Fouad est un jeune immigrant marocain de 15 ans, qui rêve de devenir joueur de soccer.
Son père Atif travaille dans un restaurant du quartier où il vit, en attendant de trouver un emploi à la hauteur de ses compétences d’ingénieur.
Fouad fréquente une école secondaire où il a de la difficulté à se faire une place et subit des intimidations.
Max, 27 ans, est ce qu’on peut appeler un Québécois «de souche».
Il habite le même quartier populaire que Fouad et vit dans le sous-sol de son père Gilles.
Malgré ses efforts, il peine à maintenir une relation amoureuse et un emploi décent.
Les deux jeunes hommes vivent une existence humiliante, pleine de frustration, qui les pousse insidieusement vers la violence.
Leur destin les mènera l’un face à l’autre, dans une situation dont personne ne sortira indemne.
Le film Respire met à l’honneur un casting qui fait la part belle aux acteurs marocains, avec Houda Rihani et Mohammed Marouazi, dans le rôle des parents de Fouad, joué par Amedamine Ouerghi.
Mohammed Marouazi, qui interprète Atif, le père de Fouad, explique, interrogé par Le360, que son personnage «a décidé d’immigrer au Québec pour offrir à sa famille un meilleur futur ainsi qu’une meilleure qualité de vie. Mais à son arrivée, il est frustré par l’accueil qui lui est réservé sur le plan professionnel».
Incapable de trouver un emploi comme ingénieur, il est ainsi contraint de travailler dans un restaurant, ce qu’il déteste, et pour cause, «c’est un homme très orgueilleux, avec de bonnes intentions. Lui qui était si respecté au Maroc se voit maintenant au bas de l'échelle au Québec», explique Mohamed Marouazi.
Lire aussi : Diapo. Un film canadien se penche sur la vie des immigrés marocains au Canada, entre espoirs et désillusions
Réalisé par Onur Karama, réalisateur canadien d’origine turque dont la famille a immigré au Québec, Respire s’inspire de l’histoire personnelle de son réalisateur, qui a vécu la transition entre la Turquie et le Québec de façon brutale, lui qui a été confronté à l’exclusion sociale à cause de ses origines dès son plus jeune âge.
Trois questions à Onur Karama:
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant l'immigration marocaine au Canada? Je voulais montrer le portrait réaliste d’une famille immigrante. Le scénario s’est écrit tout seul. Quand je parlais à ma mère de la facilité avec laquelle je l’ai écrit, elle a répondu: «c’est normal, c’est trente ans de vécu». J’étais presque inconscient de ma propre réalité jusqu’à ce qu’elle me le dise.
Pourquoi une famille marocaine? Parce que je voulais montrer une famille immigrante et musulmane. La religion ne joue pas un grand rôle dans ce film-ci mais le parallèle culturel m’a aidé à créer une similarité plus directe avec l’histoire de ma famille. Cette histoire aurait pu être conçue avec une autre nationalité car l’immigration nous fait vivre des problèmes similaires.
Quel est le débat vers lequel vous espérez que ce film aboutira? Je crois que nous vivons dans un monde où il n’y a plus de nuance. Nous prétendons être sûrs de nous sur des sujets que nous regardons seulement à travers nos lunettes. Je crois que l’homme moderne souffre d’un gros problème de solitude et d’isolement, qu’il soit immigrant ou pas, causé notamment par des polarisations idéologiques. Je crois qu’il est important de prendre une bonne respiration et se dire qu’on est tous très similaires dans nos différences.
Lire aussi : Fuite des cerveaux: les Québécois lancent une nouvelle campagne de débauchage au Maroc
Même si on peut paraître très différents les uns des autres, que ce soit ethniquement, religieusement ou d’un point de vue socio-économique, on reste humains. Ce à quoi j’aspire avec ce film n’a rien de révolutionnaire, tout simplement de lever la tête et de dire «bonjour» à notre voisin, de le connaître au niveau personnel au-delà de nos différences superficielles.
La vie ne changera pas d’une minute à l’autre, mais il se pourrait qu’on se sente un peu moins seuls, un peu moins isolés. Je pense que cela rend certaines duretés de la vie un peu plus tolérables.
Ce film est-il aussi une manière de dépeindre l'autre facette d'un Eldorado qui n'en est pas un pour les candidats à l'immigration?L’Eldorado est un mythe, et pas plus que ça. Je ne peux parler que de ma propre expérience. Tous les immigrants qui arrivent ici ne sont pas d’une extrême pauvreté ou issus d’un pays en proie à la guerre. Les immigrants remplissant certains critères prédéterminés sont sélectionnés. C’était le cas de ma famille et je ne crois pas que mes parents aient trouvé ce qu’ils cherchaient d’un point de vue matériel.
La souffrance émotionnelle, que ce soit l’isolation, la précarité ou le sentiment de ne pas être le bienvenu sont des éléments de l’immigration que beaucoup d’entre nous vivent. Ça peut parfois rester enraciné et même transmis aux futures générations.
Mais l’immigration nous a donné la chance de voir le revers de la médaille, et je crois que ça nous a enrichi autrement, car nous avions la chance de pouvoir compter les uns sur les autres pour nous encourager. Toutefois, ce n’est pas le cas chez tout le monde. In fine, cette réalité d’immigrant n’est pas valable uniquement au Québec mais partout dans le monde.