La réalisatrice marocaine présentera son prochain documentaire en avant-première lors des Ateliers Atlas du Festival international du film de Marrakech qui se tiendra du 28 novembre au 6 décembre 2025. Réalisé en collaboration avec Autlook Filmsales, ce documentaire suit une communauté allergique à la lumière du soleil, les enfants de la lune, donnant ainsi «naissance à un film de vampires devenu réalité», analyse le magazine américain Variety. Asmae El Moudir y mêle des archives familiales à des décors naturels aussi saisissants que surréalistes afin de retracer la vie de Fatima-Zahra, une jeune femme marocaine souffrant de cette maladie génétique rare.
Ce documentaire suit les pas de Habib, le père de Fatima Zahra, aujourd’hui âgé de 73 ans. Passionné de photographie, il achète en 1991 son premier caméscope à la naissance de Fatima Zahra, sa troisième fille, et commence à filmer le quotidien familial. Pendant plus de vingt ans, il documente la vie avec ses proches et, sans le savoir d’abord, les prémices de la maladie de sa fille. Lorsque le diagnostic tombe, Habib renonce à sa carrière et à son rêve de s’installer à la campagne: il choisit de rester en ville, auprès d’elle, et de partager ses nuits.
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Le chemin d’Asmae El Moudir croise celui de Habib un jour d’été 2017, dans un laboratoire photo, où il tente de négocier pour faire développer vingt ans d’archives. N’y parvenant pas, Asmae El Moudir se propose alors de l’aider à numériser cette précieuse mémoire familiale. S’en suivra une belle histoire d’amitié entre la réalisatrice, ce père de famille et sa fille, Fatima Zahra. «J’ai aussi tissé plus tard d’autres liens avec d’autres enfants de la lune à travers le Maroc. Leur monde est unique, leurs souvenirs se télescopent. Le dispositif de ce projet repose sur le fait de faire apparaître et disparaître les images, de les faire exister ou non, de diriger le regard comme l’auteur, moi, le souhaite, tout en révélant le dispositif qui permet de passer entre les images filmées par son père il y a vingt ans et les images réelles filmées aujourd’hui. C’est finalement un film sur le pouvoir de l’imagination et sur ceux qui rêvent. C’est là que le film puise sa poésie et sa mélancolie», explique la réalisatrice dans une note.
Le documentaire se poursuit après la mort de Fatima Zahra en 2023, laquelle a fondé autour d’elle une communauté d’enfants de la lune qui décident de se rendre dans les îles Lofoten, en Norvège «pour vivre sous la nuit polaire, en quête d’un monde où l’obscurité offre la sécurité», révèle Variety.
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«Nous parlons d’une maladie rare dont l’ennemi est redoutable: le soleil», explique Asmae El Moudir au magazine américain. «Ce qui représente normalement la joie devient une source de danger. Pour cette communauté, la lumière peut tuer. En ce sens, le projet est comme un film de vampires devenu réalité. Nous explorons comment cette communauté invisible vit parmi nous – une communauté dont la plupart des gens ignorent même l’existence – mais je ne veux pas la dépeindre comme une victime».
«Je cherche toujours à déceler le fantastique dans la réalité», poursuit-elle. «Ce qui est réel pour certains est de la science-fiction pour d’autres. J’explore les relations amoureuses entre des personnes vivant dans un monde qui, pour vous et moi, ressemble à de la science-fiction. Ils sortent avec des casques d’astronaute, de jour comme de nuit, et pourtant, pour eux, c’est la vie normale. Comment se perçoivent-ils? Comment tissent-ils des liens d’amour et de connexion au sein de cette communauté après la mort de leur dirigeante, Fatima-Zahra?».
«The mother of lies» (la mère de tous les mensonges), son premier documentaire-fiction a valu à la réalisatrice marocaine le prix du meilleur documentaire à Cannes ainsi que le prix de la mise en scène dans la catégorie «Un certain Regard» au même festival, le prix du meilleur film au Festival du film de Sydney et plus de 30 prix internationaux, avant d’entrer dans l’histoire comme le premier film marocain à remporter la prestigieuse Étoile d’Or de Marrakech. Le film a également été présélectionné dans la catégorie meilleur long métrage international aux Oscars 2024.











