Il est l’une des plus célèbres «gueules» du cinéma américain, qui a officié dans plus de 100 films et tourné avec les grands noms du cinéma contemporain, de Paul Schrader à Lars von Trier, en passant par Martin Scorsese, Julian Schnabel, Oliver Stone, Abel Ferrara, David Lynch ou Wes Anderson. C’est dire si Willem Dafoe figure parmi les acteurs les plus respectés du cinéma américain, virevoltant avec une étonnante aisance entre les blockbusters hollywoodiens et les productions plus intimistes du cinéma indépendant. Avec à la clé plus d’une cinquantaine de prix décrochés tout au long de sa carrière, une collection à laquelle ne manque que la statuette dorée des Oscars, consécration à laquelle il a été pourtant nominé à quatre reprises.
Invité de marque lors de cette 20ème édition du Festival international du Film de Marrakech, entre autres dans le cadre des sessions d’échange intitulées «In conversation with…», Willem Dafoe s’est plié de bonne grâce à l’inévitable jeu des questions-réponses avec Le360.
Avec une filmographie de plus d’une centaine de films, quel est le rôle dont vous rêviez et que vous n’avez toujours pas décroché?
Si vous me posez la question sur le rôle de mes rêves, je vous dirais que la réponse n’est pas si simple. En fait, il ne s’agit pas de rôles, mais de situations. Il y a beaucoup d’éléments qui entrent en jeu et qui sont déterminants. Je vous donne un exemple: si on me demande d’interpréter le rôle d’une personnalité historique, par exemple celui de John F. Kennedy, c’est déjà préparé dans ma tête. Je préfère découvrir quelque chose de nouveau, travailler sur un personnage que je ne connais pas. On croit, à tort, que quand on fait quelque chose que l’on connaît parfaitement, on le fait avec plaisir. Mais c’est en réalité l’exact contraire.
Le théâtre vous a-t-il transmis ce plaisir de faire du cinéma que vous évoquiez?
Je me réjouis d’interpréter des pièces de théâtre, car tout simplement j’aime son côté pittoresque, ses rituels. Et aussi le fait qu’au théâtre, on contrôle notre propre rythme.
«Nosferatu», dont la sortie est prévue en 2024, est l’un de vos derniers films. Comment s’est déroulé le tournage?
Le tournage s’est merveilleusement bien passé. J’ai déjà travaillé avec le réalisateur Robert Eggert à deux reprises. C’est un ami et j’apprécie beaucoup la collaboration avec lui. Et ce qui est extraordinaire avec lui, c’est que son approche du cinéma s’affine de plus en plus, et c’est quelque chose de stimulant.
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L’intelligence artificielle a été l’une des raisons qui ont motivé la grève des acteurs et des scénaristes à Hollywood. Pensez-vous qu’elle constitue une menace pour le métier d’acteur?
Je n’ai pas vraiment d’idée autour de ce sujet. Tout ce que je sais, c’est que la question concerne le droit à l’image, mais sur Internet, le problème est déjà là. Les gens diffusent votre image sans aucune autorisation et la partagent sur les réseaux sociaux… Mais je ne veux pas m’investir davantage dans ce sujet, parce que sinon je n’aurais pas le temps de faire mon travail et de jouer dans des films. C’est un travail important et difficile, et j’espère bien que quelqu’un va s’en occuper, mais ce ne sera pas moi.
Vous avez reçu de nombreux prix, et vous avez été nominé aux Oscars à quatre reprises. Pensez-vous que ces nominations sont représentatives de vos meilleures performances?
Non, je ne le pense pas. J’ai joué dans énormément de films. Avoir été nominé aux Oscars pour ces quatre films ne signifie pas pour autant que ce sont mes meilleures performances, ou les meilleurs films dans lesquels j’ai joué. Mais ce n’est pas vraiment un problème. En réalité, le plus intéressant dans toute cette histoire, c’est que toutes ces nominations étaient pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Cela signifie, pour moi, qu’elles étaient méritées, et j’en suis très fier. Et puis comme tous les prix, ces nominations permettent de donner davantage de visibilité, de valoriser et de promouvoir les films en question.