C’est parti pour la 24ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du monde d’Essaouira. La grand-messe musicale s’est ouverte dans la soirée du jeudi 22 juin, avec la traditionnelle parade où des personnalités du monde politique, associatif et culturel, ainsi que quelques membres du gouvernement se sont mêlés à la foule.
De Bab Doukkala jusqu’aux portes de la scène Moulay El Hassan, de nombreux officiels ont accompagné Neila Tazi, directrice du Festival, dont Mehdi Bensaïd, ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, André Azoulay conseiller royal, Naam Miyara, président de la Chambre des conseillers, ou encore Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS).
«C’est une édition très particulière pour nous, pour la ville d’Essaouira et pour les Gnaouas, puisque c’est la première édition dans son format habituel après la crise du Covid. C’est surtout la première édition après l’inscription des Gnaouas au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est une grande édition et une invitation à la joie, au partage et au bonheur», a déclaré Neila Tazi dans un échange avec Le360. Et de chuchoter, juste avant de donner le départ de la parade: «Cette année, tout le monde sera debout, y compris les officiels».
Un impact évident sur la ville d’Essaouira
Les membres du gratin politico-médiatique présents déclarent à l’unanimité que le festival d’Essaouira est une exception marocaine. Un événement qui s’est installé depuis plus de deux décennies, et dont l’impact sur la ville et son développement touristique et économique est indéniable. «Une première étude avait été faite sur l’impact du festival sur le développement de la ville, et elle a conclu que chaque dirham investi rapporte près de 15 à 17 dirhams à la ville. Ce qui est énorme», argumente Mehdi Bensaïd, affirmant que l’exemple d’Essaouira est à généraliser dans d’autres villes.
«Chaque année est encore plus belle que la précédente. Par la programmation d’abord, et par tout ce qui fait que ce festival est, pour nous Marocains en général, et Souiris en particulier, très émouvant. C’est un festival iconique et il va révéler et montrer au plus grand nombre le chemin parcouru par Essaouira», témoigne à son tour André Azoulay.
Pour Nabil Benabdellah, «l’importance et la renommée de ce festival ne sont plus à prouver. Essaouira est aujourd’hui installée dans le circuit touristique international, dans la programmation culturelle et dans la mémoire de plusieurs populations dans le monde».
Sanaa Maharati, cendrillon des Gnaouas
Après la parade animée par plus d’une trentaine de troupes, venues de toutes les régions du Maroc, place au spectacle d’ouverture, avec un concert de fusion qui a réuni sur scène la troupe de percussions burundaise Amagaba, les frères Kouyou, le saxophoniste Jaleel Show et Sanaa Maharati.
Cette chanteuse de Melhoun s’est surpassée en se muant, le temps d’une soirée, et pour sa première participation au Festival d’Essaouira, en «maâlma gnaouia». Avec un succès certain, sa voix résonnant dans le ciel souiri à en donner des frissons au public lors de son interprétation de «Shalaba», un classique du répertoire des gnaouas. «La musique gnaoui, tout comme Melhoun, est un patrimoine populaire marocain. Ils ont tous les deux plusieurs points communs, dont la langue et les gammes complexes», a confié la chanteuse.
C’est justement en après qu’elle ait chanté un extrait de «Shalaba», sur une autre scène l’année dernière, que la direction artistique du Festival d’Essaouira a eu l’idée d’inclure Sanaa Maharati dans la programmation de cette édition. «Les gens avaient apprécié cette fusion peu commune. Et je suis très heureuse de participer à cette scène très prestigieuse, où tout artiste authentique rêve de se produire», poursuit-elle.
Et il faut croire que la magie de la rencontre entre Melhoun, chants gnaouis et rythmes de percussions burundaises a fait son effet, autant sur le public que sur les artistes eux-mêmes. «Durant toute notre longue carrière, c’est la première fois que nous vivons cette expérience de fusion entre les danses traditionnelles burundaises et les danses traditionnelles marocaines. Il y avait une belle harmonie», s’est extasié Jean-Claude Newi, leader de la troupe Amagaba.