Les Marocains, la propreté et la foi s’en vont à la plage

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueC’est un bien triste tableau qui s’offre à nous sur la plage. Partout, sacs plastiques, cadavres de bouteilles, canettes, boîtes de conserves et couches-culottes jonchent le sable. Et dire qu’on est les premiers à se vanter de notre propreté légendaire à nous autres, les musulmans.

Le 12/07/2020 à 11h18

Après trois mois de confinement et d’application de strictes mesures d’hygiène recommandées par l’OMS, le ministère de la Santé, les médecins et experts scientifiques tous azimuts, on s’attendait à ce que cette crise sanitaire laisse des traces et en l’occurrence, des traces propres, éclatantes, à vous donner envie de manger par terre.

Le port du masque, le lavage des mains à répétition, le savon, le gel hydroalcoolique, l’eau de javel… Tout ça aurait dû nous marquer un peu, beaucoup, énormément. Mais à peine sonnée l’heure de la libération, revoici nos concitoyens de retour dans l’espace public et avec eux leurs ordures à la pelle, et une bonne dose d’incivisme.

Sur la plage hier abandonnée, les estivants sont bel et bien là, collés, serrés, comme à la belle époque. La distanciation sociale, c’est décidément pas notre truc. Mais s’il n’y avait que ça… Dans cette galerie haute en couleurs que l’on retrouve chaque jour sur nos plages, il y aussi Mme Flana, son tajine en train de mijoter à même le sable et ses épluchures de légumes quelques mètres plus loin. Il y a cette petite famille venue bronzer, nager et surtout pique-niquer de 8 heures à 18 heures, et qui quitte la plage en laissant derrière elle les restes de son festin sans sourciller. Il y a ces Ronaldo en herbe que ça ne gêne pas le moins du monde de tâter du ballon au milieu des boîtes de thon Sevillana dont ils se sont repus entre deux coups francs. Il y a cette maman qui change la couche de son bébé et la jette à l’eau.

En marchant sur la plage le soir, quand elle est enfin vide de ces plagistes si peu respectueux, un immense sentiment de désespoir mais aussi de rage nous envahit, pour peu que l’on fasse partie de ces rêveurs qui pensaient que de cette crise sanitaire naîtrait (peut-être) quelque chose de bon, une envie comme ça, soudaine, de sauver la planète ou du moins d’en prendre soin.

Car au coucher du soleil, c’est un bien triste tableau qui s’offre à nous sur la plage. Partout, absolument partout, des sacs plastiques, des cadavres de bouteilles, des canettes, des boîtes de conserves, des couches-culottes jonchent le sable. Et dire qu’on est les premiers à se vanter de notre propreté légendaire à nous autres, les musulmans.

«Anadafatou min al imane», se rengorgent certaines de ces mêmes personnes qui enseignent non seulement la saleté à leurs enfants, mais aussi l’incivisme, l’égoïsme et le non-respect de l’environnement –comme si cette terre ne les concernait pas, comme si elle n’était pas elle aussi une création de ce Dieu que l’on prie–, mais qui, de retour à la mosquée, s’empresseront pourtant de faire leurs ablutions.

A vrai dire, il y a une autre expression typiquement marocaine qui qualifie parfaitement ce genre d’attitudes impardonnables: «laâkar âla el khnouna» (mettre du rouge à lèvre sur de la morve). On est propre sur soi, chez soi, mais à l’extérieur, c’est une autre histoire. C’est pas chez nous, donc on s’en fout, car près tout, y'a des gens pour ramasser derrière nous.

Et si on laissait les choses en l’état avec ces plages, ces parcs et ces espaces publics croulant sous les ordures? Peut-être que ces cons-citoyens se rendraient-ils compte qu’ils sont à l’origine de ce chaos, qu’ils auraient un sursaut de conscience? Ou peut-être, comme c’est devenu une habitude, fustigeraient-ils ce pays qui se fout de leur gueule, qui ne les respecte pas, qui ne les considère pas, en pointant du doigt ce gros méchant Makhzen, et en rêvant de ces pays occidentaux où il fait tellement bon vivre dans la propreté et le civisme?

Il y a des gens comme ça, qu’on connaît tous d’ailleurs, qui n’ont aucune sorte d’estime pour le pays où ils vivent et sont les premiers à balancer leurs ordures dans la rue depuis la fenêtre de leur voiture –ben oui faut qu’elle soit propre– mais qui, une fois passées les frontières, enseignent à leurs gosses qu’ici, dans ce pays occidental et civilisé, on ne fait pas ça. Allez comprendre…

Mais au fait, où est-elle donc passée notre police de l’environnement? Pouf, disparue sur la pointe des pieds. Pourtant, on aurait pu sacrément les remplir les caisses de l’Etat en corrigeant l’incivisme à coups d’amendes salées, comme dans ces eldorados si lointains et si propres. Ben voyons, à plus de 100 euros l’amende pour des détritus jetés dans la rue, et 68 euros le mégot, le chewing-gum ou le pipi contre un mur, ça vous calme.

