Diapo. Un film canadien se penche sur la vie des immigrés marocains au Canada, entre espoirs et désillusions

DiaporamaLe film «Respire», réalisé par le Canadien d’origine turque Onur Karaman, raconte l’histoire d’une famille marocaine qui quitte le Maroc pour s’installer au Canada. Ou comment la fuite des cerveaux depuis le Maroc aboutit à une vie de désillusions.

Le 09/11/2021 à 14h55

A gauche, Mohamed Marouazi (Atif), au cours du tournage du film canadien «Respire». . DR

C’est l’histoire de Atif, un père de famille marocain, qui arrivé à la quarantaine, décide de quitter le Maroc pour gagner le Québec en compagnie de sa femme et de leur fils de 14 ans, Fouad, passionné de football. Mais arrivé sur place, lui, qui était ingénieur d’Etat au Maroc avec de bonnes conditions de vie, se retrouve obligé de travailler dans un restaurant.

L’acteur marocain Mohamed Marouazi, qui interprète le rôle de Atif, décrit, pour Le360 l’état d’esprit de son personnage. «Il a décidé d’immigrer au Québec pour offrir à sa famille un meilleur futur ainsi qu’une meilleure qualité de vie. Mais à son arrivée, il est frustré par l’accueil qui lui est réservé sur le plan professionnel». Et pour cause, incapable de trouver un emploi comme ingénieur, il est contraint de travailler dans un restaurant, ce qu’il déteste. «C’est un homme très orgueilleux, avec de bonnes intentions. Lui qui était si respecté au Maroc se voit maintenant au bas de l'échelle au Québec» explique Mohamed Marouazi.

Respire raconte de manière générale l’histoire des immigrés qui s’installent au Canada dans l’espoir d’un meilleur avenir. «Chaque personne qui aspire à venir ici pour exercer la profession qu’il exercait dans son pays se trompe. C’est impossible d’être ingénieur ou médecin au Maroc et de retrouver le même poste ici», explique Le360 l’acteur qui se reconnaît quelque peu dans le personnage qu’il interprète.

En effet, poursuit-il, «bien que le Canada souffre d’un manque terrible de compétences dans le secteur médical par exemple, il est courant de voir des médecins chirurgiens étrangers conduire un Uber, faute de pouvoir faire reconnaître leurs diplômes et pratiquer leur vrai métier». Il en va de l’expérience canadienne… C’est le prix à payer pour ceux qui cherchent dans cette nouvelle vie «une certaine paix, la sécurité, l’accès à l’éducation», explique Mohamed Marouazi.

Ce film s’adresse donc aux immigrés, toutes origines confondues, afin de lever le voile sur les illusions dont ils se bercent quant à un ailleurs idéalisé, mais aussi aux Canadiens afin de leur faire prendre conscience des compétences qui se gâchent.

Autre objectif de ce film, interroger la société canadienne sur la question de cette jeunesse, issue de l’immigration, déchirée entre le mal-être de parents qui ne parviennent pas à s’intégrer et les inégalités sociales, raciales et économiques auxquelles ils font face.

«Que préparons-nous comme génération future pour le Canada?». C’est l’une des interrogations soulevées par ce film, telle une mise en garde contre le fossé qui s’est d'ores et déjà créé entre communautés, faute de communication, et qui est actuellement comblé par la haine et la peur de l’autre.

Respire, ce film qui a pour vocation d’éveiller les consciences, a obtenu une aide à la production de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) d’un montant de 2,5 millions de dollars.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 09/11/2021 à 14h55