Une bonne nouvelle

Famille Ben Jelloun

ChroniqueEnfin une bonne nouvelle en ces temps de crise sanitaire, d’angoisse et de panique. Une très bonne nouvelle, et pas seulement pour les Américains, mais pour le monde, pour tous les pays qui ont été méprisés, humiliés, insultés par un président.

Le 09/11/2020 à 11h00

Enfin une bonne nouvelle en ces temps de crise sanitaire, d’angoisse et de panique. Une très bonne nouvelle, et pas seulement pour les Américains, mais pour le monde, pour tous les pays qui ont été méprisés, humiliés, insultés par un président qui a fait honte à son propre peuple, à son administration et à l’ensemble des personnes douées de raison.

L’élection d’un président des Etats-Unis d’Amérique, concerne le monde entier. Il s’agit d’élire le chef de la plus grande puissance mondiale, qui peut faire ou défaire un Etat, un gouvernement se situant à des milliers de kilomètres de Washington. C’est pour cette raison que le monde entier devrait participer à l’élection d’un président américain. Je ne sais pas comment procéder, mais on pourrait trouver une méthode qui permettrait à chaque Etat de voter pour ou contre un candidat. Des destins dépendent dans certains cas d’une décision prise par un seul homme, dans un bureau ovale, dans une maison dite blanche.

Le soulagement constaté depuis dans le monde, depuis samedi à 11h30 (heure locale) soit 17h30 pour nous, heure à laquelle les médias ont enfin annoncé la victoire de Joe Biden, est un phénomène qui dépasse les frontières américaines.

Ce qu’a fait Trump durant ces quatre dernières années, aucun homme politique sensé, n’a osé le faire.

Interdire à des citoyens de certains pays musulmans l’entrée sur le sol américain, séparer les enfants d’immigrés mexicains de leurs parents, encourager des milices armées pour tirer sur le premier immigré qui ose passer la frontière entre l’Amérique et le Mexique de manière illégale, fermer les yeux sur les assassinats de citoyens dont la peau est noire et qui ne sont coupables d’aucun délit, insulter des journalistes parce qu’ils osent poser des questions gênantes, ne pas avoir payé ses impôts, mentir tout le temps, tenir des propos vulgaires, notamment à l’égard des femmes, laisser se développer un mouvement d’extrême-droite armée pour combattre tous ceux qui ne sont pas blancs et catholiques, bref, se conduire de manière grotesque et indigne d’un chef d’Etat.

Sur le plan de la politique étrangère, non seulement il a donné l’ordre de déplacer son ambassade en Israël et l’installer à Jérusalem et, pire que tout, il a légitimé l’occupation des territoires palestiniens en niant la colonisation dont Israël est coupable, selon l’Histoire, selon les résolutions des Nations Unies. Il a piétiné l’accord de Paris sur le climat, et a donné raison aux sceptiques quant aux ravages causés par l’homme dans la planète.

La manière dont il a dépouillé publiquement, et en sa présence, le prince héritier saoudien MBS, montrant à la télévision un tableau où il a additionné les milliards de dollars qu’il a soutirés à ce pays pour des projets ambitieux et achat d’armement, a été une honte pour le monde arabe et musulman.

A ma connaissance, il n’avait aucun intérêt pour notre pays. Des hauts fonctionnaires sont venus en visite, mais lui, il n’a jamais daigné faire un geste personnel à l’égard du premier pays qui avait reconnu l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

Comme pas mal de ses compatriotes, il devait confondre Morocco avec Monaco. Mais qu’importe.

Avec Joe Biden, c’est la politique rationnelle et équilibrée qui reprend du service. Cependant, il y a un point sur lequel Biden ne reviendra pas, celui du déplacement de l’ambassade américaine vers Jérusalem. Comme tous les présidents américains, l’Etat d’Israël doit être traité avec des égards particuliers. Quant aux Palestiniens, ils n’ont rien obtenu d’Obama, ils ont été totalement oubliés par Trump et ils n’obtiendront rien de Biden. Pour modérer mon propos, disons que l’avenir des Palestiniens, n’est pas sa priorité.

Un dernier point: Donald Trump n’est pas un président impopulaire et solitaire. Plus de 71 millions de personnes ont voté pour lui. Il représente une partie du peuple américain, qui pense et agit comme lui. C’est cela qui est très grave et mine les fondements de la démocratie.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 09/11/2020 à 11h00