S’il devait y avoir un mot de la fin, ce serait celui-ci: «Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays», dixit John Fitzgerald Kennedy, Allah y rahmou.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 12/07/2020 à 11h18

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Je compatis.. pourquoi ne pas leurs laisser la plage avec leurs ordures de la vieille comme ça, quand ils reviendront et bien ils seront dans leurs ordures et ils y réfléchirait à deux fois.. éducation éducation. Éduquer vos enfants.

Tout à fait d accord avec vous Maintenant,l'éducation commence à la maison,poursuivi de l école,Est en suite par la société,cette dernière,justement qu'on doit revoir ses bases,sans oublier nos élus et nos responsables de communes est commencer par mettre des poubelles partout sûr les plages et effectivement une petite amende pour responsabiliser leurs actes,car la publicité à là télé à l approche de chaque saison estivale,ne suffit pas Bcp à dire à ce sujet On est encore à des années de lumières du civisme

Peut-être, en sensibilisant les jeunes écoliers lors de cours pour respecter l'environnement serait judicieux!!le jeunesse n'était elle pas finalement l'avenir d'un changement?

Chacun balaie devant sa porte et la ville sera propre.En effet la propreté est l'affaire de tout le monde sans exception.Il faut durcir les lois et imposer des amendes salées pour obliger tout contravenant à respecter l'environnement et la nature sinon c'est l'extinction de toute vie sur cette vallée d'Allah.Salutations.

J ai malheureusement fait le même constat que vous aujourd'hui !!c est désolant car les gens avaient l air heureux alors que c était très sale même les jeunes qui louent les parasols devraient ramasser autour d eux !

Les gens qui jettent leurs détritus dans les rues ou dans la nature sont des ordures.

Au Canada si tu crache dans la rue tu paye...!!.et ça bien marcher.

Moi, j'aimerai bien faire partie d'une équipe nommée par la Mairie ou la Wilaya pour faire des rondes et apprendre à nos chers concitoyens de ne pas jeter les ordres sur la plage et la voie publique, quitte à passer la journée à faire des rondes. Je sacrifierai un samedi ou un dimanche. Donnez moi juste une petite plaque ou un insigne pour faire ce travail.

déconfinons le pays et ouvrons les frontières je pense qu'il ne va pas rester grand monde au maroc.

Le commentaire "c'est ....loi"a été posté par erreur."Désolé

C'est pathologique et elle n'est pas la seule.La soif de notoriété l'exige;il leur faut se renier en reniant leur culture pour passer l'examen d'entrée au club des hors-la-loi...

...pour aller voir qu'on change de trottoir dés qu'ils sont identifiés et goûter au mépris écrasant des gens du pays d'accueil?

Toujours à créer des liens provocateurs avec l'islam !

Le fantastique sentiment de solidarité et la mobilisation occasionnés par la pandemie ont fait faire au MAROC de grands progrés dans differents domaines ...Pourquoi pas dans celui de l Education de masse ? Durant le confinement certaines emissions de television etaient massivement suivies appreciées d autant pius que leurs presentateurs descendaient sur le terrain pour vivre la realité et etre entendus tout le monde est descendu sur le terrain les autorités les associations...

Le petit soucis chez nous c'est le syndrôme : "respecte tes parents ta famille et... ton logement". Oui mais ça ne dépasse pas le seuil de la maison. Une fois dehors c'est : " je me défoule ce n'est pas chez moi". Nous pourrions prendre l'exemple des Helvètes qui dès leur plus jeune âge sont responsabilisés à respecter l'espace commun. Allons, notre peuple n'est quand même pas si mesquin, il ne pense pas qu'à sa petite personne...dans le cas contraire, honte à nous et allons nous cacher derrière notre petite vie égoïste.

Merci pour ce billet

eh oui madame.je suis totalement d accord avec vous .sauf sur les raisons de leur comportement.le coté j'menfoutisme.j'ai pu me rendre compte sur agadir ou j'habite que pour la plupart des gens qui se comportent ainsi par manque d'éducation primaire.c'est a dire que leur parent qui venait du bled et qui sont arrivé un jour on continué a ce comporté comme avant.la vie citadine n'est pas la meme qu'au bled.

Je vous félicite pour votre article que je partage entièrement, triste constat extrapolable à bien d'autres choses malheureusement.

Il ne faut pas rêver. Des personnes qui n’ont pas appris depuis leur tendre enfance à être propres et à respecter leur environnement, ne vont jamais changer de comportement du jour au lendemain. Les principes d’hygiène et de propreté s’apprennent a la crèche et à la maison et restent encrés dans les esprits. Après, cela ne sert à rien. A mon humble avis, les campagnes de sensibilisation ne sont qu’une perte de temps et d’argent. On n’apprend pas à un vieux singe à danser. La solution: des amendes bien salées, seul moyen de dissuader les contrevenants. Quand on paie une amende conséquente, on réfléchira deux fois avant de commettre le même écart. Cette méthode a bien marché dans d’autres pays, notamment en Asie. Il est certain qu’elle marchera au Maroc. Nous n’avons qu’à l’essayer.

Vous devez parlé d'un autre pays..parce que toutes les plages que j'ai fait au Maroc sont propres!

Il vous faut des lunettes cher Monsieur.

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