrant à la fin décembre un rendez-vous devenu incontournable du paysage culturel marocain.

Organisé par l’association Essaouira Mogador, le festival s’est imposé au fil des années comme un marqueur fort de la saison culturelle et artistique de la ville. Il en constitue le point d’orgue, un moment de convergence où se rassemblent musiciens confirmés, talents émergents et publics fidèles. Capitale des musiques du monde et des métissages inspirés, Essaouira trouve dans Jazz sous l’Arganier une expression naturelle de son identité, ouverte, curieuse et profondément ancrée dans l’échange.

Pendant trois jours, Dar Souiri accueillera les concerts du soir, tandis que Bayt Dakira ouvrira ses portes à des colloques et concerts dédiés aux provinces du Sud, dans le cadre du 50ème anniversaire de la Marche verte.

Le festival se distingue par un rythme singulier, où chaque soirée se prolonge au-delà de minuit par des jam sessions. Ces rendez-vous nocturnes, devenus une véritable signature, offrent un espace de liberté rare, favorisant les rencontres improvisées entre musiciens locaux et artistes invités, dans une atmosphère intime et conviviale.

La programmation s’ouvrira le samedi 27 décembre à Dar Souiri avec le Mohamed Derouich Trio. Né du désir de faire dialoguer des univers musicaux au-delà des frontières, ce projet réunit guitare, saxophone et batterie dans un langage commun fondé sur l’écoute et l’improvisation. Entre jazz contemporain, musiques traditionnelles et influences multiples, les sonorités du trio mêlent l’énergie des Balkans, les rythmes africains et les couleurs du Maghreb. Chaque performance se construit dans l’instant, portée par l’intensité du jeu collectif et la spontanéité de la rencontre, indiquent les organisateurs.

La soirée se poursuivra avec le JET Fuel Trio, formation réunissant des musiciens du Danemark et de la Gambie. Autour de la kora virtuose de Dawda Jobarteh, du saxophone de Michael Blicher et de la batterie de Stefan Pasborg, le trio développe une musique puissante et organique. Jazz, improvisation et racines africaines s’y entremêlent pour donner naissance à un concert électrisant, où rythmes profonds et mélodies envoûtantes dialoguent sans jamais s’enfermer dans un cadre figé. À minuit, la scène s’ouvrira aux premières jam sessions, prolongeant la soirée dans un esprit de partage et de liberté.

Le dimanche 28 décembre, le festival prendra une dimension à la fois mémorielle et territoriale. En matinée, Bayt Dakira accueillera un colloque consacré à Essaouira et aux Provinces du Sud, autour d’une histoire partagée et des perspectives d’un partenariat tourné vers la nouvelle génération. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du 50ème anniversaire de la Marche verte et souligne la volonté du festival d’inscrire la création artistique dans une réflexion plus large sur l’histoire, la transmission et l’avenir, fait-on savoir.

L’après-midi sera dédié aux musiques sahariennes. Le groupe féminin Bnat Aïchata, originaire de Guelmim, proposera une immersion dans la culture hassanie à travers le chant, les percussions et la danse Guedra. Leurs performances, à la fois puissantes et spirituelles, font résonner l’âme du désert et célèbrent la mémoire du Sud marocain portée par la voix des femmes. La troupe de Mohamed Baïa, venue de Laâyoune, prendra ensuite le relais avec un répertoire ancré dans la poésie et les rythmes du Sahara, offrant au public une expérience musicale authentique et profondément émotive.

Dimanche soir, Dar Souiri renouera avec l’énergie du jazz en accueillant le JD Allen Trio. Saxophoniste ténor et compositeur américain, JD Allen s’impose comme l’une des figures marquantes du jazz contemporain, dans la lignée des grandes voix du genre. Son jeu puissant et habité, nourri de l’héritage du jazz américain, convoque l’ombre de John Coltrane tout en affirmant une écriture résolument singulière. Accompagné à la contrebasse et à la batterie, il offrira un concert dense, exigeant et intensément expressif.

La scène s’ouvrira ensuite à l’exploration sonore avec l’Andrés Coll Cosmic Trio. Mené par Andrés Coll à la marimba électrique, au piano et aux castagnettes, aux côtés du violoniste polonais Mateusz Smoczyński et du batteur espagnol Ramón López, le trio développe une musique libre et inventive. Nourri par une amitié artistique ancienne et par l’influence du pianiste Joachim Kühn, ce projet propose une immersion dans un univers où traditions musicales et improvisation se répondent en permanence. La nuit se prolongera une nouvelle fois par des jam sessions ouvertes, prolongeant l’esprit de la rencontre.

Le lundi 29 décembre, la dernière journée du festival sera placée sous le signe de la création et de l’émotion partagée. Le Mosaic Duo réunira le pianiste suédois Jacob Karlzon et le percussionniste marocain Rhani Krija dans un dialogue piano percussions fondé sur l’intuition et la création spontanée. Leur musique, riche en couleurs et en textures, se construit dans l’écoute immédiate et la compréhension instinctive, donnant naissance à un échange sensible et profondément humain.

La soirée se poursuivra avec la rencontre entre le Munsch Trio et le multi instrumentiste marocain Mourad Belouadi. Trio électro jazz plaçant l’humain et l’émotion brute au cœur de sa démarche, Munsch explore la thématique du cri, intérieur, retenu ou libérateur, comme matière sonore immersive. Leur récente résidence artistique au Maroc, menée en collaboration avec Mourad Belouadi, a enrichi leur univers de nouvelles textures et influences, donnant naissance à des paysages sonores organiques et oniriques.

Moment attendu de cette 9ème édition, le concert de clôture réunira musiciens internationaux et le Maâlem Mohamed Boumezzough autour d’une création de fusion jazz gnawa. Les rythmes du guembri y dialogueront avec l’improvisation jazz dans une œuvre collective vibrante, profondément enracinée et ouverte sur le monde.

Par Hajar Kharroubi
Le 23/12/2025 à 17h15