Casablanca: les musiciens de rue délogés pour "tapage nocturne et mendicité" par la commune

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Selon nos informations, la disparition des artistes de rue de la place des Nations unies à Casablanca n'est pas le fait de la wilaya de Casablanca. Ce sont les agents communaux qui ont interdit aux musiciens de s'y produire et saisis leurs instruments.

Le 15/03/2017 à 20h00

Jeudi 9 mars, les cinq artistes qui animaient l'esplanade de la place des Nation unies à Casablanca ont été délogés par les agents de la commune de Sidi Belyout. Il leur est désormais interdit de s'y produire.

Raison invoquée: des plaintes émanant des riverains.

«Khalid Safir, le wali de Casablanca n'a émis aucune décision à ce sujet. C'est la commune qui a pris l'initiative après avoir reçu plusieurs plaintes de citoyens, qui accusent ces musiciens de tapage nocturne. Ils se plaignent surtout du fait qu’ils commencent à jouer très tôt le matin, vers 10 heures et ne terminent que tard le soir», précise une source au sein de la wilaya de Casablanca.

La même source confirme que les musiciens ont été interdits d’investir les lieux et que leurs instruments ont été saisis. «Mais encore une fois nous précisons que la wilaya n’a pas émis de décision. Les autorités n’ont fait qu’écouter les doléances des riverains», insiste-t-elle.

(Reportage de le360 réalisé en janvier 2017)

Et ce n’est pas tout. Les agents de la commune ont également verbalisé, ses artistes au nombre de 5, pour mendicité. C'est ce que nous confie notre source auprès du wali de la ville. Les riverains se trouveraient également derrière cette accusation.

Toutefois, c'est méconnaître le phénomène social très répandu en Europe, des artistes de rue, que les passants rétribuent de quelques pièces pour des moments de plaisir mélomane.

Les détails sur l'arrestation des cinq musiciens nous parviennent de Mehdi Azdem, coordinateur de la pétition FADAE pour le libre accès à l’espace public aux artistes de rue qui confirme d'une part leur interpellation par les agents communaux.

Et d'autre part, il précise que «trois d'entre eux ont fini par signer une décharge, les engageant à ne plus investir les lieux et ils ont pu ainsi récupéré leurs instruments. Les deux autres ont refusé de se soumettre à cette procédure et leur matériel est toujours entre les mains des services communaux».

Rappelons que ce mercredi 15 mars, la communauté sur le net est en émoi. Cette "interdiction" a ébranlé les réseaux sociaux.

Un sit in serait même en préparation sur la place des Nations unies dans les prochains jours pour faire annuler cette décision.

Par Qods Chabaa
Le 15/03/2017 à 20h00