Le film «The damned don’t cry», du Marocain Fyzal Boulifa, fait sa grande première à la Mostra de Venise

"The damned don't cry", de Fyzal Boulifa, présenté jeudi 8 septembre à la Mostra de Venise 2022.

The damned don't cry, de Fyzal Boulifa, présenté jeudi 8 septembre à la Mostra de Venise 2022. . DR

Le mélodrame néo-réaliste «The damned don’t cry» (les damnés ne pleurent pas), est présenté pour la première fois, depuis sa sortie en 2022, dans un festival, dans le cadre des «Venice days», section parallèle de la Mostra de Venise.

Le 09/09/2022 à 09h02

«The damned don’t cry», deuxième long-métrage du réalisateur Fyzal Boulifa raconte l’histoire passionnelle qui lie une mère à son fils, au Maroc, en marge de la société. De parents marocains originaires de Tanger, c’est en Grande-Bretagne que grandit le réalisateur qui cultive toutefois une relation de grande proximité avec son pays d’origine.

Très inspiré par le Maroc, c’est ici qu’il réalise son tout premier court-métrage, «The Curse», en 2012, avant de réaliser son premier long-métrage «Lynn+Lucy», en 2019, qui lancera sa carrière en remportant un franc succès. «J'ai grandi en allant tout le temps au Maroc, et je suis très intéressé par l'origine de mes parents», confie-t-il au journal britannique The national news pour expliquer sa volonté de tourner au Maroc son second long-métrage «The damned don’t cry», co-produit par BBC Films, et qui sera projeté en Compétition Officielle du Prix du Meilleur Film au BFI London Film Festival (LFF), après sa première mondiale à la Mostra de Venise, dans la section Venice Days, consacrée aux réalisateurs émergents. 

«Mon plus grand lien avec le Maroc passe par ma mère, elle a grandi dans des circonstances très difficiles. Elle a grandi très pauvre, elle est à peine allée à l'école. Le Maroc que je connais est un Maroc ouvrier. Je suppose que c'est plus son histoire que tout ce qui m'intéresse. La famille est très importante au Maroc, non? Ma mère a été adoptée, et être adoptée au Maroc n'est pas tout à fait la même chose que d'être adopté ici [au Royaume-Uni] » poursuit Fyzal Boulifa.

Ce n’est pas pour autant que le film, qui sera projeté jeudi 8 septembre à la Mostra de Venise, traite d’adoption ou se présente comme un film autobiographique. Ce deuxième opus, de la veine des mélodrames hollywoodiens des années 1950, scrute les profondeurs d’une relation mère-fils passionnelle, ardente, celle qui unit la très bavarde Fatima Zahra (Aicha Tebbae), devenue très religieuse et soucieuse de se purifier de son passé, à son fils adolescent, Selim, joué par Abdellah El Hajjouji, qui découvre un jour la vérité sur le passé de sa mère. Deux êtres malmenés par la vie, qui vivent en marge de la société, se déplaçant d’un endroit à un autre du pays pour échapper aux scandales et trouver la légitimité dont chacun des deux rêvent. Un film poignant principalement tourné à Tanger, «une ville que j'ai toujours trouvée intrigante. C'est un endroit compliqué, difficile à pénétrer et à comprendre» explique le réalisateur.

«Je pense que l'idée de grandir en marge d'une société où le seul véritable filet de sécurité sociale est la famille a toujours fait partie de là d'où je viens et c’est donc quelque chose qui m'intéressait», explique Fyzal Boulifa qui s’est beaucoup inspiré de sa mère pour le personnage de Fatima Zahra devenue elle aussi très religieuse. «Il y a eu un moment dans ma vie où j'ai vu ce genre de changement massif en elle. En tant que tel, il montre l'adhésion du personnage à la foi musulmane avec une sincérité absolue» partage-t-il.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 09/09/2022 à 09h02