Boudchart, l’alchimiste du chœur collectif: Marrakech conquise par deux soirées d’exception

Amine Boudchar, dit Boudchart, lors d'un concert à Marrakech. (K.Sabbar/Le360)

Le 15/12/2025 à 11h40

VidéoDeux soirées à guichets fermés ont suffi pour confirmer le lien exceptionnel entre Amine Boudchar, alias Boudchart, et le public marrakchi. À travers un concept participatif devenu sa signature, le compositeur et chef d’orchestre a transformé le concert en une célébration collective, mêlant patrimoine, émotions partagées et communion musicale. Ambiance.

Marrakech a vibré, chanté et partagé une émotion rare lors de deux soirées musicales mémorables. Les 13 et 14 décembre 2025, le Palais des Congrès de la ville ocre a accueilli Amine Boudchar.

Face au succès immédiat du premier concert d’Amine Boudchar, affichant complet, l’artiste a ajouté une seconde date, qui fut également un triomphe. Deux soirées intenses, portées par une ferveur collective et une communion musicale devenue sa signature.

Sur scène, le compositeur et chef d’orchestre marocain a une nouvelle fois démontré l’ampleur de son talent et la singularité de son approche. Dirigeant l’orchestre avec précision et générosité, il a transformé la salle en un espace vivant, où la frontière entre artistes et spectateurs s’est naturellement effacée.

«Dieu merci, les concerts se sont déroulés dans une ambiance magnifique. Nous avons vécu des moments musicaux très forts et l’interaction du public a été remarquable. Le public marrakchi possède une sensibilité artistique particulière et il nous fallait être à la hauteur», a-t-il confié en marge du concert.

Des propos qui traduisent à la fois sa gratitude et son admiration pour un public pleinement investi. «Ce n’est pas la première fois que je me produis à Marrakech, mais à chaque retour, nous découvrons une passion différente et une grande énergie positive», a-t-il ajouté, soulignant le lien unique qui l’unit à la ville.

Cette ferveur n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans une popularité qui ne se dément pas et dans un concept désormais emblématique: faire chanter le public en chœur. Chez Boudchart, le concert n’est pas un simple spectacle, mais une expérience participative totale.

À Marrakech, la salle s’est transformée en un immense chœur collectif, parfaitement synchronisé avec l’orchestre, reprenant avec enthousiasme des titres emblématiques tels que Alf Leila wa Leila, Bared w Skhoun, Ana Baachqak, Yallah Bina Yallah ou encore Ash Dak Temshi Lzine, un bijou musical de feu Hamid Zahir issu du patrimoine 100% marrakchi. Ce dialogue permanent entre la scène et la salle crée une énergie contagieuse, où chacun devient acteur de la musique.

Le programme artistique a également mis en lumière la richesse et la profondeur du travail de composition d’Amine Boudchar. Des œuvres comme Mosaïka, subtile fusion entre Orient et Occident inspirée de l’esprit amazigh du Moyen Atlas, Ziyara, pièce spirituelle mêlant aïssaoui, influences persanes et turques, ou encore La Joie des Simples, véritable explosion festive, ont illustré sa capacité à marier les traditions et les esthétiques contemporaines. Avec Taâridah, il a revisité le chaâbi marocain dans une forme moderne, rendant hommage au patrimoine tout en le projetant vers l’avenir.

Fidèle à sa démarche artistique, Boudchart ne se contente pas de faire chanter les foules. Il implique aussi les artistes des villes et des pays où il se produit, mettant en valeur les répertoires et les talents locaux. À Marrakech, plusieurs jeunes artistes ont ainsi partagé la scène, à l’image d’Adel Nadif et de ses passages vocaux aux accents flamenco, ou encore de Walid Nadi et Rouqia Ahmed, qui ont proposé un segment inspiré du répertoire populaire marocain.

«J’estime qu’il est également de mon devoir d’offrir des opportunités aux jeunes artistes afin qu’ils puissent présenter leurs œuvres et construire leurs propres projets artistiques», a expliqué le chef d’orchestre, confirmant son rôle de passeur et de révélateur de talents.

Le public, emporté, n’a pas caché son enthousiasme. «C’est la troisième fois que j’assiste à un concert de Boudchart. J’apprécie toujours sa diversité musicale et sa capacité à se renouveler, ainsi que son attention à mettre en valeur le patrimoine local de chaque ville qu’il visite», a témoigné une spectatrice.

Une autre a souligné l’originalité du concept. «Je suis venue spécialement parce que j’adore le chant collectif. L’ambiance de karaoké proposée par Boudchart est unique», a-t-elle témoigné.

Venue de l’étranger, une spectatrice a résumé l’essence même de ces soirées. «Pour moi, la musique est une véritable thérapie et Boudchart nous offre cette expérience avec beaucoup de sincérité». Un sentiment partagé par de nombreux spectateurs, certains soulignant même que la notoriété de l’artiste dépasse désormais largement les frontières du monde arabe.

Au-delà du succès, ces concerts de Marrakech illustrent ce qui fait la force d’Amine Boudchar: offrir un bonheur partagé, dans ce qui ressemble à une joyeuse thérapie de groupe. Chaque représentation devient un moment suspendu, où la musique rassemble, apaise et unit.

En tournée à travers le Maroc et l’Europe, de Meknès à Tétouan, de Casablanca à Rabat, puis vers l’Allemagne, la France, l’Espagne et les pays du Golfe, Boudchar poursuit cette aventure humaine et artistique avec une touchante sincérité. À Marrakech, il n’a pas seulement donné deux concerts. Il a offert une expérience collective inoubliable à un public chaque jour un peu plus conquis.

Par Ghania Djebbar et Khadija Sabbar
Le 15/12/2025 à 11h40