Si j’étais une femme, je serais une grande râleuse et plus encore…

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ChroniqueSi j’étais une femme, je ferais tout ce que je voudrais de ma vie, de mon cœur, de mon corps et de tout ce qui m’appartient sans demander la permission à quiconque, à commencer par vous, nous les hommes.

Le 08/03/2016 à 12h04

Oui, je n’ai pas peur de le dire: si j’étais une femme, je n’hésiterais pas à râler pour tout et à chaque fois que j’en ai envie. Tout d’abord, je commencerais par râler contre cette soi-disant journée internationale de la femme qui n’a lieu qu’une fois par an, un peu comme Noël, et qui est consacrée à la femme, soi-disant pour rappeler ses droits.

Mais de quels droits parlez-vous ? Oui, c’est à vous et à nous les hommes que je parle ! Vous et nous les hommes qui, forts de notre soi-disant suprématie mentionnée plus ou moins clairement dans les livres sacrés et dont nous n’arrêtons pas de nous gargariser souvent pour nous marrer alors que je suis sûr que la plupart d’entre nous le pense réellement ou, au moins, le souhaite ardemment ne serait-ce qu’intérieurement.

Oui, si j’étais une femme, une des premières choses que je ferais serait de déclarer la guerre, une guerre sans merci, une guerre totale contre tous les hommes comme vous et moi qui n’arrêtent pas jour et nuit de se plaindre contre les femmes, leurs femmes ou celles des autres, parfois même contre leur propre mère et leurs propres sœurs. En fait, contre toutes les femmes qu’ils accusent d’être des mégères parce qu’ils n’arrivent pas et n’arriveront jamais à les “apprivoiser”.

Nous n’arrêtons pas, nous les hommes, de nous plaindre des femmes, les nôtres ou celles des autres, en les présentant comme des êtres méchants, hargneux, têtus, maudits, rancuniers et j’en passe et des pires.

Si j’étais une femme, avec tout ce que les hommes font ou font faire aujourd’hui aux femmes, je vous jure que je serais tout ça, et bien pire encore. Oui, je serais méchante comme une peste qui fait des ravages, hargneuse comme une lutteuse qui se bat contre tout, têtue comme une mule qui n’en fait qu’à sa tête, maudite comme la malédiction qui doit sévir contre tous les mecs lâches, et je me vengerais de tout ce que les hommes font aux femmes depuis leur création jusqu’à ce jour.

Si j’étais une femme, je ferais tout ce que je voudrais de ma vie, de mon cœur, de mon corps et de tout ce qui m’appartient sans demander la permission à quiconque, à commencer par vous, nous les hommes.

Au fait, est-ce que quelqu’un d’entre nous a déjà demandé à une femme une quelconque permission ou un quelconque avis avant de faire quoi que ce soit dans sa vie. Oui, c’est vrai qu’il nous arrive de le faire, mais en vérité, c’est juste pour faire semblant ou pour faire croire que son avis est important. Au fond, dans la plupart des cas, nous finissons toujours par faire ce que bon nous semble parce que tout simplement nous pensons- que dis-je ?-, nous sommes convaincus que nous les hommes, n’avons pas à demander un avis à un être “inférieur” et dont, par-dessus le marché, nous sommes les tuteurs attitrés, ce qui d’ailleurs reste à prouver.

Et bien, justement, moi, si j’étais une femme, je commencerais par remettre en cause et même de rejeter ce prétendu tutorat au risque de faire râler et trembler tous les gardiens du temple et surtout ceux qui veulent que les femmes soient perpétuellement à leur service et assouvissent tous leurs désirs et leurs fantasmes aussi bien ici bas, que là-bas au paradis où les femmes seraient toutes éternellement vierges et toujours consentantes.

Justement, si j’étais une femme, je me refuserais à tout homme qui ne reconnaît pas mon égalité de droit et de fait avec lui, ou qui prétendrait, même en rigolant, que je serais inférieure à lui. Et parce qu’il n’a aucun droit naturel sur moi, il n’aura aucun ordre à me donner.

Tant qu’il n’y aurait pas de sa part cette reconnaissance formelle et effective, je lui interdirais fermement de me toucher ou même de me parler. Ça serait comme ça et pas autrement. Ça lui apprendra à jouer les Zorro alors qu’il n’est souvent – je parle de ce type d’homme qui méprise les femmes – qu’un zéro tout rond et tout vide comme son petit crâne creux.

Hélas, et mille fois hélas, je ne suis pas une femme et je ne le serai sans doute jamais. Moi, je ne suis qu’un pauvre homme, un pauvre mec, un pauvre type qui, malgré tous les efforts qu’il fait ou qu’il essaye de faire, continue au fond de lui-même de croire que les femmes, y compris celles qu’il aime et qu’il a aimées, ont été créées spécialement pour lui rendre la vie plus agréable ou, tout simplement plus pratique.

Alors, tout ce que je peux faire aujourd’hui, c’est-à-dire le jour de leur prétendue fête, c’est de leur présenter mes excuses les plus plates mais également mes vœux les plus sincères pour une vie meilleure où elles seront toujours les mieux placées et les plus armées pour la réaliser. En attendant, je leur dis vivement la libération effective des femmes, et à vous, je dis tout bêtement vivement mardi.

Par Mohamed Laroussi
Le 08/03/2016 à 12h04