Les salles de cinéma ont été fermées le 14 mars au Maroc, soit 12 jours après la déclaration du premier cas du Covid-19 sur le territoire national. Depuis, faute de réouverture, leurs exploitants accusent de sérieuses pertes financières qui se chiffrent à des millions de dirhams, la baisse du chiffre d'affaires réalisé d'habitude sur la même période atteignant plus de 80%. "Il y a le feu dans la maison. La situation est réellement dramatique", souligne Youssef Benwakrim, directeur général d'exploitation et de distribution au Megarama et vice-président de la Chambre marocaine des exploitants de salles de cinéma.
Alors que la levée de l'état d'urgence a été annoncée pour le 10 juin, l'absence de visibilité sur le calendrier d'ouverture des cinémas a poussé les propriétaires de salles au Maroc à faire part de leurs inquiétudes au ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, Othman El Ferdaouss. Ce dernier, après avoir reçu un courrier de la Chambre des exploitants, a convoqué une réunion avec les professionnels du secteur jeudi 21 mai. "Nous lui avons exposé la problématique, signalé que nous étions submergés de charges et que nos fonds de roulement étaient à sec", souligne Youssef Benwakrim.
Le directeur général d'exploitation du Megarama confie à Le360 que les pertes des multiplexes du groupe au Maroc sur les deux derniers mois se chiffrent à 1,5 million de dirhams et pourraient atteindre les 2 millions de dirhams dans les jours à venir. "Si les salles de cinéma ne reprennent pas leur activité vers la mi-juin ou début juillet et qu'on nous autorise à n'ouvrir qu'en septembre, la situation risque d'être réellement catastrophique et les plusieurs salles vont cette fois-ci mettre la clé sous la porte, et de manière définitive", explique notre interlocuteur.
Lire aussi : Vidéo. Ouarzazate, bastion du cinéma marocain, désertée par les tournages étrangers
Les exploitants de salles de cinéma ont demandé à Othman El Ferdaous de prendre en considération cet état de fait. "Nos taxes sont actuellement déduites de nos charges, la situation est vraiment inquiétante", ajoute Youssef Benwakrim. L'idéal pour les exploitants des salles de cinéma du Royaume serait une reprise d'activité comme en Espagne et en France, pays qui prévoient d'autoriser la réouverture des cinémas début juin ou juillet au plus tard et, à 50% de leur capacité, avec un nettoyage en profondeur des salles de projection et en veillant au respect de la distanciation physique dans les gradins ainsi qu'au niveau des guichets pour l'achat des tickets. "Le Maroc a très bien géré la crise du Covid-19, mieux qu'aucun autre pays en Europe. Il y a donc de bons indicateurs pour la reprise de l'activité des salles de cinéma", selon Youssef Benwakrim. Celui-ci souligne qu'à l'heure de la réouverture, les films marocains à succès, n'ayant pas eu le temps de toucher leur public à cause de la fermeture des salles, seront redistribués. "Il y a de fortes chances pour que nous redémarrions avec des reprises de films", explique-t-il. "Mais encore faut-il avoir un calendrier d'ouverture des salles. C'est ce que nous attendons, mais nous n'avons encore aucune visibilité pour le moment", conclut le vice-président de la Chambre marocaine des exploitants de salles de cinéma.