Dans cet entretien avec Le360, Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (FNM), met en avant le soutien du roi Mohammed VI et son implication directe dans la politique culturelle, qui ont été essentiels à la naissance d’un réseau de musées modernes et accessibles au Maroc, favorisant une meilleure valorisation du patrimoine culturel national. Les projets de rénovation et la construction de nouveaux espaces muséaux ont non seulement enrichi l’infrastructure culturelle marocaine, mais ont aussi révolutionné l’expérience des visiteurs, rendant l’art et l’histoire plus vivants et attractifs que jamais, estime-t-il.
Le360: Comment la stratégie nationale en matière de musées a-t-elle évolué depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI?
Mehdi Qotbi: Sous le règne du roi Mohammed VI, la culture a connu un renouveau sans précédent. Grâce à sa vision éclairée, la Fondation nationale des musées (FNM) a été créée en 2011, et est devenue aujourd’hui une institution culturelle de référence.
La FNM s’engage activement et sans relâche au rayonnement et à la diffusion du patrimoine, afin de le rendre accessible à toutes et à tous. Plusieurs actions ont été entreprises à cet effet, visant à rendre les espaces muséaux dynamiques et attractifs. Chaque projet de rénovation intègre une modernisation des bâtiments, des acquisitions d’œuvres pour enrichir les collections, avec des scénographies adaptées et une programmation culturelle riche et diversifiée.
Le Musée du football marocain.. Le360
Aujourd’hui, grâce à ce renouveau et ses accomplissements, cette expérience marocaine est prise en exemple par plusieurs pays du continent et dans le monde entier. Cette mission que nous menons dans l’ensemble des musées s’inscrit dans les orientations royales pour faire de la culture un vecteur de développement économique et social.
Quelles lois ou régulations spécifiques ont été adoptées sous le règne du roi Mohammed VI pour soutenir le développement des musées?
Conformément à la volonté du roi Mohammed VI, plusieurs réglementations ont été mises en place pour structurer le secteur muséal et placer la culture comme vecteur essentiel de développement. En 2021, à titre d’exemple, une nouvelle loi a vu le jour grâce à la contribution de la FNM pour la mise en place du «label musée». Elle apporte un cadre juridique à la création de musées, permettant ainsi au Maroc de s’inscrire à la fois sur la scène artistique internationale et de travailler sur la protection des biens culturels, la lutte contre le trafic illicite de biens culturels et la dotation des structures muséales d’un cahier des charges. Par cette loi, la FNM met à contribution son savoir-faire et son expertise en soutenant et en accompagnant les structures publiques et privées.
Quels mécanismes de financement public ont été mis en place pour soutenir les musées marocains?
En tant qu’institution publique, la FNM s’appuie sur les subventions de l’État et sur les recettes générées par les entrées aux musées pour mener à bien ses missions. Des partenariats sont également établis avec des acteurs privés pour mobiliser des ressources supplémentaires en faveur de la rénovation des musées, de l’organisation d’expositions nationales et internationales et de la valorisation du patrimoine culturel marocain.
Quels sont les projets muséaux les plus emblématiques initiés ou achevés sous le règne de Mohammed VI?
Il y a eu de grands rendez-vous historiques, comme l’inauguration à Rabat du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) en 2014 par le roi Mohammed VI, un moment marquant qui a ouvert la voie à une nouvelle dynamique culturelle au Maroc.
Dans cette perspective, la FNM continue à se placer au service de tous les Marocains, en renforçant sa position régionale à travers l’ouverture de musées dans plusieurs villes du Maroc. Des projets ambitieux sont ainsi prévus, dont l’ouverture prochaine du Musée des arts de l’Islam, situé au Palais Al Batha à Fès.
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Il y a également en projet un futur complexe muséal, nommé Cité de la culture africaine - Musée du Continent, dont les travaux de rénovation sont en cours. Ce bâtiment sera composé d’un centre de conservation du patrimoine, un laboratoire de musée, une résidence d’artistes, un centre de formation panafricain dédié aux métiers de la conservation et de la restauration, ainsi que le musée du Continent.
Quels projets de restauration notables ont été réalisés dans les musées marocains ces dernières années?
Consciente de l’importance d’offrir aux visiteurs des espaces de qualité, la FNM a entrepris un vaste chantier de rénovation et de modernisation, visant à rendre les musées plus accueillants, plus attractifs et conformes aux normes internationales de conservation et de préservation du patrimoine.
Chaque projet de restauration est mené avec soin et minutie, en tenant compte de l’identité architecturale et de l’histoire unique de chaque musée. Les bâtiments font l’objet d’une modernisation complète, tout en respectant leur authenticité.
«Les projets de développement des musées gérés par la FNM ont eu des impacts significatifs sur la scène culturelle marocaine.»
— Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées.
Les collections, quant à elles, s’enrichissent d’acquisitions nouvelles et précieuses, permettant de retracer de manière encore plus complète et représentative la culture du Maroc. Tel est le cas à Tétouan, Tanger, Meknès, Rabat, Safi, Marrakech et Agadir, où des travaux de restauration ont été menés pour offrir aux visiteurs une expérience muséale variée. Aujourd’hui, les espaces muséaux marocains sont des passeurs de mémoire et des catalyseurs d’émotions qui connaissent une fréquentation de plus en plus évolutive par un public de tout âge.
Quels impacts ces projets ont-ils eus sur la scène culturelle et touristique du Maroc?
