Star system

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ChroniqueA peine sortis de l’ombre, ces joueurs qu’on suivait sans vraiment trop y croire, trop habitués que nous étions à flirter avec l’à-peu-près, sont devenus l’objet de toutes les attentions et, de facto, des rumeurs, des médisances et du cyber-harcèlement.

Le 01/01/2023 à 13h42

Depuis leur exploit à la Coupe du monde, nos Lions de l’Atlas sont devenus des stars. Ils occupent encore et toujours les conversations. Ils étaient certainement au cœur de bien des discussions animées pendant la soirée du Nouvel An. Ils habitent désormais les rêves d’avenir de toute une génération. Et comme toutes les stars, ils suscitent un intérêt et une curiosité qui peut très vite devenir malsaine. Voilà, nous en sommes déjà là.

A peine sortis de l’ombre, ces joueurs, qu’on suivait sans vraiment trop y croire, trop habitués que nous étions à flirter avec l’à-peu-près, sont devenus l’objet de toutes les attentions, et, de facto, des rumeurs, des médisances et du cyber-harcèlement.

On a enterré la mère de Boufal avant l’heure sous prétexte qu’elle n’assistait pas à la cérémonie de réception des joueurs au Palais royal de Rabat. On a prêté à Romain Saiss une relation avec la chanteuse Selma Rachid sous prétexte d’une photo où ils posent ensemble. La vie amoureuse d'Ounahi est devenu un trend sur Twitter depuis qu’une certaine Garance a livré de croustillants détails sur sa vie amoureuse présumée. On a aussi annoncé la séparation d’Achraf Hakimi et Hiba Abouk sous prétexte que la jeune femme a passé les fêtes de fin d’année loin de son mari, ou encore que Zakaria Aboukhlal serait un agent infiltré du salafisme au sein de l’équipe...

Voilà pour les principales rumeurs, qui seront assurément remplacées par d’autres, encore et encore, tant que cette équipe aura le vent en poupe et nous fera rêver. Revers de la médaille, la cruauté n’est jamais bien loin de l’amour et du soutien des fans. L’épouse de Yassine Bounou en a ainsi fait les frais en croulant sous les messages d’insultes de fans hystériques de son mari qui la jugent bien trop laide pour mériter d’être avec lui.

Autre cible de ces méchancetés gratuites: les joueurs bi-nationaux et leur faible maîtrise de la langue arabe. Moqués, insultés, comme si la marocanité et l’attachement au Maroc étaient conditionnés par la langue arabe. Quel comble pour un pays dont les langues sont aussi multiples que les cultures.

On aurait espéré s’en tenir aux beaux sentiments provoqués par le magnifique parcours de ces joueurs en Coupe du monde, mais chassez le naturel, il revient au galop… Alors, aux grands maux les grands remèdes, on ne peut que se réjouir de l’annonce faite par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, le 26 décembre 2022, de la criminalisation dans le Code pénal de la diffamation via les réseaux sociaux.

Terminée l’impunité dont ces comportements déviants jouissaient jusqu’à présent. Désormais, la diffamation digitale par le biais des réseaux sociaux relèvera d’un crime dépendant du Code pénal, et non du Code de la presse, et sera passible de cinq ans de prison. Qu’on se le dise et qu’on y réfléchisse à deux fois avant de se servir des réseaux sociaux comme un exutoire pour sa haine et ses frustrations.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 01/01/2023 à 13h42