Une avancée majeure vient enrichir l’histoire maritime d’El Jadida. Deux épaves de navires, datant probablement de la seconde moitié du 19ème siècle, ont été découvertes au large de cette ville emblématique. Ces découvertes ont été réalisées dans le cadre d’un programme ambitieux mené par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, en partenariat avec la Gendarmerie royale et le Centre national des études et recherches autour du patrimoine subaquatique.
Selon Azzedine Karra, directeur du Centre national des études et recherches autour du patrimoine subaquatique, «ces deux navires, d’après les données préliminaires, sont des navires commerciaux liés à l’activité intense du port d’El Jadida, qui était peut-être le deuxième port le plus actif du Maroc à l’époque.»
Ce dynamisme portuaire a, cependant, été marqué par une série d’accidents maritimes, en grande partie dus à l’absence d’infrastructures de protection et de brise-lames, ce qui rendait l’entrée au port particulièrement périlleuse.
Des épaves en métal et un travail de précision
Initialement, certains experts pensaient que l’un des navires était en bois. Mais les analyses menées sur place, avec l’appui du club de plongée d’El Jadida, ont confirmé que les deux navires sont en métal. Si l’un des navires conserve une structure visible, l’autre est en grande partie démantelé.
Les équipes ont également mesuré une partie de l’épave encore intacte, estimant sa hauteur à environ 28 mètres, bien que ces données restent à confirmer. «Nous préférons procéder avec prudence et recouper toutes les informations pour obtenir une vision précise», ajoute notre interlocuteur.
Un processus minutieux de documentation
Le projet ne se limite pas à l’identification physique des épaves. Il s’inscrit dans une démarche de recherche historique et documentaire. Les archives maritimes et cartographiques anciennes font état de plusieurs naufrages à l’entrée du port d’El Jadida, notamment ceux des navires La Marne, Le Maroc et L’Amazone.
«Ces noms reviennent régulièrement dans les archives. Cependant, nous ne voulons pas tirer de conclusions hâtives. Une analyse approfondie est nécessaire pour confirmer l’identité des navires, leurs poids, leurs architectures et leurs fonctions», précise Azzedine Karra.
Les investigations comprennent une comparaison entre les informations historiques et les vestiges découverts sous l’eau, un travail qui, selon les chercheurs, prendra du temps.
Une plongée dans le passé maritime
Cette découverte ouvre une fenêtre fascinante sur le passé d’El Jadida et sur l’importance qu’avait ce port dans le commerce maritime marocain du 19ème siècle. Elle met également en lumière les défis auxquels étaient confrontés les navigateurs de l’époque, dans une région où les conditions météorologiques difficiles et l’absence d’infrastructures modernes rendaient la navigation risquée.
En attendant les résultats définitifs des fouilles et des analyses, cette découverte renforce l’importance de préserver le patrimoine maritime du Maroc, une richesse encore largement inexplorée. Comme l’explique Karra: «Ces épaves ne sont pas seulement des vestiges matériels, elles racontent une histoire. Leur étude permettra de mieux comprendre l’activité commerciale de l’époque et le rôle central qu’a joué El Jadida dans l’économie du pays.»
Ces travaux promettent de dévoiler des trésors historiques inestimables, tout en sensibilisant le grand public à la nécessité de préserver cet héritage inédit.
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