Les projets de développement des musées gérés par la FNM ont eu des impacts significatifs sur la scène culturelle marocaine. Ils ont aussi dynamisé et élargi l’offre touristique en proposant des expositions de qualité au public national et international. Cela a renforcé le positionnement du Maroc comme destination culturelle très prisée par les touristes, contribuant à l’essor et à la valorisation de l’image du pays à l’échelle mondiale.
Comment le Maroc a-t-il amélioré la formation des professionnels en conservation et en restauration au cours des 25 dernières années?
À la FNM, nous privilégions une approche de formation continue orientée vers le développement des compétences et des connaissances en matière de conservation et de gestion des collections. C’est ainsi que plusieurs conservateurs ont pu suivre des formations organisées dans plusieurs institutions comme l’Institut méditerranéen des métiers, relevant du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), le British Museum ou encore avec la Reinwardt Academy à Amsterdam. L’objectif est de partager les expériences et de transmettre le savoir-faire autour des thèmes de la conservation préventive, la manipulation des objets muséaux et la gestion des réserves.
Comment les politiques muséales ont-elles évolué pour promouvoir l’inclusion sociale et culturelle sous le règne de Mohammed VI?
La préoccupation majeure de la FNM réside dans sa volonté de continuer à s’ouvrir de plus en plus au public, en offrant à chacune et chacun, quel que soit son âge, sa ville ou sa catégorie sociale, la possibilité d’accéder aux différents musées.
Comment les musées marocains ont-ils intensifié leurs efforts pour sensibiliser les jeunes et les communautés locales à l’importance du patrimoine culturel?
La FNM s’engage à faire des musées des lieux de vie, d’échange et de partage, et de transmission, où le patrimoine marocain dialogue avec les préoccupations du monde contemporain, inspirant et enrichissant les visiteurs de tous horizons.
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Nous sommes conscients du rôle crucial des jeunes générations dans la préservation et la valorisation de la culture, c’est dans ce sens que la Fondation accorde une attention particulière à leur épanouissement culturel. Des initiatives interactives et ludiques sont développées par nos médiateurs culturels pour encourager leur engagement avec notre héritage, favorisant ainsi une transmission des savoirs et des traditions.
Comment les musées marocains ont-ils renforcé leurs collaborations internationales au cours des 25 dernières années?
La culture marocaine continue à rayonner au-delà des frontières contribuant à l’enrichissement du paysage culturel mondial, à travers une scène diversifiée, mais surtout un patrimoine ancestral riche, ancré dans son histoire et son identité. Grâce à des collaborations internationales entre la Fondation et des institutions de renom, plusieurs expositions ont été organisées, à l’instar de «Maroc médiéval» avec le Louvre, «La Méditerranée et l’art moderne», avec le Musée national d’art moderne du Centre Pompidou ou encore «Modernités arabes» avec l’Institut du monde arabe et bien d’autres.
«Nos musées ont accueilli des chefs d’État, des ministres, des diplomates, des ambassadeurs et d’autres personnalités du monde entier.»
— Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées.
À l’échelle du continent, diverses collaborations ont été scellées pour donner naissance à des expositions telles que: «l’Afrique en capitale», «Trésors de l’Islam en Afrique: de Tombouctou à Zanzibar», «Lumières d’Afriques», «l’Afrique vue par ses photographes, de Malick Sidibé à nos jours», «Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui: de la restitution à la révélation. Volet contemporain» ou encore «Bamako Dreams 30». Plus récemment, une exposition consacrée à l’artiste Barthélemy Toguo.
Quels rôles les musées ont-ils joués dans la diplomatie culturelle du Maroc sous le règne du roi Mohammed VI?
Consciente que toute culture ne peut être viable ni s’épanouir que dans la mesure où elle s’ouvre en permanence sur son environnement international, la FNM a intensifié ses actions de diplomatie culturelle, en collaborant avec des représentants diplomatiques et étatiques, ainsi qu’avec de nombreuses institutions mondiales, afin de tisser des liens et établir un climat de confiance propice à des coopérations. Nos musées ont accueilli des chefs d’État, des ministres, des diplomates, des ambassadeurs et d’autres personnalités du monde entier. Ceci est un signe fort de l’intérêt que suscitent le Maroc, sa culture et son hospitalité à l’international.
Quelles expositions temporaires ont eu le plus grand impact au Maroc?
Au sein de nos musées, de nombreuses expositions ont connu un succès retentissant auprès du public marocain et étranger, et ont contribué à renforcer le positionnement du Maroc sur la scène culturelle internationale. De grands noms de l’art ont été exposés à l’instar de Picasso, Giacometti, César, Renoir, Van Gogh, Goya, Delacroix, Sidibé, Henri Cartier-Bresson, et bien d’autres. Récemment, nous avons accueilli une exposition de quatre peintres contemporains américains, Helen Marden, Brice Marden, Julian Schnabel et Francesco Clemente, ainsi qu’une rétrospective exceptionnelle d’Arman et une exposition de Barthélemy Toguo.
Nous avons également mis en avant des artistes marocains de renom, comme Ahmed Cherkaoui, Jilali Gharbaoui, Farid Belkahia, Mohamed Chebaa, Mohamed Melehi, Chaïbia Talal, Fatima Hassan, Malika Agueznay, Mounir Fatmi… Chaque année, les musées de la FNM célèbrent plusieurs expositions temporaires et d’ambition internationale, offrant aux visiteurs le plaisir de découvrir des artistes et des thématiques variés.